Marina niait la maltraitance de ses parents…qui l’ont tuée !

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Vraiment ?

Comme si on tuait une deuxième fois Marina.

L'histoire de cette petite fille  n'intéresse donc personne, comme du temps où elle vivait.

Combien de signalements ? Même une plainte classée sans suite ! L'opportunité des poursuites, plutôt le droit de tuer ou de laisser vivre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le procureur ou vice-procureur avait le droit... Le droit ?

Votre billet, Madame, a au moins le mérite d'exister ! Je n'aurais pas osé écrire sur Marina, peur de n'écrire que des mièvreries, l'éternel et sempiternel reproche  de la sensiblerie féminine...

Votre billet, Madame, a le mérite de poser le problème de la perception de cette souffrance par des femmes et des hommes qui n'ont jamais souffert le quart, le dixième, le centième de la souffrance physique et morale endurée par cette enfant morte dans l'indifférence générale, morte de l'indifférence générale. Eux sont encore vivants, ceux qui ont classé sans suite, ceux qui ont attendu avant de donner suite, de rendre une visite enfin à une famille qui avait déjà changé d'adresse pour échapper aux contrôles... Si contrôles !

Votre billet, Madame, a le courage d'expliquer l'amour impossible, l'amour de soi, l'amour de ses parents, le déni de la maltraitance, de l'impossibilité pour un enfant de dire, d'affirmer que ses parents ne l'aiment pas ! C'est comme le Père Noël. Il existe, puisqu'on le fête et qu'on l'honore. Même si c'est le Père fouettard qui offre les cadeaux, le dernier cadeau, la claque qui fait cogner le crâne contre le bord d'une baignoire, une fois l'eau brûlante, l'autre fois l'eau très froide.

Un enfant qui n'a connu que la violence croit que la violence, c'est de l'amour. Et puis, c'est de sa faute. C'est toujours de sa faute. Il a beau faire, il fait toujours mal. C'est qu'il le mérite, ce coup qui va  le plier en deux, cette faim qui tord son petit ventre, ce froid qui le paralyse et l'engourdit quand on lui a enlevé tous ses vêtements. Pour rire ? Non pour le punir. Parce qu'il le mérite. Sinon son papa et sa maman ne la frapperaient pas, ne l'auraient pas frappée, la petite Marina.

Alors parler de ses saletés, de ses bêtises ? Ca va pas, non ? Le petit, la petite, va essayer de se valoriser, pour une fois qu'on l'écoute, devant les caméras des policiers ou des gendarmes ! Pour sûr, il n'est jamais puni. Il ne fait jamais de bêtises. Sinon ça voudrait dire qu'il fait des bêtises. Faut pas le dire ! Et son papa et sa maman, il les aime parce qu'ils l'aiment.

C'est pas compliqué à comprendre ?

Merci pour Marina ! Pour ce qui est de la compréhension de la honte de la petite victime, de son déni, de sa joie tout à coup de pouvoir exister et d'être enfin entourée et entendue, qui explique ce bonheur réel et éclatant devant la caméra qui le ou la  filme, cette compréhension n'est pas possible pour les gens "normaux".  

J'aimerais que l'on s'interroge sur les procédures de signalement en France, l'incapacité tragique des Conseils Généraux à mutualiser leurs données et à les croiser, pour éviter qu'un simple déménagement d'un département à un autre département permette à des parents tortionnaires de mettre à mort lentement, si lentement, l'enfant qu'ils avaient fait naître à la vie.

Il est quand même étrange que dans ce pays où les libertés publiques s'étiolent au nom de la sécurité des Français, la sécurité des enfants soit à ce point négligée, ignorée, méprisée.

Aucun système informatique ne permet de recenser le nombre d'enfants maltraités, violés, disparus, revenus ou enlevés, retrouvés vivants ou morts. Chaque service de police ou de gendarmerie est libre de décider si oui ou non il y a fugue ou disparition inquiétante, alors que la Loi est pourtant très claire sur ce point : disparition de mineur = disparition inquiétante. Le degré de diffusion départementale, régionale ou nationale, dépend du service local  de police ou de gendarmerie. Pas de consigne claire. Pas de recensement national, à l'ère de la batonite aigue et du tout statistique ! 

Pourquoi ?  Pourquoi une oeuvre d'art a-t-elle plus de valeur que la vie d'un enfant ? Pourquoi une voiture de luxe sera-t-elle "pucée" jusqu'à retrouver sa trace, après un vol,  à l'étranger ? Parce que ces objets ont un prix, une valeur mercantile ? La vie d'un enfant ne vaudrait rien...

La vie d'un enfant ne vaut rien. Puisque Marina est morte, malgré des signalements répétés et un dépôt de plainte pourtant très explicite sur ce que subissait la petite fille.

Pour une société dite évoluée, que peut signifier tant d'indifférence à la souffrance de nos enfants ? "Children are all our children".  

      

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