Le bonheur passe aussi par la méditation de pleine conscience

Apparue il y a trente ans aux Etats-Unis, la méditation de pleine conscience connaît un succès grandissant. Serait-ce le nouvel antidote pour guérir d’un monde de plus en plus stressant?

Mais qu’ont-ils tous à méditer? A voir les livres se multiplier sur les présentoirs des libraires et les stages fleurir un peu partout, on se dit qu’on a dû louper quelque chose. Méditer pour se soigner, pour éviter de rechuter, pour arrêter de fumer, pour mieux dormir ou simplement pour être heureux... Oui, mais pas n’importe comment. Foin de baba sur le retour ou d’illuminés, ici il s’agit de pleine conscience – de mindfulness
comme cette technique est désignée aux Etats-Unis où elle a vu le jour il y a une trentaine d’années. Portées aux nues de part et d’autre en Occident, serait-ce le nouvel antidote pour guérir de notre monde stressé?

C’est en tout cas l’avis de nombreux adeptes. Tous disent avoir appris à voir le monde autrement, à prendre de la distance face à la pression du quotidien. Un peu à la manière d’un moine tibétain, à l’instar du scientifique bouddhiste Matthieu Ricard qui prête depuis longtemps son cerveau à la science afin de rendre compte des effets de la méditation sur ce dernier. C’est aussi l’avis de Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute française qui vient de publier

Tout est là, juste là (Ed. Odile Jacob), une ode à la méditation en pleine conscience pour petits et grands.

Cette spécialiste des surdoués en est convaincue, méditer permet aussi bien un mieux-être au quotidien chez les adultes que de réduire des troubles de l’attention chez l’enfant.

Cela renforce la concentration et, de fait, nous sommes plus attentifs à nos mécanismes de pensée et à nos émotions. Nous pouvons ainsi sortir du pilotage automatique dans lequel on se retrouve trop souvent dans la vie de tous les jours.

De la pratique personnelle à la formation académique

Inspirée de la tradition bouddhiste, mais sans connotation religieuse, la pleine conscience s’est peu à peu fait sa place dans le monde scientifique et médical. D’abord dans le cadre de la gestion du stress et de la douleur, puis dans le traitement des troubles liés à la dépression. A Genève, la Faculté de médecine et la Haute Ecole de santé (HEdS) vont inaugurer une formation continue destinée aux professionnels de la santé dès la rentrée de septembre.

Responsable du programme des troubles anxieux au service des spécialités psychiatriques des HUG, le professeur Guido Bondolfi est le premier en Suisse à avoir introduit cette pratique dans un cadre hospitalier voici une dizaine d’années. Il se veut toutefois prudent face à l’emballement médiatique et met en garde contre une utilisation de la pleine conscience à toutes les sauces: «Il est vrai que cette technique peut s’appliquer à des domaines très variés mais la validation scientifique manque dans de nombreux cas.»

Son efficacité a toutefois été prouvée pour réduire les symptômes anxieux et dépressifs. Mais là encore, «ce n’est pas la panacée», avertit le spécialiste:

La méditation de pleine conscience ne guérit pas la dépression mais elle permet en revanche de réduire de moitié les risques de rechute chez les personnes en rémission.

Surtout, l’imagerie cérébrale a démontré que, de manière générale, sa pratique améliorait l’attention et la régulation des émotions. Résultat, comme l’explique Guido Bondolfi: «Plutôt que de péter instantanément les plombs face à un automobiliste qui vous coupe la route, on apprend à écouter ses émotions afin de décider en pleine conscience de l’attitude à adopter.»

© Migros Magazine - Viviane Menétrey

 

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