La réduction à 5 ans du mandat présidentiel a plus désacralisé la …

Atlantico : Nicolas Sarkozy a été interviewé à l’Élysée ce lundi. Plusieurs questions ont tourné notamment autour de ses « états d’âme » quant à son avenir politique. Comment expliquer une telle fascination pour les affects du Président ?

Franz-Olivier Giesbert : Cela me paraît tout à fait normal. C’est l’une des fonctions du journaliste : s’intéresser à la politique, à l’économie, mais aussi à la psychologie des dirigeants politiques. Après, c’est au président de la République de bien vouloir répondre ou pas. Mais dans la mesure où il s’était déjà exprimé sur ce sujet devant des journalistes, il est naturel qu’ils le relancent.

 

Même lorsque ses propos étaient off ?

Bien sûr ! Et quand on tient des propos off devant plusieurs journalistes, on sait très bien qu’ils finiront par être publiés.

 

S’agit-il d’une particularité française ?

J’ai vécu aux États-Unis et les questions sur la psychologie étaient aussi la norme. Même de grands journalistes américains comme Mike Wallace ne se gênaient pas pour faire des interviews entières sur la psychologie de Ronald Reagan.

 

La France se distingue-t-elle par son rapport sensiblement différent à l’égard de son Président, perçu parfois comme un monarque ?

C’est compliqué. Pour ce qui est de l’interview de lundi, Nicolas Sarkozy s’exprimait en tant que Président, mais aussi comme candidat. Il a d’ailleurs admis qu’il se présenterait le jour venu.

J’ai publié plusieurs biographies et lorsque vous écrivez sur Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ou François Mitterrand, vous vous intéressez largement à leur psychologie. C’est important de savoir en quoi leurs traits de caractères ont influé sur leur politique et leur gestion des événements. Ils sont tous très différents les uns des autres. J’aime ainsi beaucoup la phrase de Jean-Pierre Raffarin : "Mitterrand pensait en siècles, Sarkozy pense en secondes et Chirac, en millénaires".

 

Un tel intérêt pour la psychologie des dirigeants politiques ne détourne-t-il pas de leurs idées politiques ?

Les idées sont le produit de l’histoire, mais elles doivent aussi être confrontées à des personnages. S’il n’y a personne pour s’en emparer, elles n’existent pas.

Pour revenir à la question du « monarque-président », les Français ont voté pour le quinquennat, on en voit aujourd’hui le résultat. C’est le résultat du court-termisme. Aux États-Unis, la situation est encore pire : vous avez quatre ans de mandat, si bien qu’à peine élu, le Président pense déjà à sa réélection. En France, c’est presque le cas.

Par conséquent, on ne peut plus considérer le président de la République française comme un monarque car son mandat est trop court. La réduction de ce mandat a, selon moi, été une mauvaise action contre la fonction du Président. Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que Nicolas Sarkozy est le premier Président de la République élu sous un quinquennat.

 

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