Les politiques sont des menteurs? Leur mauvaise image …

PSYCHOLOGIE - Fermez les yeux et pensez à Nicolas Sarkozy. Que voyez-vous? Et si maintenant vous pensez à François Hollande, quelle image avez-vous de lui? Une étude d'économie comportementale menée au sein de l'ESC Dijon, publiée le lundi 19 mai s'est intéressée aux représentations mentales de ces deux présidents et à l'influence qu'ils pouvaient avoir sur notre attitude.

Comment notre comportement est conditionné par nos représentations mentales? Pour répondre à cette question de psychologie sociale, les chercheurs se sont intéressés à l'influence du comportement des hommes politiques sur celui de leurs concitoyens. "A l'heure où l'image que les Français ont de leurs représentants politiques s'avère désastreuse, voilà une donnée que ces derniers auraient tout intérêt à prendre plus en compte", préviennent les auteurs de cette étude.

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QUOI? Des politiques menteurs, des citoyens...?

"L'image que nous avons des politiques change-t-elle notre comportement?", s'est demandé Jérémy Celse, contacté par le HuffPost, qui a dirigé l'étude. Une question bien légitime puisqu'en janvier 2014, près de 9 Français sur 10 déclaraient ne plus avoir confiance dans la classe politique.

Il a été prouvé en psychologie sociale que les représentations mentales influencent notre manière de traiter les informations, de percevoir et d'agir. Dans une étude réalisée par l'université de Yale par exemple, on constate que les personnes qui pensent à des personnes âgées ont tendance à agir plus lentement que les autres.

Dans une autre étude, réalisée par l'université de Zurich, des chercheurs ont montré que la représentation de criminels peut renforcer certains comportements eux-mêmes criminels.

Sur la base de ces conclusions, les chercheurs ont donc voulu savoir si des politiques menteurs pouvaient nous pousser à l'être nous aussi.

COMMENT? Le jeu de dés

Mais comment savoir qu'une personne ment? C'est le premier problème auquel ont dû faire face les chercheurs. Plusieurs expériences ont été mises au point et se sont déroulées au sein du LESSAC (Laboratoire d'Expérimentation en Sciences Sociales et Analyse des Comportements) du Groupe ESC.

Les participants - des étudiants d'une moyenne d'âge de 22 ans - ont dû jouer à un jeu, qui avait été utilisé dans de précédentes études pour "mesurer le mensonge".

"On leur a donné un gobelet en plastique opaque, fermé par un couvercle opaque, détaille Jérémy Celse. Impossible, donc, de voir ce qu'il contient. Toutefois, un petit trou est fait sur le couvercle, de sorte que la personne qui regarde à l'intérieur - et elle seule - peut voir ce qui s'y trouve.". En l'occurrence, un dé à six faces.

La personne doit secouer le gobelet, regarder combien de points apparaissent sur le dé, puis le dire au chercheur qui lui, n'a strictement aucun moyen de savoir si on lui dit la vérité. Là où le jeu devient intéressant, c'est que les participants reçoivent de l'argent en fonction du chiffre affiché sur le dé: 1€ pour 1, 2€ pour 2, et ainsi de suite jusqu'à 6€. Elles n'ont donc rien à perdre à mentir et à empocher 6€.

D'accord, mais au final, comment sait-on si les personnes ont menti ou pas? "On peut le savoir en ayant recours aux probabilités, précise Jérémy Celse. Quelle est la chance d'avoir un 6? 1/6, soit un peu plus de 16%. Si 30% des participants déclarent avoir obtenu un 6, on peut se demander si elles n'ont pas menti. On a donc fait des tests statistiques qui sont efficaces à partir de 30 individus, pour s'assurer que ce n'était pas simplement un coup de chance."

Dans un groupe de contrôle, seulement 7,87% des personnes ont annoncé être tombées sur un 1, mais 31,46% de 5 et 29,21% de 6! D'entrée de jeu, les participants sont donc des menteurs.

Les participants devaient ensuite décrire une personnalité, politique pour certains, religieuse pour d'autres. Il ressort de cette expérience, dont le but est d'identifier les comportements malhonnêtes (comme le mensonge), que les individus à qui l'on a demandé de décrire un enseignant, ou une personnalité religieuse, mentent moins que les individus ayant décrit un homme politique.

DONC? Sarkozy plus "menteur" que Hollande

Intrigués par ces résultats, les chercheurs ont après coup demandé aux participants s'ils faisaient confiance à la personnalité politique qu'ils ont décidé de décrire. Ceux qui affirmaient trouver la personne qu'ils ont décrite malhonnête ont eu plutôt tendance à dire que leur dé était un 5 ou un 6. C'est donc le premier point de cette étude: si l'on pense qu'une personne est malhonnête, on a tendance à agir aussi de façon malhonnête.

