Notes sur Occupy la crise (dde.crisis)

Notes sur Occupy la crise (dde.crisis)

Il pouvait difficilement tre question de ne pas consacrer la rubrique principale (de defensa) de notre numro du 10 novembre 2011 de dde.crisis un autre
sujet que le mouvement Occupy Wall Street (OWS), devenu simplement Occupy dans le cours de la rubrique. La raison est
quOccupy, aprs deux mois dexistence et une expansion continue, avec sa vritable institutionnalisation dans le paysage des USA
comme une insurrection de communication permanente, semble par consquent reprsenter lvnement fondamental de lveil de la population
US contre le Systme, au cur de la crise gnrale du Systme.

Occupy va un pas plus loin que Tea Party, en se dtachant compltement de tout engagement partisan, en nattaquant plus
seulement une structure temporaire (ladministration en place, dmocrate), en montrant dune faon indubitable, par labsence de
revendication spcifique et de cible identifie, que sa cible est bien le Systme et que sa seule revendication possible est la mort du
Systme Hors de cela, Occupy cesserait (ou cessera) dexister. Tant quil existe, examinons-le avec attention.

Nous commenons par un rapide historique terrestre et factuel. Nous rappelons comment, du point de vue mdiatique et de la communication,
Occupy Wall Street qui existait depuis le 17 septembre 2011, sortit du nant. Ce fut laffaire du pont de Brooklyn du 1er octobre
2011, o 700 manifestants du mouvement furent arrts

Ainsi lHistoire bascula-t-elle. Ds laffaire du pont de Brooklyn conclue, Occupy Wall Street entra dans lHistoire. Dsormais, quoi
quil pt arriver, cet vnement aurait ncessairement un aspect dramatique, jusqu une dispersion force qui serait une preuve de force,
et le mouvement devenant ncessairement un vnement national ; et sil ny avait pas cette dispersion force, lvnement devenant tout
aussi ncessairement un vnement national. Il en fut ainsi dans la semaine qui suivit, avec un crescendo impliquant lextension du
mouvement de nombreuses villes US...

Une insurrection de communication

Considr en tant que mouvement, nous dirions du point de vue technique, Occupy mrite une analyse particulire. Aucun des
paramtres utiliss pour valuer une insurrection, ou une meute, ou une rvolution, dun point de vue traditionnel, ne vaut plus. Cest un
phnomne que nous avons souvent voqu (voir le 24 septembre 2009), et, dans le
cas dOccupy, il est absolument manifeste par simple logique contraire... Ce qui marche avec Occupy et fait marcher
Occupy, cest le contraire technique de la rvolution

Le nombre, lampleur des foules rassembles, leur activisme furieux, tout cela ne compte plus. Ce qui importe, cest lcho de
communication. La structuration classique dun mouvement insurrectionnel, structuration verticale avec une direction et une discipline
impose par cette direction, est absolument rejete Il sagit dune sorte de rassemblement collectif dindividualits, tout cela issu de
lindividualisme impos par le Systme, et ainsi retournant le vice du Systme, dont la production de lindividualisme est lun des plus
grands, contre lui ; en mme temps, ces gens prtendent, consciemment ou non, poursuivre un but bien prcis et extrmement collectif de
protestation et de refus du Systme. ([..M]ouvement sans structures nettes, sans directions affirmes, constitues de groupes de
personnes extrmement bien informes et ayant une conscience bien prcise de leurs intentions.
[] leur puissance, cest leurs
capacits de communication, donc de mobilisation pour un lieu et un moment donns
.)

Le systme du technologisme
marginalis

Nous rsumons dune faon plus thorique et intgre, en utilisant nos propres rfrences, le phnomne que constitue Occupy. Il
sagit dune adaptation aux conditions gnrales et exacerbes quimpose le Systme.

