NEURO: Savoir attendre sa récompense dépend de la substance …



Actualité publiée il y a 6h60mn

Etre capable de résister à une récompense immédiate et de retarder la récompense, c’est aussi être capable d’objectif de long terme, de concentration et de maîtrise de soi. Cette étude de la Georgia State University nous permet de mieux comprendre le fameux circuit de la récompense et cette capacité à attendre la gratification. Ses conclusions, présentées dans la revue Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, associent la connectivité de la substance blanche entre certaines structures cérébrales à ce délai de gratification – chez le chimpanzé.

 

Ce sont les premières preuves chez les primates d'une association entre la récompense retardée ou gratification différée et la connectivité de la substance blanche du cerveau, entre ces zones spécifiques que sont le noyau caudé et le cortex dorsal préfrontal dans l'hémisphère droit. Le Dr Robert Latzman, professeur au Département de psychologie et le Dr William Hopkins, professeur de neurosciences à la Georgia State, auteurs de l’étude, rappellent que l’incapacité à différer sa récompense est au cœur d'un certain nombre de maladies mentales, notamment le TDAH (déficit de l'attention avec hyperactivité) ou certains troubles du comportement alimentaire. Pouvoir retarder la récompense et contrôler ses impulsions émotionnelles et comportementales, est la clé de la maîtrise de soi et de la poursuite d’objectif de long terme. Cette capacité « est d'une importance critique », soulignent les auteurs.

 

Le test « de la guimauve » (ou du marshmallow): La tâche utilisée ici pour évaluer la capacité de gratification différée chez les chimpanzés est inspirée de celle d’une série d'expériences célèbres menées par le psychologue Walter Mischel de l'Université de Stanford, dans les années 1960 et 70. Des enfants d'âge préscolaire étaient placés seuls dans une pièce meublée avec un petit bureau et sur le bureau étaient disposées 2 guimauves et une cloche. Le chercheur expliquait à l'enfant qu’il était dans l’obligation de quitter la pièce puis, à son retour, autorisait l’enfant à manger les 2 guimauves. Si l'enfant souhaitait manger une guimauve avant le retour du chercheur, il pouvait sonner la cloche et en manger une, mais pas deux. L’expérience montre que certains enfants mangent la guimauve tout de suite après le départ du chercheur et que d'autres tentent de se distraire en attendant. Dans les études suivantes, le psychologue constate que cette capacité à attendre la gratification à 4 ans peut prédire un certain nombre de comportements et de fonctions cognitives à l'adolescence et à l'âge adulte, dont la planification, le raisonnement, le contrôle des émotions négatives, mais aussi les résultats scolaires, la capacité d’adaptation et de communication sociale, un moindre risque d’usage de substances et une meilleure estime de soi.

 

L'étude actuelle a impliqué 49 chimpanzés formés à effectuer une tâche similaire « de gratification différée ». Les chercheurs ont placé des raisins dans un tuyau en PVC transparent avec un fond fermé et formé les chimpanzés à retarder le moment de recevoir les raisins. Les chercheurs précisent que les chimpanzés ont cette capacité d'autocontrôle très proche de celle de l’Homme, et que n’ont pas d’autres espèces comme les singes. De plus, leur neuro-anatomie et leur développement neural sont assez similaires aux humains. Ils partagent également à un très haut degré, de nombreuses caractéristiques génétiques.  Bref, les chercheurs leur ont appris que s’ils attendaient pour 1 raisin, ils en auraient 2, pour 2,3 etc…Enfin, durant la tâche, les chimpanzés étaient observés par imagerie. Ces données ont permis aux chercheurs d'examiner les voies de la récompense et de la « gratification différée ».  C’est ainsi que les chercheurs observent qu’une meilleure connectivité de la substance blanche entre le cortex préfrontal caudé et dorsal dans l'hémisphère droit du cerveau est associée à l'apprentissage de la gratification différée.

 

Des données expérimentales, mais à implications précieuses pour la détection et la prise en charge de nombreuses maladies mentales.

 

Source: Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 3 June 2015 DOI: 10.1098/rspb.2015.0764 Delay of gratification is associated with white matter connectivity in the dorsal prefrontal cortex: a diffusion tensor imaging study in chimpanzees et via Eurekalert (AAAS) Study links delay of gratification to how brain structures are connected (Visuel@ The Royal Society)

Lire aussi: PLANIFICATION: Ces neurones de l'amygdale prêts à tout pour une récompense -

Réagissez à cette actu sur Santé Blog

Cette actualité a été publiée le 18/07/2015 par P. Bernanose, D. de publication, avec la collaboration
de P. Pérochon, diététicien-nutritionniste, coordinateur éditorial.



Open all references in tabs: [1 - 5]

Leave a Reply