[Interview] Michael Almereyda, réalisateur d’Experimenter : « J …

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string(10304) "Rencontre avec le réalisateur américain Michael Almereyda a l'occasion de la présentation en avant-première de son dernier film Experimenter sur le psychologue américain Stanley Milgram dont les expérimentations en matière d'obéissance menées dans les années 50 continuent d'alimenter bien des controverses.

 

Lire notre critique du film. 

Vous abordez dans votre film un sujet fascinant - les expériences de Stanley Milgram -, qu'est-ce qui vous a touché, donné envie d'aborder ce sujet ?
J'ai découvert le travail de Milgram à travers son livre « Soumission à l'autorité » il y a une dizaine d'années. Le sujet m'a fasciné et j'ai commencé à m'y intéresser en rencontrant des proches de S. Milgram et son épouse toujours en vie. Plus j'avançais dans mes recherches, plus l'envie de traiter non seulement de son travail mais aussi de sa vie et des liens entre ces deux éléments a grandi. L'écriture du scénario m'a pris 2 ans et le film a été tourné en 20 jours. Je voulais apporter à la fois un éclairage sur son travail et ses expériences mais aussi sur sa manière de penser et sur son courage et sa clairvoyance.
Aujourd'hui S. Milgram est cité dans tous les ouvrages qui parlent de psychologie et d'autorité à travers le monde. Il y a même eu un jeu ici en France (« Le jeu de la mort » sur France Télévision en 2010 NDLR) sur son expérience.

Quels sont les obstacles, les contraintes que vous avez rencontré ?
C'est très simple en réalité, le plus dur c'est de financer. Le budget du film est inférieur à 2 millions de Dollars, c'est très faible. C'est difficile de trouver un financement pour un film indépendant « intello » qui parle de psychologie et de sociologie. On m'a dit « si tu veux avoir un financement, il faut un mec avec un flingue » (rires).

Néanmoins pour un film indépendant, vous avez réuni un très beau casting (Peter Sarsgaard et Winona Ryder qui jouent S. Milgram et son épouse, NDLR), comment avez-vous fait ?
En fait je connaissais certains des acteurs depuis très longtemps, ce sont des proches. Pour Peter, c'est son agent qui lui a fait lire le scénario à me demande et il a tout de suite été intéressé. Dans le film il rend très bien le « détachement » de S. Milgram.
Winona je la connais depuis qu'elle 16 ans et j'avais toujours eu envie de travailler avec elle. Peter et elle se connaissent de longue date et ils incarnent très bien le couple Milgram dans le film, ils en sont le reflet que j'espérais.

Qu'est-ce qui a intéressé les acteurs dans votre travail ?
Je ne sais pas, peut-être l'idée de faire quelque chose de mieux que d'habitude, de jouer dans un bon film avec un beau rôle (rires). Plus sérieusement, du point de vue de S. Milgram les acteurs sont aussi un sujet. Ils illustrent bien le concept d' « étranger familier », c'est peut-être aussi cela qui les a attiré.

Winona Ryder est rare au cinéma. Elle interprète Sasha (diminutif d'Alexandra NDLR), l'épouse de Stanley Milgram dans votre film, que pouvez-vous nous dire sur Winona et sur Sasha Milgram qui est toujours vivante ?
Sasha Milgram a beaucoup collaboré à la réalisation du film. Je l'ai rencontré de nombreuses fois et les acteurs aussi. Je sais qu'elle a apprécié l'interprétation de son rôle par Winona, elle est très contente.
Winona est quelqu'un que j'apprécie beaucoup et depuis longtemps. Nous savons tous qu'elle a connu des difficultés et que c'est une personne fragile. Elle a été célèbre très jeune et, surtout pour les femmes, c'est toujours difficile dans ce cas-là. Elle est super et sous-estimée, elle est prête pour de grands rôles et j'aimerai beaucoup retravailler avec elle.