Pour creuser cette tendance, la moitié d'un autre échantillon d'individus a joué après avoir décrit Nicolas Sarkozy lorsqu'il était Président, en février 2012. L'autre moitié a joué après avoir décrit François Hollande en octobre 2013, donc lui aussi Président. "On a voulu mener l'expérience à deux moments différents, pour s'assurer que ce n'était pas leur fonction qui entrait en jeu", indique l'économiste.

Dans les deux cas, il s'avère que les participants ont menti. Mais c'est le groupe "Nicolas Sarkozy" qui a le moins dit la vérité. Plus précisément, le rappel des représentations mentales associées à François Hollande augmente les comportements malhonnêtes de 12,71% tandis que le rappel de celles associées à Nicolas Sarkozy les augmente de 37,29%.

Que faut-il en conclure? Que les gens "de droite" sont plus malhonnêtes que ceux de "gauche"? Non, car ce n'est pas l'identité politique des participants qui a influencé leur comportement, mais bien l'image qu'ils ont des hommes politiques. En fait, les personnes du groupe Sarkozy avaient tendance à le décrire comme étant malhonnête, bien plus que Hollande, selon le deuxième groupe.

"Les politiciens conditionnent l'image que nous avons d'eux, conclut Jérémy Celse. On ne respecte pas les règles si l'on voit les politiques ne pas les respecter eux-mêmes".

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    Sa relaxe lundi 8 juillet 2013 dans l'affaire "pétrole contre nourriture" lui enlève un poids, mais Charles Pasqua, 86 ans, poursuivi ces dix dernières années dans plusieurs dossiers, n'en a pas pour autant fini avec la justice.

    - En janvier 2013, l'ancien ministre de l'Intérieur a été condamné par le tribunal correctionnel de Versailles à deux ans de prison avec sursis, 150.000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité pour "détournements de fonds publics", dans une affaire remontant à 2000 d'un projet avorté de fondation d'art du mécène Jean Hamon. Il a fait appel, la procédure suit son cours.

    Deux condamnations antérieures sont devenues définitives:

    - En 2008, il était condamné à 18 mois de prison avec sursis pour financement illégal de sa campagne pour les élections européennes de 1999. Il avait bénéficié de 7,5 millions de francs (1,143 million d'euros) provenant de la vente du casino d'Annemasse (Haute-Savoie). Sa peine a été confirmée en appel en septembre 2009 et son pourvoi en cassation rejeté.

    - En 2010, la Cour de justice de la République (CJR) le condamnait à un an de prison avec sursis pour complicité d'abus de biens sociaux et de recel dans une affaire de détournements de fonds au préjudice de la Sofremi, société sous tutelle du ministère de l'Intérieur.

    La CJR l'a en revanche blanchi dans deux autres affaires jugées simultanément: malversations liées à un agrément d'exploitation accordé au casino d'Annemasse et pots-de-vin du groupe GEC-Alsthom en 1994.

    L'arrêt dans les trois affaires a été validé par la Cour de cassation.

    Plusieurs autres affaires dans lesquelles Charles Pasqua a été mis en cause sont en revanche désormais sans suite pour lui:

    - Angolagate: La cour d'appel de Paris l'a relaxé en avril 2011, annulant une condamnation à trois ans de prison dont un an ferme prononcée en première instance en octobre 2009 pour trafic d'influence et recel d'abus de biens sociaux. La cour a par ailleurs jugé que la vente d'armes au coeur de cette affaire n'était pas illicite.

    - Iskandar Safa: Il avait été mis en examen en 2005 pour des largesses présumées concédées à ses proches par cet homme d'affaires libanais. L'affaire s'est finalement conclue par un non-lieu général en octobre 2009.

    - Affaire ELF: mis en examen en 2001, Charles Pasqua a bénéficié d'un non-lieu.

    Le 21 juin dernier, Charles Pasqua a par ailleurs perdu un procès en diffamation qu'il avait intenté à l'eurodéputée écologiste et ancienne juge d'instruction Eva Joly, qui l'avait traité de "criminel" et d'"homme corrompu".

  • Julien Dray (PS)

    Visé par une enquête pour "abus de confiance" sur des mouvements de fonds suspects entre ses comptes et ceux d'associations dont il est proche. Julien Dray n'a au final pas été renvoyé en correctionnelle et n'a reçu qu'un rappel à la loi.

  • Rama Yade (UDI)

    Relaxée dans son procès pour inscription indue sur une liste électorale à Colombes (Hauts-de-Seine).

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