Marseille : des chercheurs trouvent une solution pour les dyslexiques

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Publié le mercredi 06 juin 2012 à 15H57

Mettre plus de blanc entre les lettres améliore leur capacité de lecture

Espacer davantage les lettres et les mots facilite le déchiffrage et donne le goût de la lecture aux enfants dyslexiques.

Espacer davantage les lettres et les mots facilite le déchiffrage et donne le goût de la lecture aux enfants dyslexiques.

Photo DR

Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. Alors que depuis des années , orthophonistes, psychologues, neurologues et pédagogues de tous poils s'arrachent les cheveux pour tenter d'améliorer la lecture des enfants dyslexiques, des chercheurs marseillais du CNRS viennent d'y parvenir de façon instantanée. Et spectaculaire. Tout simplement en revenant au B-A, BA…...

Des écoliers qui, jusqu'à présent, ânonnaient douloureusement en butant sur les mots se sont soudain mis à lire de façon quasiment fluide : 20 % plus vite en moyenne, en faisant deux fois moins d'erreurs. "Pour obtenir ce résultat, il a suffi d'agrandir l'espacement entre les lettres et entre les mots", explique Johannes Ziegler, du laboratoire de psychologie cognitive (CNRS-Université Aix-Marseille) de Saint-Charles. Alors que la typologie ordinaire n'utilise qu'un pixel d'espace entre deux lettres, les chercheurs marseillais ont retenu une largeur de 2,5 pixels ; et 3 blancs au lieu d'un seul pour séparer deux mots. C'est tout ? Oui, et ça marche ! Le test, réalisé en français et en italien chez des enfants dyslexiques des deux nationalités donne les mêmes résultats dans les deux langues. "Cela signifie que l'orthographe n'y est pour rien", souligne Johannes Ziegler. Pas plus que la taille des lettres, dont l'agrandissement ne facilite en rien la lecture.

"L'encombrement perceptif" fait de la lecture un supplice

Ce qui handicape ces enfants, c'est le "crowding", ce phénomène d'encombrement perceptif bien connu des spécialistes de la cognition. "On reconnaît toujours mieux une lettre isolée que si elle est entourée d'autres signes , comme si ce voisinage polluait la compréhension", poursuit le chercheur. Tous les jeunes lecteurs sont affectés par ces interférences dans le traitement de l'information, mais les dyslexiques y sont particulièrement sensibles. "Chez les lecteurs normaux, l'entraînement à la lecture permet de remédier au crowding : pour lire mieux, il faut lire plus. Mais un enfant dyslexique, qui n'arrive pas à décoder convenablement et déchiffre de façon lente et laborieuse, lire est un supplice, ce qui ne l'encourage pas à le faire régulièrement ". On estime ainsi qu'un enfant "dys" lit en une année ce qu'un "normo-lecteur" lit en deux jours !

Espacer davantage les lettres et les mots permet donc de briser ce cercle vicieux et d'améliorer considérablement la rééducation et l'apprentissage L'enjeu est de taille : on estime que 10 % des élèves souffrent de troubles dyslexiques. Un handicap invisible, souvent mal diagnostiqué, qui concernerait 10 % des enfants, soit 45 000 élèves en région Paca ! Trop souvent encore taxés de "cancres"ou de"paresseux", beaucoup d'enfants dyslexiques tombent dans la spirale de la perte de confiance et l'échec scolaire. Alors qu'ils ont juste besoin d'un peu d'espace supplémentaire…

Sophie MANELLI

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