La psychologie, un sujet tabou ou trop délaissé : une semaine …

La semaine dernière était dédiée aux maladies psychologiques. À Tourcoing, de nombreuses structures et associations sont là pour accompagner les patients à s'en sortir ou ceux qui ont tout juste quitté un centre spécialisé, à se réinsérer dans la société. Une forme de cri d'alarme que n'entendrait pas l'État... Ils ont entre 12 et 18 ans. Ce sont de jeunes adolescents qui devraient mordre la vie à pleines dents. Et pourtant, leur quotidien est un déchirement, au point d'avoir parfois des idées noires, des idées de mort. À l'Espace Tom à Tourcoing, on accueille ces ados qui voudraient souffler, parler, faire autre chose que celles qui leur font mal. « Nous sommes un centre de santé mental (CSM). Ce n'est en aucun cas un centre aéré, mais des séances de thérapie, parfois de groupe », explique Maud Julie, psychologue au CSM. Ici, pas de dossiers médicaux, il est même fortement déconseillé de parler des traitements que prend chaque adhérent. Les soins en groupe permettent pour cela de s'investir dans des créations où chaque patient a un objectif bien précis à accomplir. C'est en ce sens que le docteur Vincent Garcin a créé les équipes mobiles : « De nombreux jeunes n'osent pas venir jusqu'à l'Espace Tom, alors on vient à eux avant qu'il ne soit trop tard ». Manon, Pierre, Brandon ont pu bénéficier de ces soins d'urgences. À l'occasion du tournage d'un documentaire promouvant l'équipe mobile ( La patrouille de l'espoir), ces trois ados ont témoigné de leur dépression.

Parler dans un lieu rassurant et neutre, c'est aussi tout l'intérêt de l'association tourquennoise GEM Nord Mentalités. « Le local est ouvert toute la semaine pour les adhérents majeurs », indique Juliette Gautier, coordinatrice d'action sociale. « Nous ne sommes pas des médecins, et l'intérêt de l'association est de se reconstruire socialement, sans évoquer les traitements passés ou encore en cours.

 » Des livres, des jeux, une cuisine sont ainsi mis à la disposition de tous ceux qui souhaitent par ces biais : parler, s'évader, trouver de l'aide ou encore une oreille attentive. Et ça marche ! Depuis deux ans, Djamel, de Tourcoing, fréquente l'association : « J'aide pour tout ce qui est administratif, l'entretien des locaux. La convivialité de ce lieu me plaît beaucoup et me fait du bien.

 » Même constat pour Patrick. « Moi, ça ne fait que deux mois que je viens. Mon quotidien se résume aux activités proposées par GEM Nord Mentalités. » Dans les conversations, il est rare d'entendre pourquoi tel adhérent est allé à un point de non retour, au point d'être soigné et hospitalisé. « Le principal, aujourd'hui, est de réapprendre à vivre en société, toujours dans une dynamique de groupe », insiste Juliette Gautier. « On agit très souvent en prévention avec l'éducation nationale, enchérit le docteur Garcin. On ne peut malheureusement ne compter que sur nous-même l'État ne nous aidant pas, même dans le nouveau plan santé mentale (PSM) lancé par la secrétaire d'État, Nora Berra. » •

KARINE MÉZIÈRE

Leave a Reply