Les réseaux sociaux et le trading : un couple toxique ?

Le trading repose sur six grands leviers : l’analyse, l’intuition, le temps, l’information,la recommandation et la psychologie des foules (qui fait partie des deux premiers leviers). Pour ces deux derniers leviers, l’évolution technique et commerciale du trading ne pouvait passer à côté des réseaux et médias sociaux, lieux dédié à la recommandation, l’échange d’information et indicateur partiel de l’état de l’opinion.

 

Un bonheur pour les traders amateurs, surtout quand s’ajoute à cela l’information en temps réel fournie par Twitter et ses abonnés. On se souvient de cette étude menée par des chercheurs de l’université Bloomington en Indiana qui ont découvert que Twitter, croisé avec l’humeur de l’opinion sur Google, pouvait prédire avec un taux de réussite de 90% l’évolution du Dow Jones et ce avec trois à quatre jours d’avance. Une quête qui n’a pas échappé au créateur de Stocktwits dont la plateforme repose quasi-exclusivement sur Twitter. Là, chacun livre ses informations, ses positions, ses éventuels gains et pertes, peut suivre les actions qu’il souhaite etc.

 

 

Capture d'écran du site Stocktwits (Fabrice Frossard).

 

L’argument massue pour Stocktwits étant bien sûr un double effet de réassurance par la prescription des autres et aussi celle de l’expertise du leader, essentiel sur un marché hostile, que l’on peut suivre aveuglément dans ses positions du fait de ses gains avérés. 

 

Les principes psychologiques, Stocktwits les applique avec conscience, tout comme d’autres plateformes de courtage, dont la plus populaire eToro qui utilise exactement les mêmes leviers dont le copiage des meilleurs traders érigé en pratique recommandée. Même principe, mais en favorisant le moyen terme, Hopee créé par Cortal Consors, la filiale de BNP Paribas dédiée au courtage. Avec 80 000 membres revendiqués, Hopee regroupe quasiment un quart des investisseurs actifs en France selon Martial Nassar, le créateur du réseau dans une interview donnée au Figaro. Lequel Martial Nassar reste dubitatif sur les résultats lié au couplage trading et réseaux sociaux. S’appuyant pour cela sur une étude, qui démontre qu’à moyen termes les traders obtiennent des performances moins bonnes.

 

Mais pour les courtiers, l’information intéressante de cette étude réside dans le fait que ceux qui réalisent de bonnes performances ont tendance à les communiquer. Par effet d’entraînement et d’émulation, les followers auront tendance à les imiter et augmenteront mécaniquement la fréquence de leurs échanges. Cet "overtrading" est bien entendu ce qui intéresse les courtiers, commissionnés à l'échange, et non à la performance. Comme au casino, le gagnant est plus souvent la banque que le trader amateur.

 

Mais le pire est sans doute à venir. Depuis quelques années apparaissent en effet de nouvelles plateformes de trading dévolues aux options binaires. Comme son nom l’indique, ce type d'échange s'axe selon le duo "oui-non", fondé sur l’atteinte ou non d’une limite de prix. Une aubaine pour les traders dont le profil correspond ici à celui d'un joueur, d'autant plus que les fenêtres d'option sont très courtes (60 minutes au plus) et la rentabilité jusqu'à 85%.

 

Pour l’instant, il n’y a pas encore de couplage de ce type de courtage avec les réseaux sociaux, mais ce n’est qu’une question de temps. Comme dans le jeu en ligne, l’intérêt est d’avoir un vivier de joueurs, pardon de traders, qui se renouvelle rapidement afin d’alimenter le flux financier. Pour accroître la masse de clients, les réseaux sociaux sont — dans un contexte hautement spéculatif donc hautement anxiogène pour le trader amateur — le meilleur endroit pour aller à la pêche. 

 

En attendant, le couple trading/réseaux sociaux est sans doute le levier marketing le plus intéressant des mois à venir pour les courtiers en ligne. Si on prend souvent en exemple les grands distributeurs ou jeux en ligne comme rois du marketing en ligne, j’aurai tendance à leur préférer ces plateformes, d'un pur point de vue technique. Même si leur storytelling est simple : gagner facilement de l’argent, la mise en œuvre de leur marketing online confine à de l’horlogerie.

 

 

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