La psychologie sur tous les fronts

VILLENEUVE D ASCQ / DANS LES LABOS DE LILLE 3

La psychologie sur tous les fronts

Le labo Ureca dispose d'un ingénieur qui conçoit des outils de recherches.

L'Unité de recherche en sciences cognitives et affectives s'intéresse au comportement normal et pathologique. Elle s'appuie sur les technologies les plus innovantes.


ISABELLE DUPONT isabelle.dupont@nordeclair.fr
Difficile d'être exhaustif concernant Ureca (Unité de recherche en sciences cognitives et affectives) tant les applications des recherches qui y sont menées sont vastes.
Disons, pour simplifier, qu'Ureca c'est plusieurs grands axes thématiques développés autour de quatre équipes de psychologie. Premier axe : le fonctionnement cognitif normal et pathologique avec l'équipe « Perception-action-communication » (PAC) qui travaille sur les relations entre perception et comportement, ou comment les actes moteurs intentionnels contribuent à structurer les expériences perceptives, les traitements cognitifs et la communication sociale. Avec toutes les retombées que l'on peut imaginer pour les personnes montrant des difficultés motrices. « Les études menées en imagerie cérébrale montrent par exemple que la présence d'objets proches de nous, active dans notre cerveau les mêmes zones que celles utilisées pour agir sur ces objets, comme si nous étions inconsciemment déjà en train d'agir sur eux, ou prêts à le faire alors que nous ne faisons que les observer..., explique Yann Coello, directeur d'Ureca. C'est la magie de la cognition, quand on ouvre les yeux, on a l'impression d'un monde homogène, continu et sans limites mais le cerveau est déjà en train d'organiser ce qu'il perçoit sous la forme d'interactions possibles avec l'environnement (les objets proches et éloignés sont traités par des zones différentes du cerveau). Le monde extérieur est perçu comme un monde d'actions possibles, ceci concernant les objets comme les personnes de notre entourage. »

Schizophrénie
et sentiment d'intrusion

Ainsi, lorsqu'on marche dans la rue, le cerveau traite les distances entre les différentes personnes afin de préserver un espace personnel tout en favorisant le contact social. Ces travaux peuvent avoir des applications directes dans le domaine de la réalité virtuelle ou l'étude de certaines pathologies. Dans le cas de la schizophrénie par exemple, des personnes montrent des difficultés à se représenter leur espace personnel ce qui se traduit par une tendance à augmenter les distances les séparant des autres personnes. Dans la continuité de ces travaux, l'Unité de recherches travaille sur la question des comportements violents en société. « On étudie les liens entre violence et gestion des espaces sociaux, en faisant l'hypothèse que certaines personnes pourraient présenter des risques de comportement agressif du fait d'un sentiment d'intrusion répétée de leur espace personnel. »
Quand l'image a ses limites
Deuxième axe de recherche au sein de l'équipe PAC, spécialité de Yann Coello, l'étude des implications cognitives de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. « Les nouveaux modes de diffusion des informations visuelles et les systèmes nomades multi-média sont de plus en plus utilisés, et nous devons aujourd'hui nous interroger sur l'impact de ces usages sur la cognition et sur les nouveaux modes d'apprentissage qu'ils vont engendrer. Au sein d'un programme scientifique pluridisciplinaire intitulé " Visual Studies ", nous nous intéressons à la façon dont les contenus visuels numériques sont perçus et comment nous interagissons avec eux. Nous vivons dans un monde où l'image domine, mais l'image a ses limites et pour augmenter le contenu des informations il faut envisager le recours à d'autres systèmes sensoriels, comme l'audition par exemple. Sur le plan technique, cela nécessite de contrôler en temps réel l'émission sonore en fonction de la position du regard. Ce genre d'innovation représente un challenge technique et psychologique important pour le futur. » Des projets qui intéressent la pub, les concepteurs de sites web, les artistes... mais qui trouvent également leurs applications dans le domaine de l'éducation (livres interactifs...) et bien sûr du handicap. « On peut envisager des interactions avec l'environnement pilotées par le regard. » Du côté de « Psychologie du langage, son acquisition et ses dysfonctionnements » (PLAD), coordonné par Séverine Casalis, on cherche à identifier les mécanismes impliqués dans l'acquisition de la lecture et de l'écriture, dans les relations langage oral-langage écrit, et plus généralement à comprendre la façon dont nous percevons le langage, depuis la perception (des lettres, des sons) jusqu'à leur signification. Dans le domaine des apprentissages et de ses troubles, cette équipe étudie plus particulièrement la dyslexie (trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture) et la dysphasie (trouble spécifique du langage oral). Comment on apprend les mots d'une langue étrangère, comment on perçoit les mots selon l'accent régional sont également des questions qui intéressent l'équipe...
Enfin, tous ces travaux seraient impossibles sans la plateforme technologique, M-PACE, labélisée Centre régional d'expertise scientifique et technique (CREST). Cette plateforme comprend des équipements technologiques de haute précision pour l'étude des comportements humains (oculomètres, systèmes d'enregistrement des réponses comportementales, émotionnelles et cérébrales...). Encore une autre des spécificités d'Ureca.w


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