Des relations sociales tendues modifient les propriétés du système immunitaire
Une étude américaine montre que de mauvaises relations sociales modifient certaines propriétés de notre système immunitaire. Une piste qui permettra peut-être de comprendre comment l’état psychologique d’une personne peut peser sur sa santé.
«Il faut étudier sérieusement l’impact de nos relations sociales sur notre santé.» C’est ainsi que Shelley Taylor, professeur de psychologie à l’Université de Californie (Los Angeles), résume les travaux qu’elle cosigne cette semaine dans la revue PNAS. L’étude constate que certaines molécules biologiques – des cytokines – réagissent aux événements de la vie sociale d’un individu.
Le rôle des cytokines
«Les cytokines sont des molécules impliquées dans la communication cellulaire, explique Irène Garcia-Gabay, de l’Université de Genève, qui travaille sur leur rôle dans la lutte contre les infections. Ce sont des signaux qui déclenchent la réponse immunitaire à une agression physique, une plaie, par exemple, ou une bactérie.» Normalement, ces molécules disparaissent sitôt que leur message a été reçu par les agents du système immunitaire chargés de lutter contre l’agression. «Mais, si elles persistent, elles peuvent à la longue provoquer des maladies inflammatoires chroniques, comme les polyarthrites rhumatoïdes.» Certaines cytokines sont aussi soupçonnées de jouer un rôle dans une large palette de pathologies, comme l’hypertension, le diabète et certains cancers.
A l’Université de Californie, Shelley Taylor et ses collègues ont décidé de voir si l’impact de la qualité des relations sociales pouvait s’observer dans les taux de deux cytokines, connues pour favoriser les inflammations. L’équipe a donc sélectionné un groupe de 122 personnes – jeunes et en bonne santé – en leur demandant de répondre à un questionnaire sur la qualité des relations sociales vécues au cours de la journée, tous les soirs pendant huit jours: étaient-elles vécues comme positives, négatives ou compétitives? Quatre jours plus tard, les taux des deux cytokines ont été mesurés par des prélèvements buccaux. Ensuite, chacun a été placé dans une situation de stress – un exposé devant un public atone, voire hostile – et les prélèvements ont été refaits.