Vous utilisez des techniques de mise en scène particulières dans votre film, que recherchiez-vous ?
En fait j'utilise certains des techniques utilisées par S. Milgram dans ses propres films, comme le « face camera » où l'acteur semble s'adresser directement au spectateur. Il en a réalisé six en tout. Les deux premiers sont les meilleurs. « Obedience » (« Obéissance ») sur sa plus célèbre expérience tourné en noir et blanc en 16mm est très puissant. « The City and the Self » traite de son concept d' « étranger familier ». C'est une sorte de documentaire poétique. Il a ensuite réalisé quatre autres films dans les années 70.
J'aime beaucoup ses films mais ils sont très difficiles à trouver en dehors du circuit universitaire, on peut en trouver certains sur Youtube et j'ai mis l'extrait de l'un d'eux dans le générique du film.
Pour la technique particulière des décors de théâtre de certaines scènes, cela illustre l'idée que dans la vie certains moments peuvent sembler plus réalistes que d'autres. Et cela me sert aussi à montrer que pour S. Milgram, son expérience va faire partie de sa vie.

Savez-vous si les expériences de S. Milgram ont été reproduites depuis sa disparition ?
Oui et à plusieurs reprises. Pour le jeu à la télévision française mais aussi dans certaines universités comme à Santa Cruz en Californie mais avec des restrictions car ces expériences sont toujours très controversées.

Les expériences S. Milgram ont donné lieu à d'autres films par le passé, les connaissez-vous ?
Je connais « The 10th Level » avec William Shatner qui est très mauvais (Rires). D'ailleurs dans mon film j'ai un peu « romancé » car en réalité S. Milgram n'a pas pris part au tournage. Je sais qu'il existe aussi un film français sur le sujet, un thriller, « I comme Icare » avec Yves Montand mais je ne l'ai pas encore vu. On vient juste de me le donner. Mais ce sera diffèrent je pense car il s'agit d'un thriller. Mais pour ce film là, S. Milgram était présent sur le tournage.
Ce qui est étonnant en parlant de films sur S. Milgram, c'est que l'an passé quand j'ai présenté mon film au Sundance festival, il y avait un autre film sur une expérimentation psychologique qui a aussi fait beaucoup parler. C'est l’expérience des « prisonniers de Stanford » qui a été menée dans les années 70 aux USA par Philip Zimbardo qui était étudiant en même temps que S. Milgram dans les années 50 en psychologie. C'est une étrange coïncidence. (NDLR : P. Zimbardo étudiait à Yale, S. Milgram à Harvard, tous deux en psychologie. S. Milgram a ensuite réalisé l'essentiel de ses travaux à Yale où il enseignait et où il a croisé P. Zimbardo. L'expérience de P. Zimbardo a donné lieu au film « The Stanford Prison Experiment » de Kyle Patrick Alvarez avec Ezra Miller nominé au Sundance festival 2015).

Est-ce que ce n'est pas étrange de présenter votre film dans des festivals avec des jurys dans lesquels on imagine que le fameux « effet de groupe » mis en avant par S. Milgram n'est pas anodin ?
C'est vrai qu'il y a une certaine ironie dans tout cela mais on ne peut pas échapper au conformisme et je ne peux pas prétendre changer la réalité. J'aimerai essayer de changer un peu les consciences et c'est aussi pour cela que je suis très content que mon film avec son petit budget soit aussi distribué en France.

Vous avez une vie artistique riche, vous avez travaillé avec Wim Wenders, David Lynch, Paul Verhoeven, quel regard portez-vous aujourd'hui sur le cinéma américain ?
Je ne peux pas porter de jugement définitif, c'est juste mon expérience personnelle. J'ai été très content de travailler avec eux. Mais mon sentiment c'est que tous les réalisateurs pensent qu'ils sont sous-estimés et sous-payés, même Spielberg (Rires), donc je ne peux pas me plaindre.

Parlez-nous de l'éléphant...
Je comprends ce que vous voulez dire. En fait je ne parle pas français et cet éléphant c'est la mise en image d'un expression anglaise « elephant in a room ». Je ne sais pas s'il y a un équivalent en français. On l'utilise quand on fait référence à quelque chose d'énorme, que tout le monde voit mais dont personne ne parle. A ce sujet, l’éléphant du film vient du New-Jersey et il a été plus dur de le convaincre de jouer dans le film que les acteurs et en plus c'est lui le mieux payé (Rires).

Aujourd'hui sur quoi travaillez vous ?
Je prépare un film sur un autre scientifique, Nikola Tesla. C'est l'inventeur du système électrique dans lequel nous vivons. Il avait comme rêve que l'énergie soit libre et gratuite pour tous mais nous voyons que ce n'est pas le cas. J'espère pouvoir finir ce film pour la fin de l'année 2016.

