"Lock Out" : un nouveau nanar interstellaire pour Luc Besson

Les séries B produites à la chaîne par Europacorp sont au cinéma ce que KFC est à la gastronomie : c'est lourd, difficile à digérer, contre-indiqué par votre médecin traitant, et cela tire probablement l'humanité vers le bas.

 

Mais comme tout plaisir coupable, cela donne envie, même si vous vous étiez promis de ne plus jamais vous laisser prendre, après avoir subi l'inénarrable "From Paris with Love" par exemple. Et attiré par les publicités brillantes et clinquantes, on finit par se laisser tenter en préparant son estomac à une indigestion massive.

 

 

Car chez Europacorp, c'est Luc Besson qui est aux fourneaux, et le grand vizir de la production française s'est fait une spécialité de ces séries B qui tirent très vite vers le Z, dont il écrit le "scénario".

 

Le menu est donc une suite de plats assez attendus pour le genre. Une grosse prison dans l'espace, qui sert de terrain de jeux copié-collé sur "Alien". De gros méchants sadiques et vicieux tatoués comme des portes de prison ouzbekes. Un sauveur décontracté, tireur d'élite et supermalin. Des bureaucrates incompétents et dépassés, en costard cravate dans la salle de contrôle louée à la production de "24" après l'arrêt de la série. Et enfin une jeune fille blonde en détresse, mais suffisamment brave quand même pour que ledit sauveur s'y intéresse un peu quand même. On s'attend presque à retrouver les mafieux albanais de "Taken" franchir une porte de cellule au milieu du film...

 

Peu de logique et de recherche narrative

 

Ce qui est toujours désagréable avec Besson scénariste, c'est son incroyable désinvolture vis-à-vis de l'histoire qu'il développe. On ne s'attend pas à de la vraisemblance, mais au moins à un minimum de logique et de recherche narrative. La série Z n'interdit pas de travailler les situations. Pas ici.

 

On aura donc l'honneur d'assister à l'évasion et la mutinerie la plus rapide et la facile de l'histoire, dans une prison spatiale de haute sécurité envahie par les agents du secret service, éliminés un par un par un psychopathe qui accède au centre de contrôle sans même croiser un agent qui lui demande ses papiers. Comme quoi l'administration pénitentiaire n'a pas fait beaucoup de progrès depuis "Prison Break"... que fait Claude Guéant ? C'est globalement assez désagréable de se faire prendre pour des crétins, jusqu'à l'improbable twist final qui plie l'affaire en deux minutes.

 

Pas de scène marquante

 

Et les deux réalisateurs engagés pour l'occasion ne font vraiment pas de merveilles avec leurs petits moyens, ne trouvant jamais le rythme ou l'inventivité pour sortir de leur carcan de nanar interstellaire un peu cheap, formaté et normalement destiné avant tout à la vidéo.

 

Pas de scène marquante, pas d'utilisation décalée des décors, pas de gestion du tempo, juste un déroulé ininterrompu de faux suspenses, de tirs d'armes lourdes et de gros plans sur les trombines hagardes des détenus assez motivés par la présence de Maggie Grace parmi eux pour l'après-midi, qui passent leurs nerfs à intervalles réguliers sur l'équipe technique de la prison qui aura bien mérité sa prime de risques.

 

Guy Pearce dans "Lock Out" (Slobodan Pikula / EuropaCorp).

 

La bonne nouvelle est que ce bon vieux Luc s'est entouré ce coup de deux atouts inhabituels qui font passer le menu sans trop de remontées acides : un dialoguiste et un acteur. Et la combinaison des deux rend l'ensemble presque regardable, puisque l'excellent Guy Pearce se fond avec bonheur dans ce personnage cynique et je-m'en-foutiste, à fond sur le second degré, enchaînant avec bonheur les vannes et commentaires acides, donnant au film par moments une légèreté (!) pour le moins inattendue. Un très grand acteur dans un nanar est souvent un cocktail assez agréable...

 

Guy Pearce à tous les rateliers

 

Et même si on peut lui être reconnaissant de rehausser le niveau, on est en droit de s'inquiéter un peu pour lui quand même. Car après l'épouvantablissime "Le Pacte", Monsieur Pearce ("LA Confidential", "Démineurs", "Animal Kingdom" quand même !) va devoir entamer les travaux d'agrandissement de son potager sous peu si il persévère. Ou alors demander à son agent d'arrêter la drogue...

 

 

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