Joao Carlos Pereira: «Servette doit retrouver la place due à son rang»

Football | Rencontre avec le nouvel entraîneur des Grenat. Il parle de son parcours et de sa philosophie.

Daniel Visentini | 09.12.2011 | 00:00

Il est l’homme qui remplace Joao Alves. Joao Carlos Pereira n’est bien sûr pour rien dans le limogeage de son prédécesseur, mais il doit composer avec. Pas forcément simple. Qui est le nouvel entraîneur de Servette? Cette question mérite une réponse. Et c’est Pereira qui a accepté de se raconter.

Dans le lobby de son hôtel, en attendant de trouver un logement, c’est un homme calme et souriant qui s’avance. La défaite contre Zurich, pour son premier match, ne l’a pas affecté. Il n’était pas tenu à un miracle avec une équipe déstabilisée et privée de plusieurs titulaires. Dimanche, c’est à Lucerne qu’il tentera d’engranger ses premiers points. En attendant, il se dévoile.

Joao Carlos Pereira, si vous deviez vous présenter, que diriez-vous de vous?
Que je suis une personne qui aime ce qu’elle fait. J’ai une grande passion pour mon métier. Et j’essaie de m’améliorer en permanence. Je lis beaucoup de livres. Souvent connectés au football. De la psychologie, de la philosophie, des choses sur la programmation neurolinguistique. Tout cela aide en plus de ma formation d’entraîneur.

D’où venez-vous au Portugal?
D’un petit village près de l’Atlantique: Sao Pedro de Moel. C’est près de Leiria, à 120 km au nord de Lisbonne. J’ai eu la chance de toujours jouer au football dans les rues, depuis tout petit, tous les jours… Je suis issu de la classe moyenne portugaise, mes parents tenaient un petit bistrot et une épicerie. Alors j’allais à l’école, j’aidais mes parents à l’épicerie et je jouais au foot. Avec un ballon, j’ai toujours été heureux.

Et les rêves du petit Joao Carlos…?
Je crois que j’ai toujours voulu devenir footballeur professionnel. J’ai avec moi les valeurs que m’ont transmises mes parents et je veux être un honnête homme. Mais le foot pro, c’était depuis toujours mon rêve.

Et comment cela s’est concrétisé?
J’ai commencé en troisième division, dans un petit club. Nous sommes montés en deuxième division. Et ensuite je suis parti à Academica Coimbra. Je devais avoir 20 ans. Je jouais ailier ou milieu offensif.

Pourtant, vous êtes devenu entraîneur très tôt, à 32 ans. Que s’est-il passé?
Une grave blessure à 23 ans, les ligaments du genou gauche. Je n’ai pas pu revenir aussi fort qu’avant, j’avais des douleurs, je ne pouvais plus suivre tous les entraînements. J’ai décidé de retourner à l’école et de redevenir joueur amateur. Ce n’était pas une décision simple, mais le foot pro était terminé pour moi. Je voulais même arrêter définitivement le foot après l’université, où je suivais des cours de management.

Mais le football vous a rattrapé…

Oui. On m’a proposé une place de responsable de la formation dans un club de troisième division. J’ai accepté. L’entraîneur de la première est tombé malade, on m’a demandé de prendre sa place par intérim. On s’est sauvé de la relégation puis l’année d’après, on est monté en deuxième division. C’était le début de ma nouvelle vie.

On parle souvent de l’école portugaise, dans la lignée de Mourinho. Est-il l’exemple à suivre?
Je ne veux pas être une copie de Mourinho. Mais il y a effectivement une méthodologie nouvelle au Portugal, dont il est issu et que j’épouse aussi.

Pouvez-vous l’expliquer?

C’est une méthode qui met le travail tactique au centre de tout. Avant, il y avait les facteurs, que l’on travaillait séparément: le physique, la technique, la psychologie et la tactique. Or, il ne faut pas diviser, mais appliquer tout cela de manière globale, avec un accent mis sur la tactique. De la même manière qu’on ne peut pas diviser un joueur en plusieurs parties. Le foot, c’est un système vivant.

Et quel football prônez-vous?
Je veux de la créativité. Mais avec un schéma qui guide cela. Regardez le Barça: il y a une formidable circulation du ballon. Mais selon certains critères qui sont établis. Il faut un équilibre. Pour que les joueurs trouvent l’ordre dans le chaos qu’est un match de football.

Et Servette? Quel premier diagnostic posez-vous?
Je sens que c’est un grand club, qui dormait et qui se réveille. Servette doit retrouver la place due à son rang. C’est une équipe jeune, qui vient de retrouver l’élite de football suisse. Il faut garder cette ambition dans le groupe, cette dynamique.

Comment s’est passée votre arrivée à Genève?
J’ai été contacté le dimanche. J’ai rencontré Majid Pishyar à Paris le lundi. Le projet m’a séduit et je suis là. Nous sommes tombés d’accord sur un contrat jusqu’en juin 2012. Je ne l’ai pas encore signé, mais c’est purement formel. Ce sera fait bientôt.

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