Pour gagner vos places pour voir le film, jouez à notre jeu-concours.

Sylvain Lefevre

Visuel : photo officielle

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Alors que l’avant-première de son film « Je veux être actrice » où il fait jouer et sa ravissante fille de dix ans Nastasjia et son papa, a lieu le 11 janvier et que le film sort en salles le 20 janvier 2016, Frédéric Sojcher a répondu à nos questions sur les acteurs et la transmission. Rencontre avec un « malade de cinéma » qui interroge les limites entre la vie, le documentaire et la fiction.

C'est venu de votre fille l'idée du film ? C'est elle qui un jour a dit « c'est quoi être actrice » ?
Au début, ça devait être un autre film, appelé l'enfant et le philosophe, qui aurait été entre mon père et ma fille, et l'idée c'était de créer un lien à travers le film entre le grand-père et la petite-fille. Et aussi de parler de la spécialité de mon père : la philosophie. Mais on n'a pas trouvé de financement, c'est ça aussi le cinéma. Et puis on m'a dit : « Mais pourquoi tu ne développes pas plutôt un film sur les acteurs ? ». Tout a coup, ça a été une forme d'illumination. Ma fille a suivi des cours de théâtre et elle a toujours voulu être comédienne…

Y-avait-il un scénario précis pour le film ou est-ce tourné de manière plus « libre »?

Tout était prévu en fait. Et le film correspond à ce qui a été prévu alors que le scénario est totalement différent de l’origine. C’est ça qui est intéressant, ce mélange entre maîtrise et lâché prise. Il y a la structure qui permet au film d'advenir et en même temps il y a plein de choses auxquelles on ne pense pas qui peuvent advenir..

Les dialogues sont-ils "écrits" ?
Les dialogues sont pas écris pour les comédiens, mais les questions posées sont préparées ensemble en amont. Quant au rôle de ma fille, le film un mélange entre ce qui était écrit et ce qu'elle a improvisé sur le moment même. C’est à cela que Denis Podalydes fait référence quand il dit « tu joues un rôle ou t'es toi même ? ». Il a compris qu'il y avait un dispositif et une préparation. C'est ça qui m'intéresse : Quand est-ce qu'on commence à jouer ? Est-ce que par le jeu on peut atteindre une forme de vérité ? Est-ce que la fiction n'est pas une forme de documentaire aussi ? On joue tous un rôle aussi, qu'on soit acteur ou pas d'ailleurs… Comment se crée-t-on un personnage ?

Vous apparaissez à l’écran : en jouant un rôle ou en tant que vous-mêmes ?
A un moment donné, je me suis que je ne pouvais pas laisser ma fille tout seule devant la caméra. Donc au départ ce n’était pas prévu que je sois présent à l'image, mais je me suis rendu compte qu'il fallait que je sois présent pour faire la jointure entre mon père et ma fille. Donc j'ai été entrainé malgré moi.

A dix ans, quelle est la formation de votre fille pour être « actrice »?
Elle a commencé les cours de danse à quatre ans, et c'est par la danse qu'elle est arrivée au théâtre en fait. Dès l'âge de six ans elle était au Cours Florent. Maintenant elle est rentrée à Bruxelles au conservatoire où normalement on n’entre pas avant douze ans, mais ils ont fait une dérogation. Elle adore ça, jouer. Un agent l’avait remarqué, il lui a demandé de faire des castings, elle en a fait plein mais n'a jamais été retenue. Elle était soir trop jeune, soit trop âgée. La plupart du temps ils ne disaient pas pourquoi elle n’était pas retenue et c’était extrêmement dur. Donc je me suis dit que le meilleur moyen pour qu'elle soit prise, c'était de jouer avec moi.

Il y a une forte idée de transmission dans le film, notamment à travers la figure du grand-père…
Oui, il y a cette transmission passée par son grand-père. Et des comédiens d'un certain âge qui ont tous cette envie et cette capacité de transmettre. L'enjeu du film c'était de voir comment ça pouvait se passer entre Nastasjia et les comédiens. Ce qui est formidable, c'est que tous ont dit vraiment ce qu'ils pensaient, sans simplifier les propos à outrance. Ils ont gardé leur authenticité, leur profondeur, tout en restant accessible. Ils n'étaient plus dans un jeu, mais dans l'ouverture à l'autre. D'habitude il y a toujours une forme de représentation, il n'y a pas forcément autant de spontanéité. Face à un enfant, c’est particulier. Et une de ses grandes qualités d’actrice d’Nastasjia que souligne Philippe Torreton est l'écoute. Naturellement elle est curieuse et elle a envie d'apprendre. Son intérêt n'était pas factice, et je pense que ça s'est senti.