Il se passe donc ceci : le systme du technologisme, qui reprsente la substance mme du Systme, son poids et sa surpuissance, la
traduction directe du dchanement de la Matire, ce systme est en train dtre compltement marginalis par un systme de la
communication qui est engag, dans une course en pleine acclration, dans un processus de subversion de lui-mme qui le conduit sengager
de plus en plus dcisivement dans sa fonction de Janus.
[]

Il est manifeste dsormais que les mouvements qui parviennent simposer, capturer lattention du public, donc des directions
politiques, qui simposent comme symboles, ces mouvements comme celui des Indigns, et en gnral ceux quon place dans la dynamique de la
chane crisique, fonctionnent dabord grce au systme de la communication. On peut mme dire quils se crent eux-mmes grce au systme
de la communication. Ils tiennent en chec toute la puissance du Systme, lequel tend se replier sur le seul systme du technologisme
puisque sest install un doute mortel quant la confiance quon peut accorder au systme de la communication. Le rapport des pressions
psychologiques (plutt que des forces), qui a commenc basculer au cours de lanne 2010, acclre son
basculement.

Activisme dsengag, inaction agressive

Nous situons le mouvement dans la droite ligne de la notion dinconnaissance que nos lecteurs
connaissent bien. Il y a une attitude de refus de laction, une attitude de refus de revendications prcises, comme linconnaissance est le
refus dentrer dans les polmiques et querelles internes au Systme, dans la connaissance intime du Systme, mme lorsque polmiques,
querelles et connaissance intime prtendent tre antiSystme

Ce refus, que nous jugeons sans aucun doute plus inconscient que volontaire dans sa vraie dimension ontologique, engendre le refus des
rfrences du Systme, donc du Systme. De mme que nous dfinissons linconnaissance comme un activisme dsengag, nous dfinissons le
comportement dOccupy comme de linaction agressive. Ce comportement rige la mthode en fondement, il fait dune tactique une
stratgie, seule faon de lutter contre le Systme sans sy laisser prendre.

Dans lesprit de ceux qui sont capables, oprationnellement et intellectuellement, dapprcier exactement la spcificit et
loriginalit du mouvement, la notion dinaction agressive va trs loin, car elle constitue encore plus une stratgie quune tactique. Il
sagit dun but en soi, dun but formateur des effets quon attend.
[] Cest sans doute laspect le plus remarquable du mouvement
OWS et, surtout, des ractions dexaspration que ce mouvement a provoques chez ses adversaires, aprs quil et t act quon ne pouvait
dcidment lignorer. Il sest avr impossible de trouver prise sur lui, par laquelle on pourrait peser sur lui, ventuellement
linfluencer, ventuellement commencer les manuvres de rcupration

Mort et farce de lAmerican Dream

Nous dveloppons dans cette analyse un point politique important, qui implique la psychologie essentiellement, et
videmment pour notre compte, puisque nous sommes placs dans ce contexte de la toute puissance de la communication. Leffet de
Occupy, partir de son noyau originel OWS, a t de mettre en cause cet artefact psychologique fondamental, ce symbole universel
de la modernit, lAmerican Dream.

Cest l la premire victoire de OWS, bien entendu nullement et nulle part perue comme telle, ni encore moins voulue Labstention de
certains mdias trangers qui font dsormais coutume de se montrer critique lencontre des USA, leur absence de couverture originelle
dOWS, montrent bien que leur psychologie les avertissait inconsciemment quun terrible vnement se prparait, et quils devraient tout
faire pour en retarder la ralisation

Etrange victoire, pas du tout la Pyrrhus, mais victoire incomprise dans son sens fondamental. OWS a dores et dj gagn, en
vrit en mettant irrsistiblement et involontairement en cause lAmerican Dream, en illustrant symboliquement cette chose quon croyait
impossible : une insurrection symbolique des USA, contre le Systme certes, mais plus fondamentalement pour ce cas, symbole pour symbole,
insurrection symbolique contre le symbole de la modernit, lAmerican Dream.
[]

