Le temps du « vite, mal, beaucoup »

Publié le vendredi 02 décembre 2011 à 14H00 - Vu
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Quelques curieux ont assisté à la conférence d'Alain Maillard.

Quelques curieux ont assisté à la conférence d'Alain Maillard.

TERGNIER - La médiathèque a accuelli le sociologue Alain Maillard pour une brillante conférence sur l’accélération et la dispersion
des temps.

Objet d'études en sociologie et en psychologie, la question du temps passionne depuis l'Antiquité. Sénèque incitait déjà Lucilius à prendre soin de son temps.
Avec les différentes révolutions industrielles, le temps et la productivité ont été intimement liés pour créer de nouvelles synchronisations à l'échelle de la planète. Devant la multiplication des horaires (administrations, travail, école, loisirs, familiaux) et les gains de temps qui permettent de faire davantage de choses, au détriment parfois de la qualité de vie, de nouveaux mouvements mettent le hola, à l'image des chercheurs qui prônent la Slow science.
Dans le cadre de sa thématique sur le temps, la médiathèque a invité samedi dernier, le sociologue Alain Maillard, maître de conférence à l'université de Picardie Jules-Verne à Amiens.
La distance travail domicile multipliée par 10
Passionné par ces questions d'accélération et de dispersion des temps depuis 10 ans, le sociologue a retracé avec brio, les différentes étapes vers la mise en place de l'aire de l'horométrie : de l'invention de l'horloge (image du luxe, au Moyen Âge), jusqu'à maintenant, en passant par la révolution industrielle, où « le temps n'est plus orienté par la tâche, mais tout est mesuré en durée de travail. Nous sommes dans une économie du temps de travail. Nous sommes payés en nombre d'heures, au XIXe siècle, c'était la journée », argumente le spécialiste.
Pour autant, la mise en place et la synchronisation extrême est récente. Et le sociologue de rappeler qu'au XIXe siècle, « on n'avait pas les mêmes horaires dans les gares de France ». Une synchronisation qui a obligé à une organisation plus rationnelle, interdépendante, à l'image des chaînes de montage de l'automobile qui nécessitent l'utilisation d'outil vitesse électrique.
Une nouvelle façon de travailler facilitée par les déréglementations européennes des années quatre-vingt et la levée dans les annés 90 de l'interdiction pour certaines professions de travailler la nuit. Des mesures qui ont multiplié l'utilisation des 2/8, 3/8 ou 4/8 ou de temps de travail morcelés à l'image des femmes de ménage qui travaillent avant l'ouverture des bureaux puis vers 16 h, sans forcément rentrer chez elles, pour économiser les trajets.
Car ces nouvelles activités spécialisées au temps de fonctionnement propre s'accompagnent d'une organisation spatiale en zones (commerciales, hospalières, administratives) qui multiplie les déplacements. « En l'espace de 40 ans, on a multiplié par 10, l'espace domicile-travail. Il est passé de 3/4 km à 30/40 km », précise M. Maillard.
Et d'un côté, les cadres bougent trop et les travailleurs précaires qui acceptent plus volontiers ces horaires décalés, ont du mal à se déplacer. Pour éviter, le surmenage les solutions sont individuels en faisant moins de choses. Au nouveau collectif, les solutions sont plus difficiles à mettre en place et nécessitent une vue générale à l'image des bureaux des temps.

Conférence à retrouver à la médiathèque.


Thibaut VERRIER


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