Mais la transmission d'un grand-père qui a été caché pendant la guerre c'est peut-être pas tout à fait pareil que n'importe qu'elle autre identité
Ce qui est très bizarre, j'ai appris sur le tard que mon père rêvait d'être acteur, et qu'il n'a pas pu parce qu'il a dû jouer le rôle d'enfant caché, il a dû changer son nom, et donc une sorte d'envie et de traumatisme dans le fait de jouer un autre rôle, de transformer son identité. C'est quoi être juif ? Pourquoi cette question est importante ? Parce qu'elle demande : c'est quoi être différent. Une réflexion importante pour éviter du repli sur soi, qui implique l'exclusion et qui amène aux pires dérives qu'on a connues au 20e siècle. C'est très important d'avoir une identité heureuse, et non pas une identité du repli sur soi et du rejet de l'autre. C'est aussi pour ça qu'il faut que la transmission se passe. C'est un poids aussi, on peut se dire qu'il est temps de passer à autre chose. Mais il ne faut pas renier ce qui s'est passé.

Votre fille veut être actrice. Elle fait déjà la différence entre la caméra et la scène?
C'est très différent pour elle je pense. Elle préfère le théâtre. Dans un film on est toujours en train d'attendre que ça tourne. Mais ce n'est pas le même rapport à la réalisation. Elle continue ses cours de théâtre, et elle adore ça. Elle voudrait faire beaucoup de théâtre et un peu de cinéma.

Les acteurs rencontrés sont très loin de son univers à elle et pourtant la communication passe…
On est dans un monde très étrange où souvent l'expérience n'est plus considérée comme aussi importante, parce qu'on est dans un monde très horizontal, où l’on transfère beaucoup d’information par internet. Mai j'ai la faiblesse de penser qu'il faut aussi du vertical et du trans-générationnel. On a toujours à apprendre des personnes qui ont un certain âge, comme eux ont à apprendre des jeunes. Jacques Weber dit joliment qu’il y a un point commun entre le vieil acteur et le jeune enfant : tous les deux ils arrivent à une sorte d'innocence. La boucle et bouclée, entre la jeunesse et la vieillesse.

Et vous, qui sont ceux vous ont le plus transmis ?
C'est d'abord des cinéastes. Travailler avec des acteurs est un plaisir et une motivation pour moi, mais ceux qui m'ont le plus appris, c'est François Truffaut. J'ai eu la chance, quand j'avais douze ans, d’avoir une correspondance avec lui. Et puis il y a un cinéaste belge, malheureusement aujourd'hui peu connu : André Delvaux. Il disait que pour lui enseigner et faire du cinéma, c'était la même chose : il fallait transmettre sa passion pour le cinéma. Et puis j’ai eu la chance de rencontrer Bertrand Tavernier. Je l'avais rencontré à l'occasion de mon premier long métrage et il m'a soutenu, il a été d'une grande générosité. Mais ce sont surtout tous les films que j'ai vus qui m'ont marqué. Depuis tout petit je vois minimum un film par jour, et pour moi c'est ça la vraie école de la vie. Truffaut se demandait souvent ce qui était le plus important entre la vie et le cinéma et j'ai la même maladie. Je ne dis pas que j'ai le même talent, mais ça n'empêche pas que j'ai la même maladie. Malade de cinéma.

Le cinéma est une école de la vie selon vous alors ?
Quand j'étais adolescent, je me projetais complètement dans les histoires d'amour qui me faisaient rêver. C'était un regard sur le monde qui passait par le cinéma, un regard sur la politique qui passait par le cinéma, un regard sur toutes les interactions qu'on peut avoir qui passait par le cinéma, c'est un sorte de condensé de vie. Les américains disent « Bigger than life ».

