L’impact de la crise sur le psychisme

Et si la crise n'avait pas que des conséquences sur l'économie ? Et si, la perte du triple A, la dette, et le ressassement des sombres nouvelles sur l'état de notre pays mettaient à mal notre équilibre psychologique ? Psychologie magazine a interrogé différents psychanalystes et psychiatres pour connaître l'impact de la crise chez leurs patients ? Est-elle vraiment évoquée sur le divan ?

En 2008, une précédente étude montrait que les patients se sentaient très
fragilisés par ce contexte économique difficile et surtout par le climat
d'inquiétude, de pessimisme qui dominait, explique Anne-Laure
Gannac, rédactrice en chef adjointe à Psychologies Magazine. Mais là, de l'avis de tous les
spécialistes, l'impact est beaucoup plus fort, plus
dramatique.

Cela se manifeste par de la peur et par des angoisses. La
crise, ce n'est peut-être pas tant sa réalité qui est douloureuse -parce qu'à
moins d'avoir été licencié par exemple, sa réalité n'est pas si palpable. Non,
ce qui est le plus douloureux, avec la crise, ce sont surtout que les fantasmes
qu'elle génère ou les peurs qu’elle réveille.

La crise signifie pour beaucoup qu'ils n'ont pas le contrôle de la situation, qu'ils sont soumis à des
choix politiques, économiques qui les dépassent, qu'ils ne comprennent pas bien
et, pire, dont ils ont le sentiment que même ceux qui les gouvernent sont
dépassés. La preuve : ces gouvernements sont même notés, et mal !

Quand un individu se trouve face à un monde sans perspectives,
ce qui lui revient en pleine figure c'est la sensation de sa propre
incompétence.

Ce qui revient souvent c'est une sensation de morcellement
intérieur, de perte d'une part de leur humanité, parce qu'ils se vivent comme
des rouages d'une machine, pressés, stressés... En même temps, ils ont
tellement peur de se retrouver sans rien que beaucoup disent s'accrocher à un
travail qu’ils n'aiment pas. Donc, le sentiment d’inutilité de perte de temps
et perte de sens en général est flagrant.

Et évidemment, les relations dans l'entreprise en pâtissent.
De plus en plus de patients parlent de la violence, de l'agressivité entre
collègues ou avec leurs supérieurs. D'où une multiplication des cas de
burn-out, de harcèlement.

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