La peur au ventre

La peur de la récidive du cancer est un sentiment très répandu chez les personnes atteintes de cette maladie. Le niveau de crainte que le cancer revienne ou se propage à travers tout le corps serait particulièrement élevé dans les jours entourant l’opération chirurgicale visant à extraire la tumeur. Après ce point culminant, il tendrait ensuite à décroître légèrement et à se stabiliser.

C’est ce que révèle une étude réalisée principalement par Josée Savard, professeure à l’École de psychologie et chercheure au centre de recherche du CHU de Québec, auprès de 962 patients de l’Hôpital du Saint-Sacrement et de l’Hôtel-Dieu de Québec. La recherche consistait à mesurer leur crainte que se manifeste à nouveau la maladie, et ce, sur une période d’un an et demi. Lors de la rencontre préopératoire, les participants étaient invités à répondre à diverses questions reliées à leur état psychologique. Ils refaisaient le même exercice 2, 6, 10, 14 et 18 mois après avoir été opérés. Aucune de ces personnes n’était atteinte de cancer avec métastase à distance.   

«La peur de récidive était très élevée au départ, soit avant l’opération. Elle a ensuite commencé à décroître légèrement après deux mois et est demeurée stable jusqu’à la fin de l’étude, explique Josée Savard. Entre 44 et 56%, des patients ont rapporté une cote clinique de peur de récidive. Essentiellement, cette cote nous permet de juger que la peur de récidive est sévère et que le patient devrait être pris en charge par un professionnel de la santé psychologique.»

Par ailleurs, les personnes aux prises avec des cancers aux pronostics moins favorables, comme ceux touchant la tête et le cou, avaient développé une peur plus grande et plus persistante de récidive. Même chose pour celles qui recevaient des traitements de chimiothérapie. Les patients qui avaient connu des épisodes de récidive au cours de l’étude étaient aussi plus anxieux. Pour eux, la récidive était devenue une triste réalité.

«La peur que le cancer revienne peut vraiment empoisonner une vie, indique Josée Savard. Il est donc important de faire davantage d’efforts pour mettre au point des traitements psychologiques et les offrir avant que le problème devienne chronique. Certaines personnes peuvent entretenir cette peur durant des années…»

Enfin, contrairement à ce que pensent certains, rien ne prouve qu’il existe une relation quelconque entre la peur d’une récidive et la réapparition du cancer. «Cette idée contribue seulement à culpabiliser les gens», affirme la chercheuse.

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