On est préparé par le cinéma ?
Dans ma jeunesse, j'étais amoureux d'une actrice, évidemment. Et à l'époque, sur l'affiche d'un de ses films, comme slogan de promotion, il y avait écrit « 10 sur 10 ». Et l'actrice en question c'était Bo Derek, dans un film qui s'appelle Ten. J'étais à Paris avec mes parents, et j’allais voir la plus belle femme du monde sur l'écran. Et il y a une autre femme qui est venue s'assoir à côté de moi dans la salle. C'était Catherine Deneuve. J'avais 13 ans et la vie rejoignait le cinéma.

Le format du film st particulier puisqu’il dure 1h… Où est-ce que vous avez envie de le montrer et à quel public ?
C'est important de parler de ça : Comment avoir des chemins de traverses, d'autres manières de faire des films et d'autres manières de les diffuser. Il y a trois étapes prévues pour le film : la première, c'est la salle. Il y aura beaucoup de débat avec les projections. Je pense que le film gagne à être vu sur grand écran. Je vais peut-être paraître prétentieux à dire ça, mais tant pis, j'assume, parce que ce qui est important à voir au cinéma, c'est les films qui ne nous laissent pas indemnes. Deuxième étape : il y a un livre qui va sortir, parce qu'il y a plein de propos d'acteurs qu'on n’a pas pu recueillir dans le film à cause des contraintes du format. La particularité c'est qu'on n’a pas d'agrément pour le film, et donc il y a un DVD qui sort avec le livre. Enfin, la troisième et dernière étape : est la diffusion sur France 2, d’une version un peu raccourcie du film (58 minutes). Ce sera diffusée pendant le Festival de Cannes. On a donc construit quelque chose de différents, pour essayer de faire exister le film à travers différents média et chacun a son intérêt.

visuel : affiche du film

Pour en savoir plus sur le film et notamment sur les projections spéciales commentées par le réalisateur et ses guests, rendez-vous sur la page facebook du film.

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A l'affiche de Arrêtez-moi-là, Réda Kateb retrouve le réalisateur Gilles Bannier qui avait contribué à révéler le talent de l'acteur en lui donnant le rôle d'un truand passionnant dans la cultissime série Engrenages. En présence du joli chien qu'il a adopté lors du tournage resserré de ce film qui sort le 6 janvier 2016, rencontre merveilleuse avec un artiste à la fois charismatique, libre et habité.

Samson, votre personnage dans Arrêtez-moi-là, est saisi par la vie, arraché à son quotidien. Comment voyez vous ce grand flegmatique plongé dans la tourmente ?

Réda Kateb : Au début c'est un personnage qui est plutôt tranquille dans sa vie. C'est un Monsieur tout le monde, quelqu'un qu'on pourrait croiser n'importe ou dans la rue ou en prenant un taxi. Il vit dans une sorte de bulle de confort. C'est un chauffeur de taxi et il veut juste mettre à l'aise ses clients. Il n'essaye pas d'obtenir quelque chose des autres. Il veut que les choses soient harmonieuses autour de lui mais en même temps, il refuse par exemple de vivre avec sa copine. C'est aussi une harmonie un peu papier. Il aime sa bulle et refuse de se confronter au monde, d'une certaine manière.

Mais dans le film, il va être arraché de sa bulle justement et plus que confronté au monde. De force, il va passer à la moulinette judiciaire. La notion de révolte est particulière par rapport à ce personnage. Il essaye juste de comprendre ce qui lui arrive en fait. Comme il est innocent et que c'est un homme honnête, il pense que ça va être mis a jour de toute façon à un moment et il ne pense pas qu'il doive se défendre. Il a toujours un peu un train de retard par rapport à la situation dont il est victime.

On me demande souvent dans le cadre de la promo de ce film, pourquoi est-ce que ce personnage ne se révolte pas plus ? De la part des spectateurs il y a presque l'envie de le secouer ou de dire qu'il est un personnage trop gentil, qu'il devrait se rendre compte dès le début que son avocat n'est pas à la hauteur de la situation.

C'est un personnage très indépendant aussi ?

R. K. : Il a un côté vieux garçon. Il a sa musique, son chat. Quand je dis un monde un peu de papier, c'est comme sa chambre d'enfant. En fait, c'est un personnage qui est encore enfant, qui a du mal a grandir et curieusement il va prendre de la maturité par rapport a cette expérience-là.

Par rapport à son avocat justement, il y a une espèce de tendresse entre les deux personnages... Est-ce "trop gentil?"

