Les précisions de l’évêque du Puy-en-Velay à propos des sessions …



À la suite de la publication
sur le site de l’hebdomadaire contestataire Golias du rapport confidentiel des évêques sur « spirituel et psychologie », rapport contenant des remarques très critiques au sujet de sessions organisées au Puy-en-Velay, l’évêque, Mgr Henri Brincard, a fait savoir que ces sessions sont organisées par une association indépendante sur laquelle il a « dès le début » exercé sa vigilance et pour lesquelles il a demandé un audit.

« Parce qu’elles se déroulent dans des locaux appartenant au diocèse et aussi parce que l’association « Anne-Peggy Agapé » se réclame de la foi de l’Église catholique, dès le début, j’ai exercé ma vigilance épiscopale sur ces sessions, sans d’ailleurs rencontrer la moindre réticence de la part des organisateurs », a précisé Mgr Brincard dans
un communiqué publié sur le site du diocèse dimanche.

Ainsi, un « conseil de vigilance » a été créé, composé de médecins, de psychiatres, de théologiens et de prêtres de paroisse. Il a obtenu « de sérieuses modifications » dans le déroulement des sessions. « À ce propos, souligne Mgr Brincard, il convient de remarquer que la critique du livret dans le document « Spirituel et Psychologie » a été faite à partir d’une première édition qui n’est plus en usage aujourd’hui ».

« Des confusions, parfois lourdes de conséquences malheureuses »

L’évêque affirme également que « les discernements ont été affinés en ce qui concerne les personnes admises à suivre une session ». « Le suivi des personnes après une session Agapé fait aussi l’objet d’une réflexion approfondie ». Mgr Brincard se dit « déterminé à poursuivre l’exercice de (sa) vigilance pastorale », faisant siennes les préconisations du rapport « Spirituel et Psychologie ».

Ce rapport,
remis en octobre aux évêques par un comité d’experts, souligne que « ce type d’écoute (à la fois spirituelle et psychologique) peut engendrer des confusions, parfois lourdes de conséquences malheureuses ». Ainsi plusieurs dizaines de plaintes sont arrivées au Centre contre les manipulations mentales (CCMM). Des familles victimes de ces démarches « sont en attente d’une position claire des autorités ecclésiales », et des enquêtes sont en cours.

Les experts soulignent qu’« il est loin d’être évident que les actuels directeurs ou animateurs de sessions psycho-spirituelles » respectent les règles que l’Église s’est donnée en matière de distinction entre le for interne et le for externe, de discrétion sur tout ce qui touche le for interne et d’observation des exigences de la loi civile qui encadre désormais la fonction de psychothérapeute. Ils recommandent d’imposer aux accompagnateurs de ces sessions « les exigences de formation requises pour les directeurs spirituels dans les séminaires ».

« L’amélioration de la santé n’induit pas une meilleure vie spirituelle »

Un autre expert sollicité par les évêques, le P. Étienne Garin, jésuite, souligne dans ce document que « le danger ne réside pas dans le souci d’être attentif à la réalité psychosociologique, car tout accompagnateur classique doit l’être ; il provient de l’importance primordiale attribuée à la santé psychosociologique, comme si elle était nécessaire pour que la vie spirituelle soit possible ». « L’amélioration de la santé du corps et du bien-être psychologique n’induit pas une meilleure vie spirituelle, ni une conversion », insiste le document.

Selon le jésuite, une démarche psycho-spirituelle fait vivre « simultanément aux personnes deux mouvements orientés en sens opposés » : le mouvement de vie spirituelle qui le tourne vers Dieu, et le mouvement de la vie psychologique qui centre le sujet sur lui-même. « La Parole risque de n’être plus écoutée que comme moyen de guérison et non comme présence du Seigneur lui-même », avertit-il.

Psychiatre et psychanalyste au Mans, Bertrand Guiouillier pointe dans le livret des sessions du Puy-en-Velay qu’il a analysé (livret qui selon Mgr Brincard aurait été corrigé entre-temps) notamment la « méconnaissance de la psychologie de base, conduisant à des interprétations erronées et des explications simplistes et réductrices » et un glissement du psychoaffectif au spirituel.

Prudence

Il conclut que cette démarche « peut apporter un soulagement dans un premier temps car le sujet a l’illusion d’avoir trouvé la raison de ses maux », mais « non seulement elle n’ouvre pas la voie vers un travail personnel d’élaboration de ses propres conflits psychiques mais elle risque au contraire d’aboutir à une fermeture personnelle, voire à des ruptures relationnelles en rapport avec des boucs émissaires désignés ».

Le P. Étienne Michelin, théologien, remarque enfin que tout cela « bouscule » l’Église car ces propositions nouvelles « cherchent à répondre à des attentes prenant un regain d’importance » et abordent des aspects du salut « quelque peu tus ou négligés dans la doctrine catholique », comme la dimension affective de la relation au Christ. « Les évêques ne peuvent que se réjouir mais à condition de rester clairvoyants », affirme le document.

Invités à la plus grande prudence, les évêques sont encouragés à accompagner davantage, à interpeller et remettre en question les organisateurs de ces sessions.

Le groupe de réflexion « Spirituel et Psychologie » se composait de Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France, Mgr Denis Lecompte et Bertran Chaudet, tous deux coordinateurs du service de la conférence épiscopale Pastorale, Nouvelles croyances et dérives sectaires, des jésuites Claude Flipo, Étienne Garin, du psychiatre Bertrand Guiouillier, du P. Étienne Michelin (Notre-Dame de Vie) et de Sœur Marie-Ancilla, moniale dominicaine à Lourdes.


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