L’Agapè sous la vigilance de l’évêque du Puy

Société


Mgr Henri Brincard, êveque du Puy-en-Velay

Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay a demandé un audit des sessions Agapè, régulièrement organisées dans la cité ponote depuis 2005. En octobre dernier, tous les évêques de France ont reçu le rapport de travail du groupe de réflexion "spirituel et psychologie" présidé par Mgr Michel Santier. Le rapport contient des remarques très critiques au sujet d’un livret remis aux retraitants. 

Une école de vie et de prière
L’Agapè existe depuis dix ans. Fondée par un psychologue-psychothérapeute et un médecin psychiatre, membre de la communauté des Béatitudes, l'association "Anne-Peggy Agap

è" se décrit, entre autres, comme "une école de vie et de prière qui tient compte des souffrances psychiques, des difficultés relationnelles, des épreuves particulières de la vie spirituelle". Elle organise des retraites de plusieurs jours qui se sont définitivement fixées au Puy en Velay en 2005 grâce à l’action de Mgr Brincard, évêque du Puy.

"Dès le début, j'ai exercé ma vigilance épiscopale"
Mgr Brincard rappelle que l'association est "indépendante du diocèse du Puy" et qu'elle "assume seule la responsabilité de la conduite des sessions". En revanche, l'évêque précise que, parce que les sessions "se déroulent dans des locaux appartenant au diocèse et aussi parce que l'association se réclame de la foi de l'Eglise catholique, dès le début, j’ai exercé ma vigilance épiscopale sur ces sessions, sans d’ailleurs rencontrer la moindre réticence de la part des organisateurs".
Il a ainsi réuni autour de lui, un conseil de surveillance et d’accompagnement ou conseil de vigilance comprenant des membres du conseil d’administration de l’Agap

è, des médecins dont un psychiatre, des théologiens, des prêtres de paroisse. 

Objectif de l'Agapè 
"L’objectif est avant tout un objectif spirituel mais cette démarche spirituelle ne néglige pas les interactions possibles avec la dimension psychologique de l’homme, ni les outils de la connaissance humaine et psychologique. Le but n’est pas la guérison, au sens médical du terme, ni même le mieux-être psychologique. C’est d’abord un chemin de conversion et de réconciliation avec Dieu, avec soi-même, et avec les autres." (extrait du site internet)

Un livret sous haute-surveillance
Chaque retraitant dispose d’un "livret de cheminement". Etudié puis sérieusement modifié, il a été refondu totalement et la nouvelle édition est utilisée depuis janvier 2011. Mgr Brincard rappelle que le livret critiqué dans le rapport de travail du groupe de réflexion n’est plus en usage aujourd’hui.
Par ailleurs, les "discernements ont été affinés en ce qui concerne les personnes admises à suivre une session". En clair : les motivations des retraitants et les éventuelles contre-indications d’ordre pathologique sont vérifiées par une commission composée, entre autres, d'un médecin et, parfois, d'un psychiatre. Le suivi des personnes après une session fait aussi l’objet d’une réflexion approfondie.

"Il faut se réjouir que des chrétiens se mobilisent"
"Le sérieux du travail accompli par le conseil de Vigilance m'a amené à continuer d'accueillir les sessions", conclut l'évêque qui se dit "déterminé à poursuivre l’exercice de (sa) vigilance pastorale" d'où l'audit demandé. Mgr Brincard réitère son soutien à l'Agap

è, "ainsi que le dit si bien le rapport "spirituel et psychologie", il faut se réjouir que des chrétiens se mobilisent pour aider leurs frères à accueillir l'amour de Dieu, en particulier dans des situations de souffrances".

"Ca a transformé ma vie"
"De nombreux retraitants ont donné des témoignages très positifs, explique Mgr Brincard. Ils ont notamment affirmé que de telles sessions ont été une étape décisive dans leur chemin de foi ainsi qu’une aide précieuse pour dépasser diverses épreuves." C'est le cas d'Alix, une retraitante de 58 ans. Cette Parisienne est venue il y a quelques années pendant cinq jours.
"Ca a transformé ma vie, confie-t-elle. Si je n'avais pas fait l'Agapè, j'aurais été incapable de relativiser toutes mes souffrances. Cette semaine là, j'ai pardonné beaucoup de choses, des pardons très forts et irréversibles. Il n'y a plus de victimisation, plus de rancoeur. Et après, on se sent libre, léger et plus confiant. La vie continue. On a tous été touchés." Alix était pourtant méfiante au début, elle s'est beaucoup renseignée avant de s'inscrire. "On peut se dire qu'il y a un risque de manipulation pour les personnes fragiles. Mais, pas du tout. Il y a une totale liberté". Si elle estime ne pas avoir besoin de revenir, sa "transformation" a convaincu son mari de tenter l'expérience.

Alexandra du Boucheron

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