R. K. : Déjà, dès le début du film le personnage de Samson est assez seul et au milieu de l'injustice qui lui arrive, il est plus seul que jamais. Il est complètement isolé. Son avocat est celui qu'on lui a donné, le commis d'office et il sait que toute sa vie est dans les mains de cet homme qui peut décider de l'aider ou non. Il y a une interdépendance entre les deux. L'avocat est nul certes mais en même temps c'est un petit avocat qui a passé toute sa vie a faire des petites affaires et d'un coup il y a une affaire aux assises avec un gros procès qui lui tombe dessus. Il n'est pas à la hauteur de la situation, de ce costume-là. Donc le personnage de Samson est vraiment dépendant de cet avocat pour pouvoir s'en sortir et en même temps il met très longtemps à réaliser qu'il va falloir qu'il se défende et qu'il trouve un argumentaire, une manière de révéler son innocence.

Qu'est ce qui vous a poussé à accepter le rôle ?

R. K. : Avec Gilles Bannier on se connaissait déjà ; on avait tourné la série Engrenage sur Canal +. C'était le premier rôle important que je faisais a l'écran, il y a une dizaine d'années maintenant. Je faisais vraiment le méchant, j'agressais des gens dès que j'arrivais dans une scène, un personnage vraiment odieux.

Avec Gilles, on avait réussi à tirer le meilleur scénario de la série et traiter avec plus de finesse ce rôle de méchant. Je m'étais dit que mon personnage était un homme qui a peur et souvent, la violence vient de la peur . J'ai beaucoup aimé la manière dont Gilles dirigeait, et j'ai aimé travailler avec lui. On est resté en contact, on se voyait de temps en temps et un jour il m'a dit qu'il écrivait en pensant a moi, mais il ne savait pas si il me proposerait le rôle. Je lui avais dit que moi non plus je ne savais pas si ça allait m'aller mais de m'envoyer le scénario. Dès que j'ai lu le scénario j'ai aimé tout ce qu'il y a entre les lignes. J'ai aimé la poésie du personnage. J'ai aimé l'idée de jouer avec des animaux, j'adore ça. J'ai senti aussi que c'était un vrai film personnel de Gilles Bannier, qu'il avait vraiment quelque chose de personnel à raconter. Sur la justice, sur la douceur qui peut être une force, toutes ces choses-là. Je trouvais un beau film pour faire ensemble mon premier rôle et qu'on fasse ensemble son premier film au cinéma. C'est une belle histoire dans notre relation.

Vous aviez lu le livre avant d'accepter le rôle ? Vous pensez quoi de la transposition à la France et notamment au sud de la France ?

R. K. : J'ai d'abord lu le scénario et plusieurs mois après j'ai lu le roman. Gilles Bannier parle souvent de la Côte d'Azur comme du Texas français, j'aime bien. Aussi bien dans ses lumières, que dans le climat, et chez les gens, c'est une terre de contraste. L'histoire pourrait très bien arriver en France où elle est transposée différemment que dans le livre où il est question du couloir de la mort. La prison est très décrite dans le livre et Gilles a fait des choix d’ellipses pour raconter ses choses là sans forcément avoir à les montrer dans la longueur. La prison est montrée par exemple, en trois petits passages de couloir, et un petit bout de salle de parloir.

Je trouve que le film est fidèle au roman et en même temps avec un contexte différent dans le sens où c'est pas la mise en images des pages de roman. Ça se passe en France avec le droit français, qui est différent du droit américain. Mais c'est des détails dans lesquels je ne rentrerais pas trop parce que je suis pas un grand spécialiste du droit.

Qu'est ce que vous vous êtes dit sur lui lorsqu'il est en prison ? Comment avez-vous fait jouer cette privation brusque de liberté ?

R. K. : Les scènes qu'on ne montre pas, il faut se les raconter soi-même. Même si dans le film, la prison n'est montrée que par des bouts de couloir, des scènes de parloir, sans les co-détenus... Ces quelques images, il faut que, moi, j'arrive chargé de toute une histoire pour faire même quelques pas vers la caméra. Ce que je me suis pas mal raconté c'est que ce personnage était en prison pour l'enlèvement d'une enfant, avec derrière l'idée surement de la pédophilie. En prison ça fait de lui un paria, je connais un peu le système carcéral et ce type de détenu est en isolement, il ne sort pas de sa cellule, ne côtoie pas les autres prisonniers et la plupart du temps, il prend beaucoup de médicaments pour tenir.

