J’ai survécu à un accident d’avion, voici en quoi cela a changé ma vie


PSYCHOLOGIE- Selon le dictionnaire, un miracle est un événement que la science et les lois naturelles ne peuvent expliquer. On l'attribue généralement à une force supérieure. J'ignore ce qu'il en est vraiment. Tout ce que je sais, c'est que j'ai été le témoin d'un phénomène extraordinaire qui me dépasse. Dès l'instant où j'ai été grièvement blessé, mon corps a commencé à guérir. C'est pour moi la définition même du miracle, et je ne peux que m'incliner devant ce fait.

Note de la rédaction : l'auteur de ces lignes a survécu à un accident d'avion et revient dans son livre, dont voici quelques extraits, sur la manière dont il a réussi à surmonter cette épreuve.

Le sentiment de reconnaissance est vraiment un puissant remontant. Mais, comme tout ce que nous vivons, cette gratitude ne dure pas éternellement. Quelques jours plus tard, je suis entré dans une période de grave dépression telle que je n'en avais jamais traversée. Je n'aurais jamais pensé qu'une personne plutôt heureuse et optimiste de nature puisse sombrer ainsi dans le désespoir. Mes journées, interminables, étaient d'une tristesse insondable.

Je me suis pesé en rentrant de l'hôpital. Deux mois à manger de la bouillie sans faire travailler mes muscles m'avaient fait perdre une douzaine de kilos. La gravité des brûlures n'avait pas arrangé les choses. Avant l'accident, j'étais en bonne condition physique mais mon corps était à présent décharné et je me sentais très faible. A ceux qui seraient tentés par l'expérience, sachez que je ne recommande vraiment pas ce type de régime... accéléré. Heureusement, j'aime manger mais je savais que j'aurai du mal à reprendre rapidement du poids sans m'abîmer la santé. Il m'a fallu huit mois pour récupérer les cinq premiers kilos, et j'ai encore du chemin à faire.

Dès ce premier jour, j'ai compris que ma guérison devrait être ma priorité, aussi longtemps qu'il le faudrait. En clair, je ne devrais m'occuper que de moi. Cet égocentrisme ne me ressemblait pas -du moins je l'espère- mais il me fallait voir les choses en face: si je ne guérissais pas, ma vie serait un enfer et je serais un poids pour mon entourage.

Susanna souffrait énormément à cause de ses vertèbres fracturées. Il aurait fallu qu'elle se consacre elle aussi à sa convalescence mais comme j'étais incapable de subvenir à mes besoins les plus élémentaires, elle allait devoir m'aider. Contrairement à moi, elle était en effet capable de se déplacer et menait une vie à peu près normale, même si elle ne pouvait pas se pencher ou soulever quoi que ce soit. Elle devait aussi porter un corset du matin au soir qui l'enserrait de la taille jusqu'au cou.

Mes blessures étaient plus graves que les siennes. Ma guérison allait donc être difficile à tous les niveaux, physique, mental et émotionnel. Je le savais, mais j'étais loin d'imaginer à quel point le chemin serait dur. Nous n'avions jamais été confrontés à un tel défi, et il allait peser lourdement sur chacun de nous. A toute heure de la journée, je ressentais le besoin de m'allonger. Moins par fatigue -même si j'étais épuisé- que par apathie, un mécanisme de défense bien connu des médecins. Dans certaines situations, nous avons le choix de nous battre, de fuir ou d'abandonner. Je n'avais aucun ennemi, à part moi-même, et aucune échappatoire. Ma seule option, l'inertie, se traduisait par un besoin irrépressible de me coucher, dans l'espoir de dormir. Ca a duré deux mois, puis ça s'est arrêté sans que je le décide. Le moment était simplement venu de passer à autre chose.

A l'époque, j'ignorais que j'avais frôlé la mort. Je ne l'ai su que plus tard et j'avoue que je n'étais pas toujours reconnaissant de ce qui m'arrivait. Je goûtais encore par moments aux plaisirs simples de l'existence, mais mes journées étaient surtout faites de douleur, d'angoisse et du désir constant de retrouver ma vie d'avant. Je n'arrêtais pas de me plaindre, et j'avais l'impression d'avoir fait tout ce dont j'étais capable. Chacune de mes tentatives me causait davantage de souffrance. Mes mains n'étaient plus bonnes à rien. Je n'arrivais plus à saisir une fourchette ou ma brosse à dent. Je ne pouvais plus me laver, m'habiller, ni m'essuyer tout seul. J'étais désespéré. Ma vie n'avait plus de sens.

Rien n'est pire que l'envie de s'accrocher à l'idée que les choses auraient pu être différentes. La souffrance naît de ce désir insensé. Mais la réalité est ce qu'elle est. La seule chose à faire, c'est de mobiliser toute son énergie et son obstination afin que les choses évoluent.

Ce texte est extrait du livre Through the flames, Overcoming disaster through compassion, patience and determination, écrit par Allan Lokos, et publié sur le HuffPost avec la permission de Tarcher/Penguin Random house. Copyright © 2015. Il a été traduit par Fast for word

Lire aussi :

» Retour sur le crash de l'avion de Germanwings, l'une des pires catastrophes aériennes

» Comment survivre à un tueur armé

» Règle de sécurité en haute montagne: comment survivre?

» Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici

Découvrez d'autres articles santé, alimentation, tendances et sexualité dans notre rubrique C'est la vie

Retrouvez les articles du HuffPost C'est la vie sur notre page Facebook.

Open all references in tabs: [1 - 7]

Leave a Reply