Nazia Hosaneea

Elle se bat pour petits et grands. Nazia Hosaneea, enseignante, est la présidente de la toute nouvelle « Down Syndrome Association ». Son objectif : soutenir les familles et personnes trisomiques.

Le bonheur, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais elle l’a trouvé au creux d’un sourire, d’un regard lumineux, de cette lueur qui scintille sur le visage d’un enfant. « C’est merveilleux de le voir réussir quelque chose. C’est un accomplissement. Je suis heureuse, j’ai trouvé ma voie », lance Nazia Hosaneea. Au quotidien, cette jeune femme engagée de 23 ans, soutient les enfants en difficulté. Psychologue dans l’âme mais aussi de spécialisation, enseignante au collège Le Bocage depuis 2011, elle encadre des petits atteints de dyslexique, d’hyperactivité et d’autres complications. « Je les prends en charge et les aide à rattraper leur retard », confie-t-elle.

Mais outre cette vocation, Nazia a une plus grande mission. Elle préside la Down Syndrome Association (DSA), une organisation mauricienne affiliée à la maison mère en Angleterre, et présente dans plusieurs pays du monde. Celle-ci a été lancée le 21 mars, dans le cadre de la Journée mondiale de la trisomie. L’objectif principal : soutenir ces personnes et leur entourage.

« A l’étranger, les trisomiques sont intégrés dans le circuit scolaire, dans le milieu professionnel comme tout le monde. Ils ont des structures et un accompagnement adaptés. Mais à Maurice, il y a une absence de soutien. Beaucoup de parents préfèrent garder leurs enfants handicapés à la maison. Certains ont peur du regard des autres ou alors ne savent pas vers qui se tourner pour aider leurs enfants dans leur développement », explique Nazia. La DSA vise donc à combler cette lacune en instituant un cadre pour sensibiliser et informer les parents. Elle a aussi pour mission de mettre sur pied des programmes pédagogiques et récréatifs pour les enfants.

Depuis la création de la DSA, Nazia Hosaneea s’attelle à la mise en place des activités. « Nous mobilisons les parents et nous accompagnons les enfants et adultes trisomiques en organisant des sorties. Par exemple, au Champ de Mars, nous organisons aussi des chasses aux trésors. »

« Briser les stéréotypes »

Nazia est comblée par cette mission dans laquelle elle s’est investie depuis sa plus tendre enfance. La jeune femme songe ici à sa tante trisomique qui semble avoir dessiné sa voie. « C’est ainsi que j’ai développé un intérêt profond pour la psychologie dès l’adolescence », raconte-t-elle. Ces événements, tributaires d’une véritable envie d’aider les autres ont conduit Nazia Hosaneea vers les portes de deux associations caritatives, notamment la Ranger Foundation qui encadre les personnes handicapées physiquement. Puis l’association U-Link, fondée par Ali Jookhun, parent et militant pour la cause. « Cette étape m’a confortée dans la direction que je voulais prendre », confie-t-elle.

Ainsi, elle effectue des études en psychologie à l’université de Maurice, tout en poursuivant ses activités de bénévolat. « Nous organisions des camps de vacances avec une vingtaine de personnes trisomiques. Cela m’a complètement changée. C’est une expérience unique que de se rendre utile, d’accompagner les autres », souligne-elle. C’est à travers son travail au sein de l’association U-Link que l’idée d’une organisation dédiée à la trisomie a germé : « Nous voulons briser les stéréotypes autour de la trisomie, aider à la fois les enfants et leurs parents. Nous avons ainsi contacté la DSA en Angleterre et une collaboration s’est vite créée. »

Aujourd’hui, l’association compte une trentaine de membres ainsi qu’une quinzaine de bénévoles. Ses projets : mobiliser encore plus de parents. Pour cela, elle fait appel aux nouvelles technologies, notamment Facebook, avec une page dédiée à l’organisation et prochainement un site Web local. Plus que jamais motivée, Nazia Hosaneea entend travailler pour que les trisomiques aient davantage d’autonomie et puissent intégrer le circuit scolaire et le monde du travail régulier.

Mehlia Bissière
(l’express-dimanche, 27 mai 2012)

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