Le clown, un art universel

L'image de Patch Adams vous apparaît? C'est viser juste que d'associer les deux personnages, puisque le clown trifluvien a justement accompagné le maître médecin-clown en Russie en novembre dernier. Guillaume Vermette, alias Yahou le clown, a visité des orphelinats et autres centres de santé à Moscou et à Saint-Pétersbourg.

C'est Guillaume Vermette qui a contacté Patch Adams directement, pour lui proposer ses services. «Il est très ouvert à recevoir l'aide des autres», partage l'amuseur en évoquant sa démarche auprès du médecin qui organise à chaque année ces voyages d'aide humanitaire en ex-URSS.

«J'ai pleuré très souvent. J'ai vu des choses horribles qui m'ont fait pleurer de tristesse, et j'ai vu de très belles choses qui m'ont fait pleurer de joie, d'émotion», confie le jeune homme de 23 ans, en pensant à la fois aux bénéficiaires des soins qu'à ceux et celles qui les prodiguent.

Parmi la quarantaine de clowns qu'il a côtoyés en Russie, il y avait ces Hollandais avec qui il s'est lié d'amitié. Jumelé à une clown des Pays-Bas qui parlait néerlandais, Yahou le québécois s'est mis à parler français, et sa partenaire sa langue maternelle aussi.

Le duo s'est rendu compte qu'il tenait quelque chose, en interagissant avec les enfants ou les patients dans une langue qui leur était inconnue. «Nous avons réalisé que nos interactions de clown étaient plus efficaces en français et en néerlandais! Parce que finalement, tout est dans l'émotion et dans le geste», a constaté le Mauricien.

Guillaume a retraversé l'Atlantique le 22 décembre pour reproduire l'expérience de la Russie aux Pays-Bas, avec sa partenaire hollandaise et un autre collègue qui se joindra à eux quand son horaire le lui permettra. Jusqu'au 3 janvier, les clowns visiteront des hôpitaux, centres de santé mentale ou refuges pour sans-abris pour semer un peu de bonheur et de fantaisie à travers la maladie ou la solitude.

Membre de l'Association des clowns du Québec, Yahou s'est produit un peu partout au Québec, dont avec le Fabuleux Cirque estival et au Festival Juste pour rire de Montréal. Formé notamment à l'École de clown et comédie Francine Côté, il parsème ses animations d'acrobaties, de jonglerie, d'improvisation, de sculptures sur ballons, de performances en échasse et en monocycle.

Détenteur d'un certificat en psychologie, Guillaume Vermette a aussi joué au sein de la Ligue d'improvisation mauricienne et de la Ligue universitaire d'improvisation de Trois-Rivières. Avant son séjour en Russie, il avait déjà pratiqué son art en Espagne, en République Dominicaine et à Saluit, dans le nord québécois.

L'expérience du clown trifluvien démontre à quel point l'art clownesque est universel, à quel point il transcende les cultures et franchit les barrières de la langue. «La Russie m'a prouvé que oui, c'est universel, c'est humain. C'est un outil simple, basé autour des émotions», observe-t-il.

«Les hôpitaux peuvent être perçus comme des environnements drabes ou lourds. Mais nous, on peut transformer ça en n'importe quoi. Par exemple, il m'est arrivé de jouer au golf imaginaire avec un patient», illustre-t-il.

Le défi est-il plus imposant lorsqu'il s'agit de divertir des gens qui n'ont pas, a priori, le coeur à rire? «J'ai été entraîné pendant des années dans les arts de performance, et j'ai réalisé que c'est plus facile avec des gens qui en ont vraiment besoin», dit-il en comparant avec un public plus blasé comme celui des «enfants de riches» qu'il faut divertir lors d'un anniversaire.

Guillaume Vermette souhaite exploiter davantage le volet clown missionnaire. Conscient qu'il y a des enfants malades et défavorisés en Mauricie, il réfléchit à des projets qu'il pourrait réaliser dans son milieu. D'ici là, il sait déjà qu'il retournera en Russie en juillet prochain avec Maria's Children, qui propose des ateliers d'arts de cirque pour des orphelins, et répétera l'expérience avec Patch Adams, encore en Russie, à l'automne 2012.

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