Pour la démarche, la bouche un peu pâteuse, le regard de cet homme une fois qu'il a passé du temps en prison, je n'ai pas pris des médicaments (rires) mais j'ai beaucoup pensé a ça. J'ai joué sur la fatigue du tournage, comme c'était un tournage très intense de 6 semaines et que je suis sur tous les plans à l'image.

Ce coté pâteux que vous décrivez, c'est peut-être ce qu'on ressent comme de la non révolte et un peu d'apathie ?

R. K. : C'est possible, en même temps il y a des moments où il se révolte et ça intervient à des moments clés. Finalement c'est comme taper la tête contre un mur. C'est une révolte, quand on met deux coups de tête, on a une bosse ou deux mais on se rend compte que ça ne va pas ouvrir une porte dans le mur. La question, était plutôt d'un point de vue formelle, je trouvais intéressant d'être dans un personnage qui essaye de décrypter, de décoder ce qui lui arrive et qui ne soit pas que dans l'incarnation de sa propre histoire mais il est aussi par moments spectateur. C'est dit un moment dans le film, « vous vous êtes comporté comme le spectateur de votre propre histoire ».

Je trouve ça intéressant parce que quand on joue les premiers temps on cherche a produire des effets par son jeux, on cherche à envoyer. Et plus je tourne, plus j'aime alterner le plein et le vide, jouer avec les creux, jouer avec les silences. Evidemment il faut que ça soit en accord avec l'histoire, c'est la première boussole, et là ça l'était.

A la fin, on a l'impression qu'il ne cherche pas à se venger. Il ne pense qu'à retourner à sa vie, comme s'il avait déjà faite le deuil du temps perdu...

R. K. : Ça m'a beaucoup touché cette chose à la lecture. C'est un type qui a une vie qui lui convient et on va le mettre plus bas que terre. Il voulait juste vivre sa vie, c'est pas une vie de gloire, pas non plus une vie d'homme riche mais c'est sa vie à lui quoi. ça me touche parce que savoir vivre sa vie c'est un vrai talent en fait. Faire un petit boulot simple et ne pas être aigri par ça, c'est presque un art. Qu'est ce qui fait que sortant d'une histoire comme celle-là, certains peuvent avoir perdu toute humanité envers les autres. Et une situation au contraire, ou d'autres sortent encore plus grands ? Je rencontre des personnages comme Samson quand je vais dans les prisons pour présenter des films : des prisonniers qui ont commencé des études en prison. Il y a un regard qui peut s'ouvrir dans un moment où tout est fait pour réduire.

visuel : Affiche du film et photo ©Legato Films

Photo  : Jean-Pierre Amet ©Legato Films"
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Grâce à Toute La Culture, gagnez 20x2 places pour le film Experimenter de Michael Almereyda, sortie le 27 janvier en salles !

Synopsis

Université Yale, en 1961. Stanley Milgram conduit une expérience de psychologie – considérée comme d’une importance majeure encore aujourd’hui – dans laquelle des volontaires croient qu’ils administrent des décharges électriques douloureuses à un parfait inconnu, attaché à une chaise dans une autre pièce. La victime a beau leur demander d’arrêter, la majorité des volontaires poursuivent l’expérience, en infligeant ce qu’ils croient être des décharges pourtant presque mortelles, simplement parce qu’on leur dit de le faire. Par cette expérience, Milgram souligne la propension qu’a tout homme à se soumettre à l’autorité, au moment précis où le procès du nazi Adolf Eichmann est diffusé à la télévision à travers toute l’Amérique. L’opinion populaire comme la communauté scientifique en sont bouleversées. Célébré dans certains cercles ou accusé d’être un monstre manipulateur dans certains autres, Milgram parvient pourtant à traverser les épreuves grâce au soutien de son épouse Sasha.

