Les adeptes du tatouages ont plus de conduites à risques

D'où vient l'envie de tatouage? À l'adolescence, elle peut être le signe d'une souffrance psychique qui doit attirer l'attention des parents. Plusieurs études scientifiques ont montré que les jeunes gens qui ont eu recours à cette pratique sont également plus enclins à avoir des conduites à risques, comme une consommation de tabac et de cannabis, des relations sexuelles non protégées ou une tendance à la bagarre. Un chercheur en psychologie sociale de l'université de Bretagne-Sud met à son tour en évidence un lien entre tatouage et alcoolisation.

Son travail, à paraître dans la revue spécialisée Alcoholism: Clinical and Experimental Research, a été conduit le samedi soir à la sortie d'une vingtaine de bars de la côte bretonne. Près de 2000 jeunes gens, âgés de 20 ans en moyenne, ont accepté de souffler dans un Alcotest. Leur consommation effec­tive a ainsi été mesurée. «Nous avons constaté que ceux qui portaient un piercing ou avaient un tatouage sur le corps avaient bu plus d'alcool que les autres», explique Nicolas Guéguen.

Plus aventuriers et créatifs

Un Français sur dix aurait au moins un tatouage sur le corps, mais cette pratique attire en priorité la jeune génération. Un quart des 18-24 ans envisage ainsi d'y recourir, à en croire un récent sondage, alors qu'ils ne sont que 2% passé 35 ans. Les motivations sont différentes d'une génération à une autre. «Pour les plus jeunes, le tatouage peut être une façon d'affirmer son identité en se démarquant de ses semblables ou en s'opposant à ses parents, observe Marion Haza, psychologue et maître de conférences à l'université de Poitiers. Mais il est aussi souvent le reflet de l'appartenance à un groupe d'amis.» En France, les mineurs doivent avoir une autorisation parentale pour passer à l'acte.

Des travaux américains ont montré que les étudiants tatoués se décrivent comme plus aventuriers, moins conformistes, plus créatifs que les étudiants non tatoués. Selon Nicolas Guéguen, ces personnalités seraient en tout cas plus vulnérables et enclines à adopter des comportements dangereux pour leur santé. D'où l'importance pour les parents et psychologues de considérer ces marques indélébiles comme symptômes d'un possible mal-être, afin d'engager un dialogue.

Ayant étudié le lien entre conduites à risques et tatouages, Myrna Armstrong, du Centre scientifique et sanitaire de l'université technologique du Texas, met toutefois en garde contre les «stéréotypes». «S'il est important d'interroger l'origine du désir de tatouage, il ne faut pas le dramatiser, renchérit Marion Haza. Tout dépend du nombre de dessins et de leur localisation sur le corps, mais aussi d'éventuels autres signes de souffrance. En réalité, la plupart des jeunes qui ont - ou veulent - un tatouage vont très bien.»

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