Jung et Freud : divergences et points de ruptures

Dans cet exposé, nous tenterons de comprendre en quoi les théories de Jung diffèrent de celles du célèbre Sigmund Freud, à la fois maître, collègue et opposant de Jung. Il est vrai que les relations personnelles et théoriques entre les deux hommes sont complexes. En 1890 (à 15 ans), Jung lit pour la première fois La science des rêves, œuvre qu'il trouve très intéressante. Mais ce n'est qu'en 1903 qu'il prend véritablement partie pour Freud, estimant auparavant que se prononcer pour lui pourrait nuire à sa carrière universitaire. En 1906, Jung prend contact avec les travaux de Freud. L'année suivante, les deux psychanalystes se rencontrent à Vienne, et engagent une discussion qui dure treize heures. Les deux hommes se rejoignent sur de nombreux points, notamment l'importance qu'il faut accorder au transfert dans la méthode psychanalytique, la critique du dogmatisme de la religion traditionnelle.

[...] Jung se place alors face à la limite entre conscient et inconscient, il voit les deux. Freud affirmait que le dynamisme psychique est dû à la dualité entre pulsions du moi et pulsions sexuelles. Jung déplace ce fondement sur une double dualité : la dualité créativité destructivité ; et la dualité instinctivité spiritualité, ces deux dualités n’étant pas superposables (il existe par exemple des pulsions spirituelles destructrices). La méthode thérapeutique repose en grande partie chez Freud sur le phénomène de transfert, c’est-à-dire, par exemple, le phénomène qui se produit quand le malade reporte sur le médecin l’image du père, faisant ainsi du médecin, pour la malade, une solution presque idéale de son conflit. [...]

[...] Le conflit érotique, chez Jung, consiste en une opposition entre pulsion de plaisir et besoin de filiation. Il porte moins d’intérêt que Freud à la sexualité de l’enfant, et s’attache surtout à l’état des névroses dans leur aspect actuel Vers d’autres domaines d’étude Bien que Freud ait insisté sur leur caractère vain et inutile, Jung ne renonce pas à ses théories sur la religion, la mythologie, la spiritualité et l’occultisme Le religieux et le mythologique Dans une interview à propos de son film A dangerous Method (sorti en 2011, film racontant les relations complexes entre une femme souffrant d’hystérie nommée Sabina Spielrein, Freud et Jung), le réalisateur David Cronenberg affirme : Les gens pensent que c’est la sexualité, mais je ne pense pas que ce ne soit que cela. [...]

[...] Selon Jung, il peut être mieux interprété si nous comprenons les points de référence symboliques universellement partagés, existant dans l’inconscient collectif. Le rêve, dans la théorie jungienne, prend naissance spontanément sans que la personnalité consciente (Moi) y contribue, il est un produit naturel de la psyché. Il est, tout comme le mythe, la manifestation de l’inconscient collectif. Il est une porte ouverte sur l’inconscient, et a pour principale fonction de contribuer à l’équilibre psychique. Ce sont les contenus symboliques tels que les motifs mythologiques ou les images primordiales (de Dieu par exemple) qui apparaissent dans les grands rêves qui attirent tout particulièrement l’attention de Jung, alors que Freud ne porte pas d’attention particulière à ce type de rêves. [...]

[...] Mais nous savons par expérience que sur ce chemin de la psychologie analytique nous apprenons l’“attitude”, précisément, en réponse à laquelle une réalité transcendante peut venir à nous Sciences «occultes et synchronicité ? Freud s’oppose à l’occultisme, il considère que les phénomènes parapsychologiques sont fantaisistes, alors que Jung s’y intéresse particulièrement. Dans son livre Ma Vie, Jung rappelle une formule de Freud qui témoigne de ce rejet (et de l’importance qu’il accorde à la théorie sexuelle) : Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C’est le plus essentiel ! [...]

[...] En s’intéressant aux éléments naturellement inconscients, Jung élargit le champ de recherche de la psychanalyse au départ restreint par Freud aux éléments inconscients qui proviennent de l’éducation Le rêve comme outil en psychanalyse Chez Freud, le rêve est une représentation de désirs refoulés dans l’inconscient par le surmoi. Il masque un contenu latent tel que le désir œdipien. Dans le rêve, les désirs inconscients peuvent s’exprimer plus librement que lorsque le sujet est réveillé. Freud pense que les rêves proviennent tous de traumas sexuels. Chez Jung, le rêve est plus précisément une expression de la sagesse de l’inconscient collectif, il est une tentative pour résoudre les conflits psychiques, ce qui lui confère une valeur prémonitoire. [...]

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