Le grand malheur de la psychologie humaine

Le plus grand malheur de la psychologie humaine, en ce qui concerne la société, est bien cette propension à se réunir, en foule, pour acclamer l'idole ou réclamer, au chef, quelques largesses !

Dans le premier cas, il y a ce besoin, cette intention de se réchauffer à ses semblables, à se conforter dans sa vérité.

Dans le deuxième cas, l'aveu de son infantilisme.

Autre chose encore est la pâmoison devant son idole ; là, on atteint le fond bien que le vide n'ait pas de fond.

Tout le show business a été bâti autour de cette composante de l'homme ! Et le show business a influencé jusqu'à la politique !!

Je me demande encore ce que l'on peut espérer ,quel changement, à employer les armes qui nous ont asservis !

En Orient, par tradition, le maître est un maître à penser. En Occident, un maître ou son avatar futile est l'être de toutes les adorations : une idole. ( Et je ne parle pas que de Johnny Halliday ou des Beatles, mais de Freud mais de Lacan, etc.).

Certes, se réchauffer aux autres, se conforter, ensemble, dans une conviction commune, ancrer en soi encore davantage ses vérités, est un plaisir, un plaisir nécessaire pour beaucoup qui s'y rechargent.

Mais pour l'efficacité, on repassera !

L'homme ne peut s'unir en nombre dans un but commun, il sombre toujours dans la soumission et le pouvoir, il est en cela très humain ! Cependant il s'organise en sociétés gigantesques : il est très bête, sans ressembler le moins du monde à un animal. Ah ! Dérive exquise du vocabulaire.

 

Le travail humble, quotidien, d'écoute, d'ouverture, de travail en commun est beaucoup moins gratifiant pour mes contemporains impatients.

Et encore ressentons-nous, peut-être, ce travail comme nécessaire pas les temps qui courent alors que ça ne devrait être qu'évidence de contacts, de proximité !

Les résultats sont maigres et les petits plaisirs sont rares.

L'humilité ne se trouve pas à l'état endémique dans nos contrées.

Et pourtant.

Au train où vont les choses et au point où nous sommes rendus, le seul travail à faire est un travail d'instruction, d'écoute et de mise en confiance ; de l'éducation populaire.

Seulement l'éducation, qu'elle soit ou non populaire, est un travail de longue haleine !

Atteindre la profondeur de la compréhension des choses publiques, débusquer, démontrer et dénoncer les mensonges, prendre conscience de la réalité insensée de nos politiques, ce n'est pas une mince affaire.

Tout le monde et chacun ne vise qu'à conserver ne serait-ce qu'un semblant d'harmonie, un semblant d'équilibre. Aussi, ne pas vouloir voir ce qui ne nous convient pas, autorise tout : l'aveuglement , bien sûr, la surdité, la perfection de son égoïsme dans l'indifférence, le retrait, l'abandon, le déni, la soumission... tout danger auquel il faut s'attaquer.

Le discours le plus courant aujourd'hui est : « Ah, que veux-tu ! C'est comme ça ! » sous-entendu : l'homme est comme ça, on n'y peut rien et...basta !

Ainsi, dans sa vie personnelle adopte-t-on le repli, le sauve-qui-peut et, dans la vie politique

parait-il plus aisé de séduire, d'acheter, de convaincre même si au bout de cette conviction nous ne trouvons pas la responsabilisation.

Faire toujours la même chose, sans que cela lasse, n'offre jamais le recul sur les écueils, forcément toujours les mêmes, et ne donne aucune raison de changer.

Or, il semble bien que le « monde » ayant lui-même changé, pendant que nous continuions nos gesticulations, nécessite d'autres prises d'armes, d'autres arguments, d'autres actions.

La plupart, toute empreinte de tressaillements, n'en voit pas l'utilité.

Comment être de gauche(!) pour de vrai(!) et être conforme en tous points au profil type de notre société néo-libérale, consumériste, déraciné, superficiel et futile ?

Si nous n'y prenons pas garde, il y aura toujours des petits soldats pour perpétuer le processus.

Il faut dire, pour leur défense, qu'il y a aussi, parallèlement, toujours assez d'esprits vacants ou passifs à capter !

De là à vouloir transformer ces esprits vacants et potentiellement captifs en esprits libres et responsables, il n'y a pas un pas mais un chemin long, besogneux et patient.

Et je ne parle pas de tous ceux qui qui sont déjà captifs – sans retour probable- d'autres vérités.

Où allons-nous donc ?

Je ne sais. Je me décourage.

Car il y a en politique et dans quels camps que ce soit autant d'arrêtés au connu, autant de certitudes, autant de violences. Et la seule chose que l'on en devine est la justesse ou peut-être la générosité.

Ou l'ajustement à nos valeurs.

À regarder de plus loin il semble que tout soit figé : qu'il s'agisse d'un rapport de force, d'un concours de séduction personnalisée, de flatteries, de récupérations d'antiques valeurs pourtant obsolètes, d'appels au bon sens qui n'est le même pour aucun, de promesses, de combats courageux, nous tournons en rond depuis quelques décennies pour ne pas dire des siècles, dans les mêmes eaux.

