- L’Economiste: Les cas de névrose en entreprise, sont-ils nombreux?
- Abdellatif Salhi: Ils sont légion! La névrose se manifeste à travers des comportements ambivalents qui se répercutent automatiquement sur le climat social de l’entreprise et qui impactent in fine sa productivité. Dans ce genre de structure, les collaborateurs ressentent un mal diffus, ils sont désorientés et ont des difficultés à se positionner.
- Comment les traiter?
- Le leader se trouve face à deux choix: soit il prend conscience de son état et s’accepte, et là nous pouvons passer à une psychothérapie. Ou bien il opte pour le déni. Dans ce cas, il souffre et fait souffrir toute l’entreprise. La plupart du temps, c’est le déni qui l’emporte, car il s’agit d’un mécanisme de défense. Le processus de changement est toujours rejeté en entreprise névrosée puisque, par nature, notre inconscient rejette les bouleversements. Lorsque la névrose s’installe, elle bloque toute forme d’efficacité managériale, parce que les individus sont dans une situation de mal-être.
- Les patrons névrosés peuvent-ils néanmoins apporter quelque chose de positif à l’entreprise?
- Vous savez, tout le monde a sa névrose. Freud disait: toute l’humanité est ma clientèle. Il disait aussi qu’il y avait une relation étroite entre la névrose et le génie. Elle peut donc être source d’inspiration, mais pas en entreprise. La névrose barre la route au développement personnel des collaborateurs, à la créativité, et se répercute de manière négative sur les comportements sociaux puis sur le rendement des personnes. Si vous êtes un patron névrosé, vous ne pouvez pas apporter une sécurité de base aux hommes. Or, c’est extrêmement important dans toute relation.
Propos recueillis par Ahlam NAZIH