En effet, dans la perspective que nous voquions, sur laquelle nous appuierons notre prospective, ce qui se passe avec OWS et le
reste, aprs Tea Party, la paralysie du pouvoir washingtonien, etc., cest la mise en cause de ce qui tait peru comme limmuable
stabilit dun systme politique et idologique (avec une idologie informe, non idologise, simplement substantive par lexistence mme,
jusqu la perfection, du systme), de ce qui reprsentait le fondement mme, presque gologique en un sens, de la modernit. Une rvolte
populaire aux USA, que peut-on imaginer
de pire dans les esprits amricaniste-occidentaliste et de la
modernit ?

Et le pire du pire, nest-ce pas, est que cette mise en cause radicale et dcisive notre sens de lAmerican Dream, par des
Amricains inconscients, si pleins de bonnes intentions quon croirait queux-mmes croient encore lAmerican Dream, cette mise
en cause dcisive sest faite dans ce qui fut peru dabord comme ce mouvement drisoire, cette poussire de protestation, ce monme
dattards des annes 1960. La mise en cause de lAmerican Dream ressemble dabord, avant de passer aux choses srieuses, une
farce ! Que peut-on imaginer de pire ?

L aussi, de cette faon presque indcente force dabaisser cette icne de nos perspectives modernistes quest lAmerican Dream,
apparat la perspective dune finitude du symbole de la modernit (American Dream) que reprsentent les USA, laune de la menace que
ferait peser sur lui un mouvement dune si alatoire puissance, dune si douteuse certitude, dune si incertaine puissance, dune si
drisoire ambition puisquallant jusqu prtendre nen pas avoir. Le crime le plus terrible de Occupy Wall Street, tel quil restera dans
les mmoires, et quoi quen veuille OWS, quoiquen pense OWS, compltement son insu disons, ce fut bien de transformer en une sorte
dopra-bouffe, de farce, cette perspective affreuse de la fin de lAmerican Dream.

De lautre ct, de notre
ct

Mais certes, la chose nest pas seulement un phnomne de la communication, ni mme avec des effets politiques. La chose est autre, elle est
mtaphysique, comme cest lvidence dans cette poque de mtahistoire.

Nous reprenons ce point (ici, comme dans dde.crisis) la citation de Joseph de Maistre, dj prsente dans notre rcent
DIALOGUE du 8 novembre
2011
. (Je ny comprends rien, cest le grand mot du jour. Ce mot est trs sens sil nous ramne la cause premire [de la
Rvolution] qui donne dans ce moment un si grand spectacle aux hommes ; cest une sottise, sil nexprime quun dpit ou un abattement
strile.
). Notre but, effectivement, cette lumire, cest bien de tenter de dterminer la cause premire, non du succs
dOccupy, mais de son espce dautocration comme dynamique exposant une colre gnrale, une psychologie dchane (dans ce cas,
psychologie dchane de la population US, rpute si docile, conformment lencadrement et lendoctrinement psychologique du Systme,
on nomme cela pdagogie, dans les talk shows).

Peu importent les modalits de la chose, les explications alambiques ou sollicites, pour nous il y a une vrit clatante et
imprescriptible : le mouvement Occupy a rencontr exactement une dynamique psychologique collective qui sest leve dans un pays grand comme
un continent, et pays-continent plac au cur du Systme, cette chose, cette dynamique psychologique qui nexistait pas un instant avant
(par exemple, en fvrier 2011, lors des vnements pourtant considrables de Madison), et qui naurait sans doute plus exist linstant
daprs. Cette rencontre, cest lexpression de la cause premire, et elle rpond, notre sens, bien plus une dynamique mtahistorique,
une mtaphysique, qu la fameuse quation bouche trou, le hasard et la ncessit... Par consquent, Je ny comprends rien, comme
dit Maistre, mais cela na aucune importance, et nous dirions mme quil y a quelque chose dardent et dexaltant dans ce Je ne comprends
rien qui marque plus notre humilit face des forces qui nous dpassent, et donc notre
re-connaissance
de ces forces que lautre, marquant lchec de la raison substantiver ce quelle croit dominer, parce quelle croit que lvnement
rpond la raison et ses auxiliaires (brothers hazard necessity)

