Les bébés sont-ils vraiment capables de faire des caprices ?

Souvent, les pleurs et les cris de votre bébé vous désarçonnent au point que vous ne savez plus quelle attitude adopter. Pourquoi refuse-t-il de s'endormir dans son lit ? Pourquoi pleure-t-il lorsqu'il n'est plus dans vos bras ? Comment réagir à ce qui ressemble à de la provocation, du pure caprice ? Didier Pleux, psychologue et docteur en psychologie du développement, auteur de "Un enfant heureux" (éditions Odile Jacobs), a répondu à nos questions.

 

A partir de quel âge un enfant commence-t-il à faire des caprices ?

Je dirais pour commencer que les bébés ne font pas de caprices. Le mot "caprice" en lui-même inclue de la perversité, une volonté d'embêter son monde (les parents), tout ce dont un tout-petit n'est pas capable. Si un bébé fait une grosse colère le soir avant de s'endormir alors que tout va bien, qu'il a été nourri, câliné, qu'il n'a pas de fièvre et ne souffre d'aucun maux, il n'est pas en train de provoquer ses parents, non. Cela signifie qu'il veut continuer dans son "principe de plaisir". S'il pleure et en particulier au moment du coucher, c'est simplement parce qu'il est frustré d'un plaisir qu'on ne lui donne pas. Il exprime quelque chose, il continue de réclamer de l'attention à sa maman. 

 

Les colères ou caprices pour reprendre ce terme ne commencent pas à un âge précis : un enfant ne va pas se mettre à faire du cinéma du jour au lendemain ! Ce qui est sûr, c'est que si l'on ne fait rien, cette attitude va se renforcer avec le temps. Si son caractère vous semble difficile, c'est parce que votre tout-petit a été habitué très jeune, dès ses premiers mois, à avoir tout ce qu'il voulait. Un bébé ne manipule pas ses parents, mais a le réflexe naturel de les tester. 

 

Les colères d'un enfant sont donc dues au comportement des parents ?

Complètement. A eux de se poser la question : qu'est-ce qu'on fait, ou qu'on ne fait pas, pour que notre enfant nous réclame sans cesse de l'attention ? Par exemple, un enfant qui s'endort mal est un enfant qui a été trop stimulé. Alors qu'au contraire, un bébé qui fait ses nuits tôt, qui ne pleure plus au moment du coucher, est un bébé avec une maman qui a tenu bon et qui a réussi à bien réguler les besoins de son enfant : les tétées, les rythmes de sommeil...

 

Mais n'est-ce pas culpabilisant pour les parents ? 

Non, tout n'est pas de leur faute. Notre société les habitue au "maternage excessif". Les mamans mettent en pratique ce qu'on leur conseille, et accourent au premier pleur de leur bébé. J'associe cela à de la "castration parentale", qui est stupide à mon sens.

 

Quelle attitude adopter avec son bébé ?

Commencer déjà par arrêter de trop materner, et surtout de croire que c'est ce qui rend son bébé heureux ! A la maman de réguler les rythmes de son enfant. Il faut se défusionner du petit, parfois le laisser pleurer, ne pas toujours le prendre dans ses bas. Il est important de lui imposer de bons rythmes très tôt, de faire preuve "d'autorité en amont". Et rassurez-vous, cela n'enlèvera en rien l'amour que vous lui portez.

 

Et comment faire si on a donné très tôt de mauvaises habitudes à son enfant ?

Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Il faut reprendre les choses en douceur, sinon l'enfant ne comprendrait pas le changement d'attitude soudain de ses parents. 

 

Même grand, à 5-6 ans, un enfant peut changer de comportement, à condition que ses parents modifient eux aussi leur attitude. A eux donc de revoir leur mode éducatif, de faire prendre conscience à leur petit le principe de réalité. C'est à dire qu'on ne peut pas être aimé, alimenté ou stimulé sans cesse. D'ailleurs, ne dit-on que "L'éducation, c'est de l'amour et de la frustration" ? C'est dur pour les parents, mais il faut le faire. Cela rendra en plus l'enfant plus solide, plus résistant. Il faut lui apprendre très tôt les réalités, tout en le respectant.

 

Pour bien faire, les parents peuvent s'aider de petits guides éducatifs. Par exemple, j'ai écrit "Une journée avec Zoup" (Editions Odile Jacobs),  un ouvrage qui, avec des mots très simples, expliquent aux jeunes enfants à quoi servent les règles de la vie de tous les jours, et aident les parents à mettre en pratique leurs principes d'éducation... Je crois aux apprentissages. Contrairement à ce pourrait penser Françoise Dolto, l'enfant n'est pas encore une personne à part entière, c'est un petit être en devenir.

 

Pour aller plus loin...

Lire notre dossier Colère, caprices, cris... Tout ce que vous n'avez pas encore essayé !

Découvrir tout ce qu'il faut savoir sur les pleurs de bébé

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