C'est que chacun veut drainer vers son but, attirer à ses vérités.

Et je ne parle là que des contradicteurs, des opposants au pouvoir en place qui étouffe tant qu'il faudra bien finir par le juguler !

Les premiers arrivés, une fois en place, n'ont plus aucune écoute : les textes sont bouclés, admis, il ne suffit plus que de rallier la majorité !

Et c'est tout le travail d'un parti politique.

C'est à cet endroit précis que tout dérape.

Le rôle, voire l'importance d'un parti politique aujourd'hui dans ce monde obsolète, où rien n'a jamais été fait par eux pour la simple vie du petit peuple et sa culture, pour la vie simplement de notre environnement naturel, végétal ou animal, n'est plus qu'un rôle d'habitude, une survivance.

Le constat de cette inanité, seul, devrait nous mettre la puce à l'oreille.

Je ne croirai plus jamais au père Noël et ce n'est pas faute d'y avoir persévéré !

Ouvrir les yeux est beaucoup plus douloureux que pouvoir rêver encore...

...mais dans un premier temps seulement car une fois que l'on a les yeux ouverts, tout d'un coup le monde s'éclaire ! Quoi plus normal ?

Les évènements toujours nous mènent, la seule chose que l'on puisse faire c'est s'y préparer, si on les pressent.

La prise de conscience, globale, est un seuil en de-ça duquel on ne pourra jamais revenir ; c'est en cela qu'elle est radicalement différente du savoir, qui s'oublie ou qui se fait dépasser par un autre.

Accepter le réel n'est pas se soumettre, c'est plutôt rejeter l'illusion ou les illusions, ce qui ne manque pas d'être une phase extrêmement douloureuse ; c'est ne guère compter sur des recours, c'est n'avoir plus espoir que dans son courage.

C'est ce courage qui nous gardera lucide... sur notre pouvoir à changer les choses, et dans quelles mesures.

Une politique meilleure s'instaurerait-elle ?

Elle sera éjectée demain par le camp adverse : nous avons été un certain nombre à croire que les acquis étaient acquis et force est de constater qu'il n'en est rien, qu'il n'en a jamais rien été et que, probablement il n'en sera jamais rien.

Dans cette société individualiste, jamais les individus ont été aussi uniformes, formatés, réduits : c'est jusqu'aux fondements qu'il faut gratter.

Ne jamais faire de son corps et de son esprit une pyramide pour un piédestal

Ne jamais obéir, ne jamais accepter aucune idée, aucune pensée aucune loi sans se l'être appropriée, en connaissance de cause

Ne jamais chercher l'approbation du plus grand nombre

Ne pas faire de la fidélité une prison

Rester vides, ouverts, disponibles, vigilants.. et garder son courage

Ainsi, pourrons-nous nous engager contre un pouvoir qui a été laissé livré à lui-même jusqu'à l'indécence par tous les dénis et les paresses de notre psychologie atrophiée.

Pour finir et en revenir à nos plus cruciaux problèmes immédiats, face à la soumission de notre gouvernement qui laisse passer l'impuissance, inscrite dans le marbre, des peuples vis à vis de leur sort, suite à l'acharnement de notre précédent gouvernement à déposséder le peuple de sa souveraineté ( si elle n'a jamais existé dans les faits !), je pense qu'il faut agir au plus vite, au mieux, faire fi des rancoeurs, des différences, utiliser toute notre énergie, user de tout notre pouvoir pour y parvenir.

Expliquer, discuter, exiger un référendum ! N'importe quoi pour que ce cauchemar s'arrête !

 

Les voies sont nombreuses pour y parvenir et toutes les voies sont bonnes si elles sont sincères.

Si l'on ne cherche pas à maîtriser le monde, à le mettre à notre pas, si l'on oeuvre pour la justice et pour la possibilité pour chacun de vivre dignement, alors toutes les voies sont bonnes.

Mais pour s'assurer de cette sincérité il faut bien, avant, combattre l'ignorance ; combattre l'ignorance en nous-mêmes, sans complaisance.

 

« Je n'accepte pas le monde tel que je le vois et le subis, je n'accepte pas la douleur qui en est la loi. Je m'insurge, et pour moi et pour mes frères. Je chercherai le moyen de les délivrer et de me délivrer moi-même. Je crois à la possibilité de réaliser l'entreprise sans aucun secours surnaturel. »

« ...Obéir est une sorte de mort momentanée. Tant que dure l'acte d'obéissance, nous cessons de vivre notre vie pour devenir le prolongement de celle d'où nous tenons notre impulsion.

L'action la meilleure, la plus noble soit-elle, accomplie dans ces conditions, est sans valeur au point de vue du développement mental de celui qui agit en automate. »

« Tu aideras chacun à posséder les fruits de son travail. »

« … ne pas ravir à notre prochain les fruits de son travail. »

infimes extraits de : « Le bouddhisme du bouddha » d'Alexandra David-Neel. ( éditions du Rocher)

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