Occupy et le Moment
psychologique

Notre hypothse dans le cas de ce mouvement (Occupy) qui navait aucune raison dobtenir plus dchos que dix autres tentatives qui
lont prcd, et qui a rencontr lcho extraordinaire quon sait, concerne effectivement un Moment psychologique dont nous avons dj
souvent parl. Il sagit de la rencontre avec une dynamique psychologique qui sest soudain leve, cette expression de dynamique
psychologique tant entendue prcisment dans le sens que nous avons indiqu dans notre texte DIALOGUE dj rfrenc, du 8 novembre 2011. (Lorsquil est
fait emploi du terme psychologie dans notre chef
[] il ny a aucun automatisme admis dans notre conception qui puisse llargir
automatiquement au concept de conscience ou celui desprit. Nous parlons, avec la psychologie, dun outil, et dun moyen de
communication le plus large possible entre lintrieur de lintellect de ltre, et lextrieur. De ce point de vue, lorsquil est question
du concept de psychologie collective, il ny a aucune implication ncessaire quil puisse sagir dune conscience collective, mme si
une volution est possible dans ce sens, comme toute autre sorte dvolution, y compris un processus dinconscient collectif aboutissant
des changements des esprits.
)

La poursuite de notre hypothse dans le cas qui nous occupe est que cette dynamique psychologique de rvolte apparue en mme temps
quOccupy, et qui sest incarne dans Occupy, est un phnomne qui doit sentendre et se percevoir dans un cadre
mtaphysique. Nous le lions aux grands courants mtahistoriques qui pressent lextension de la crise deffondrement de notre
contre-civilisation. Cette ide est substantive sous la forme de cette remarque que la question est moins de savoir pourquoi
linsurrection a tant tard, que de savoir pourquoi elle survient maintenant.

Loprationnalit de ce phnomne nous intresse particulirement. Notre conviction est quil existe des forces mtahistoriques, ou
suprahistoriques, que ces forces ont un effet sur les vnements historiques, et quil nest pas indiffrent de chercher comprendre
comment. La connexion doit tre cherche, notre sens, dans la manifestation collective des psychologies, lorsque les perceptions des
vnements conduisent des ractions particulirement fortes et pressantes. Nous sommes une jointure effectivement pressante de
lHistoire, ce qui apparat comme la fin dune civilisation devenue contre-civilisation, et dun cycle. Les psychologies finissent
effectivement par susciter des ractions similaires et crer un courant collectif, qui agit, par son tre mme, comme le signal dune
disponibilit laction dans le cadre de cette crise.

Un courant psychologique dans les deux sens

Nous poursuivons lhypothse en observant que ce rle de la psychologie en connexion avec des influences mtaphysiques peut se raliser dans
les deux sens. Dune part, il sagit effectivement de donner Occupy un statut et une importance absolument considrables, parce
quOccupy sert de rceptacle et dexpression au courant de psychologie collective ; linverse, Occupy renvoie, par
sa puissance de communication, une influence de renforcement des psychologies dans le mme sens de lalarme et de la crise
elle-mme.

Occupy consacre la puissance du systme de la communication ; donc, il consacre la puissance de la psychologie.

Cest l que se trouve leffet de la puissance aujourdhui, dans lvolution de la psychologie, avec laide dsormais habituelle du
systme de la communication. Ce renversement des valeurs (la puissance au service de la psychologie et non du Systme) justifie amplement
la parabole mtaphysique. Il faut prciser avec force quici parle la raison restaure, lave de sa subversion et ouverte lintuition
haute, et nullement le domaine de la croyance et de la foi...

