Il est vrai qu'il est choquant, pour des étudiants, de voir augmenter les frais de scolarité et cela peut être difficile financièrement pour certaines personnes. Par contre, je suis un peu choquée de la tournure des événements. Les étudiants ont parfaitement le droit d'exprimer leur opinion et de faire des manifestations. Ce qui me dérange, c'est que les étudiants qui sont contre la grève doivent subir les actions des étudiants qui sont pour.
M'empêcher d'entrer sur le campus, m'interdire d'aller à mes cours, venir faire du bruit pendant qu'un enseignant donne un cours sont des actions qui briment mes droits. Si manifester et crier son opinion sont des droits, aller à mes cours (que j'ai payés) en est aussi un.
Pourquoi je suis contre la grève? D'abord, une majorité d'étudiants universitaires se font payer leurs études par leurs parents. L'autre majorité obtient des prêts et bourses et une minorité est réellement en difficulté financière. Par contre, je ne crois pas que les manifestants fassent partie de cette minorité, puisque s'ils avaient des difficultés financières, ils ne perdraient pas leur temps dans les rues.
Pour ce qui est des prêts et bourses, la majorité (il ne faut pas généraliser) n'utilisent pas ceux-ci à des fins scolaires. La plupart s'achètent des gadgets électroniques, se paient des voyages dans le sud ou de l'alcool tous les week-ends. Ces étudiants ne veulent pas voir leurs frais de scolarité augmenter, alors qu'ils paient une session quelques milliers de dollars pour en manquer plusieurs semaines. Où est la logique?
Je suis contre la grève, comme plusieurs autres étudiants, je ne vois pas l'utilité de manquer les cours pour lesquels j'ai payé. Je me suis donc rendue à l'Université, le 4 avril, pour prendre part à mon cours. Les étudiants bloquaient les entrées au cours, mais comme la sécurité s'est montrée, j'ai pu, avec plusieurs autres entrer à mon cours, en me faisant crier des bêtises. À l'heure où le cours devait commencer, les manifestants ont envahi la classe. Un débat a éclaté et plusieurs personnes ont manqué, selon moi, de respect à la direction.
Mais où sont la maturité et le respect des droits? Si les manifestants peuvent bloquer les entrées, déranger nos cours et crier des bêtises, pourquoi ne pourrions-nous pas aller à des cours que nous avons payés?
Le but de mon texte n'est pas de critiquer les manifestants. Seulement, il serait important que tous ceux qui sont pour
la grève comprennent qu'ils
briment les droits de leurs confrères.
Est-ce normal que je sois stressée d'aller à mes cours parce que je ne sais pas ce que les gens vont faire pour m'empêcher d'entrer? Est-ce normal que je paye une session entière pour manquer plusieurs semaines de cours? Est-ce normal que la sécurité fasse partie de nos cours et que les enseignants subissent les grabuges des manifestants? Je ne crois pas. L'éducation est un droit et je n'ai pas à lutter pour recevoir mes cours.
Chers manifestants, vous voulez parler de démocratie, parlons-en. Une assemblée générale a été organisée dans le but de voter pour ou contre l'arrêt de la grève, il y a quelques semaines. Le vote a donné comme résultat l'arrêt de la grève.
Alors le fait de refaire un vote de grève dans le département vient à l'encontre de la démocratie. Lorsqu'une décision est votée, il faut la respecter que l'on soit d'accord ou non. En votant par département, vous essayez de vous donner une deuxième chance, parce que vous n'avez pas eu ce que vous vouliez à l'assemblée générale. Repensez à votre définition de la démocratie, parce que ce que vous faites présentement n'en fait pas partie.
Emy Pilon
Trois-Rivières