Les infirmières victimes de harcèlement

C’est ce que révèle une étude menée par la doctorante en psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Sarah-Geneviève Trépanier.

«Les comportements liés au harcèlement psychologique sont surtout connectés à la tâche de l’infirmière. Par exemple, il peut s’agir d’être ridiculisée au travail ou d’être affectée à des tâches au-deçà ou au-delà de ses compétences. On remarque que le milieu est plus vulnérable au harcèlement, entre autres par le type de travail qui s’avère très stressant», explique Mme Trépanier.

Des taquineries excessives, des gestes agressifs, de la bousculade, l'exclusion sociale et la surveillance excessive peuvent aussi être considérés comme des actes de harcèlement.

Pour être considérés comme du harcèlement dans le cadre de cette étude, les actes négatifs commis devaient avoir été effectués de manière répétée à raison d’au moins une fois par semaine et s’être étalés sur une période de six mois et plus.

Par contre, seulement 3,8% des 1179 infirmiers et infirmières interrogés se percevaient comme des victimes de harcèlement psychologique au travail. La chercheuse suppose que ce phénomène est probablement considéré par les répondantes comme étant une part intégrante de leur travail.

Infirmières en détresse

L’étude explique également que l’exposition à des comportements de harcèlement psychologique peut entraîner de la détresse psychologique et des plaintes psychosomatiques.

«Je voulais en faire mon sujet de doctorat parce qu’on parle peu de ce phénomène dans le milieu de la santé. Ça peut être très subtil, voire même sournois. C’est aussi néfaste que la violence physique. En comparant les infirmières victimes de harcèlement psychologique et celle qui n’en subissent pas, on remarque que celles qui en sont victimes ont plus l’intention de quitter leur emploi et même la profession. Elles sont moins motivées au travail», affirme la chercheuse.

D’autres études associent aussi l’exposition au harcèlement psychologique à l’épuisement professionnel et à la diminution de l’engagement de l’infirmière face à son travail.

La faute du boss?

Le plus souvent, le harcèlement psychologique proviendrait des supérieurs immédiats des infirmières.

«C'est logique puisque ce sont eux qui donnent les tâches aux infirmières. Par après, ce sont des collègues et des médecins que proviendraient le harcèlement», précise Sarah-Geneviève Trépanier.

Moins tabou

«Les infirmières semblent sensibles au phénomène et elles sont plus conscientisées qu'auparavant. On remarque que c'est moins tabou d'en parler», mentionne Mme Trépanier.

«Le taux de réponse au questionnaire a été élevé. J'ai pu parler à quelques-unes des infirmières. Je les sentais enthousiastes qu'on parle d'elles», ajoute-t-elle.

«Il faut sensibiliser le personnel infirmier à propos du harcèlement psychologique, de ses manifestations et de ses conséquences. L'employeur doit également instaurer et promouvoir des politiques explicites contre le harcèlement psychologique en milieu infirmier et clarifier la procédure de plainte. Une formation peut aussi être offerte aux gestionnaires pour les aider à reconnaître le harcèlement», a confié la chercheuse à L'Entête de l'UQTR.

Sarah-Geneviève Trépanier travailler maintenant à évaluer comment le harcèlement psychologique affecte les ressources psychologiques et comment cela évolue dans le temps. Elle a présentement tous les résultats en main.

Ses résultats ont été soumis à un journal scientifique pour parution au cours des prochains mois.

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