Un systme antiSystme crateur dune contre-population

Tout cela fait naturellement dOccupy, dans son extension la plus large possible (ce pourquoi nous sommes passs de lappellation
Occupy Wall Street Occupy), le plus parfait possible des systmes antiSystme (notion explore dans notre numro de
dde.crisis sur les systmes antisystmes [Voir au 17 janvier
2011
]).

Le fait que le cur et lpicentre du mouvement se trouvent aux USA, New York, et mme Wall Street, lui donne toute sa puissance. Sa
diffusion et son largissement ne cessent de stendre, particulirement aux USA mme, y compris dans les zones rurales de lAmrique
profonde. Le mouvement acquiert une diversit composite qui le rend exceptionnellement efficace dans sa capacit de
reprsentativit.

Cest en cela, et en cela seulement, que le mouvement Occupy doit nous intresser, exactement comme le reste (Indigns, printemps
arabe); mais encore bien plus que le reste, bien entendu, puisquil sagit de lAmrique, et que lAmrique est le cur du Systme. La
formation dun systme antiSystme potentiellement dune telle vastitude et dune telle insaisissabilit de forme, justement au cur du
Systme, en Amrique mme, est un vnement tout simplement considrable. La logique indique ci-dessus est encore plus imprative: seuls
nous intressent les coups de boutoir, les pressions subversives, les mises en vidence des situations dinversion, tout cela exerc
naturellement et irrsistiblement contre le Systme.

Et le rsultat pourrait-il tre la formation dune sorte de contre-population, une dissidence gnrale quoique compltement passive, et
dailleurs dautant plus efficace et impressionnante quelle serait, justement, compltement passive ?

Trs naturellement encore, cette sorte de structuration ne contient aucune revendication prcise, aucune action contestatrice, mais
confirme bien cette posture dinaction antagoniste en figurant simplement comme la fixation, dans toute sa complexit et toute sa
diversit, du malaise et du mal tre de la population amricaine face au Systme. Il sagit dune perspective qui, si elle se poursuivait,
dboucherait sur une vritable contre-population, la cration dune dissidence gnrale saffirmant sans pour cela entreprendre la moindre
action de provocation qui attirerait une riposte du Systme, mais en saffirmant comme telle, cest--dire dissidente, cest--dire en
modifiant sa posture sans ncessairement changer, et en devenant, sur place, sans initiative particulire, simplement compltement
antiSystme.

2012 ou pas 2012 ?

Mais les choses vont vite, et elles vont vite parce que les esprits sont mrs, aliments par les psychologies dans le sens quon a vu.
Occupy commence peine se dvelopper et prendre ses vritables dimensions que, dj, les uns et les autres envisagent des
prolongements plus brutaux, ou plus dcisifs. Cest le cas de Robert Reich, qui juge que 2012 sera le point de collision dune
collision course ouverte entre le Systme et We, the people, aux USA.

Vrai ou pas, juste ou non ? Question secondaire, ct du constat quimplique cette question de la formidable volution des
psychologies qui sest produite loccasion de lapparition dOccupy.

2012 ou pas 2012 ? On peut poser la question propos dOccupy comme propos du reste, parce que cette question est dsormais
universelle. Partout se chuchotent des indications selon lesquelles certains dirigeants plus aviss et plus naturellement proches des
conditions historiques que dautres, les Russes et les Chinois, par exemple, se prparent des vnements sans prcdents. Tous songent
dabord aux USA, qui est le cur du Systme, linspirateur du Systme, ltendard du Systme. Occupy est au centre de ce bouillonnement que
nos psychologies croient sentir venir plus que nos esprits ne le prvoient. Le temps historique devenu temps mtahistorique, entr dans nos
psychologies par un phnomne mtaphysique, habite dsormais nos penses et nos esprits.

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