L’affaire Rachel Singer – la critique – aVoir

Oubliez le film à Oscars ou le mélo sirupeux, John Madden signe un thriller bien calibré mêlant espionnage et psychologie.

L’argument : Un ancien agent du Mossad qui a pris part à une mission secrète il y a trente ans pour capturer et faire juger un criminel de guerre nazi, doit retourner en Europe de l’Est pour revivre le traumatisme lié à ces événements et découvrir la vérité. Elle doit à présent payer sa dette...

© Walt Disney France

Notre avis : Remake d’un film israélien du même nom, inédit en salles chez nous, le nouveau long-métrage de John Madden semble, sur le papier, ne pas avoir grand-chose en commun avec ses précédents films, Shakespeare in Love et Capitaine Corelli, pour les plus connus. Pourtant, derrière le thriller d’espionnage, c’est un triangle amoureux, qui est à l’origine de l’histoire de ces trois agents du Mossad. La fille issue de deux de ces agents tirera en effet un livre retraçant leur mission secrète, laquelle semble toutefois dissimuler un lourd secret dont on découvrira la teneur à travers un long flashback.
Si la partie espionnage n’atteint pas le réalisme de l’excellent film d’Eric Rochant, Les Patriotes (tout se joue beaucoup plus rapidement ici, sans pour autant tomber dans le spectaculaire), celle-ci se montre suffisamment convaincante et bien construite. Pourchassant un ancien nazi, trois agents du Mossad (deux hommes, une femme, deux possibilités) ont pour mission de le conduire en Israël pour le faire juger. Nous sommes en 1966. La confrontation avec celui que l’on appelle le chirurgien de Birkenau se montre particulièrement réussie et éprouvante. Pour l’approcher et dans le but de préparer l’enlèvement, la jeune espionne doit en effet se laisser ausculter par cet homme, devenu gynécologue. Terrifiante façon de mêler l’horreur absolue renvoyée par le bourreau à la partie la plus intime de son corps.

© Walt Disney France

Dans sa seconde partie, La Dette joue beaucoup plus sur la psychologie des personnages. Condamnés à retenir prisonnier l’ancien nazi dans leur planque, en attendant de pouvoir l’expédier en Israël, les agents se retrouvent tiraillés entre leur désir de mener leur mission jusqu’au bout et l’envie de se faire justice eux-mêmes (tandis qu’elle le rase, le prisonnier profère les pires horreurs à l’égard du peuple juif). De cette mission, il en restera finalement des traces immuables, qu’elles soient physiques (la cicatrice sur la joue) ou plus profondes (l’amour perdu, le secret difficile à porter qui conditionnera toute leur vie) qui donnent au film une belle consistance, un bel impact (sur les conséquences de nos actes, de nos choix).

© Walt Disney France

Si la réalisation de John Madden se révèle classique, elle sait se faire discrète pour intelligemment mettre en avant son histoire et ses personnages (le casting sans fausse note dont une belle révélation, Jessica Chastain, que l’on retrouvera avec plaisir dans le prochain Terrence Malick, Tree of Life). Seul le final, pas totalement maîtrisé, sonne un peu trop hollywoodien. La Dette n’en demeure pas moins un captivant thriller de très bonne tenue.


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