Film de Michael Almereyda - Biopic - 1 h 37 min - 27 janvier 2016
Avec Peter Sarsgaard, Winona Ryder, Taryn Manning

Visuel : (c) DR

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L’actrice et réalisatrice italienne a mis Montpellier en émoi pour l’ouverture du Festival Cinemed, ce samedi 24 octobre 2015. Invitée d’honneur, elle est venue présenter l’avant-première de Per amor Vostro de Giuseppe M. Gaudino, où elle joue le rôle d’une mère de famille qui se bat pour ses enfants et son intégrité. Jusqu’au 31 octobre, le Festival organise une rétrospective de sa grande carrière entre les Etats-Unis et l’Europe où elle est revenue vivre. Nous avons pu la rencontrer à la suite d’une table ronde pétillante, dimanche 25 octobre et nous avons naturellement interviewée cette star de père Italien et de mère Grecque la mer méditerranée, très présente dans son nouveau film…

Invitées d’honneur à Cinemed, vous venez présenter un film qui se passe à Naples, la ville où vous avez grandi. Quel est votre rapport à la méditerranée ?
Ce qui me touche c’est qu’il y ait une telle diversité autour de la méditerranée, une diversité de cultures condensées ensembles. Il y a quelque chose de commun à nous tous et à travers le cinéma on peut voir tout ce qui nous rassemble et qui fait qu’on se ressemble : il y a des italiens qui ressemblent aux turcs, des turcs aux grecs, des grecs aux espagnols… Et cela crée un pont malgré des nationalités et des religions diverses et malgré des tensions. La méditerranée, c’est un maximum de tensions mais aussi le plus beau cadeau de Dieu sur la terre. Et puis, sans faire de rhétorique, la mer fait partie de mon bonheur depuis toujours. J’ai rarement senti le bonheur sans la mer

Dans Per amor Vostro, le personnage d’Anna, que vous incarnez, craint la mer. Elle a un rapport ambivalent à l’eau…
Oui c’est le contraire de Respiro où le personnage que j’incarnais adorait l’eau, s’épanouissait dans l’eau. C’était organique. Là, Anna a peu de l’eau qui concentre tous ses démons et qui symbolise sa propre noirceur. A un certain moment, on avait même pensé faire penser tomber le personnage à la mer… Parce qu’elle flirte avec elle, elle a envie mais elle a peur…

Dans le film, vous parlez napolitain. Avez-vous retrouvé une langue de l’enfance ?
Il y a trois langues : à la télévision, dans le milieu professionnel, Anna parle italien. A la maison, avec son père et sa mère, elle parle vraiment napolitain, une langue archaïque, avec des mots des gens du peuple. Et puis avec ses enfants, elle parle la langue des gestes, puisque son fils est sourd. J’ai aimé jouer en napolitain, mais l’ironie c’est que j’ai grandi à Naples mais qu’à la maison on n’a jamais parlé le napolitain. Je l’ai entendu dans la rue, mais j’ai dû l’apprendre. Je suis napolitaine, mais j’ai du avoir un coach pour apprendre le dialogue de ma ville !

Le personnage d’Anna est très courageux, mais en même temps, elle n’est pas (encore ?) une sainte au début du film…Qu’est-ce qui vous a le plus touchée chez elle ?
C’est une petite fille qui est née courageuse, pleine de caractère. Enfant, on la voit n’avoir peur de rien, comme une petite guerrière. Elle a un sens d’elle-même que la vie lui fait perdre, mais elle sait que c’est là. Elle sait qu’elle a le courage de vivre. Mais elle a du s’adapter à la vie, elle a du faire semblant de ne pas savoir que son mari faisait de l’usure et ruinait des proches. Elle l’a fait pour élever ses enfants, pour vivre. Et c’est terrible, car c’est quelque chose que nous faisons peut-être tous : faire semblant de ne pas savoir par commodité. Ca peut être une grave maladie de notre âme.

Il y a dans le film des scènes d’une grande violence. D’Anna envers elle-même quand elle dit qu’elle « n’était rien » et aussi des scènes de violences conjugale. Comment avez-vous vécu cette violence du personnage ?
J’ai eu peur. J’avais peur. Je me suis fait peur. Quand je travaillais avec Massimiliano Gallo, l’acteur qui joue mon mari dans le film, j’avais peur. Je ne faisais pas semblant, j’étais dans le moment et je me sentais avec un homme qui pouvait me tuer s’il le voulait. Dans la scène sur le balcon, où je lui dis que je ne veux plus de son argent, et qu’il se retourne vers moi et qu’il me frappe, j’ai vraiment senti qu’il pouvait le faire. A chaque fois que je revois la scène, je sursaute ; je sens tellement la violence, le danger et l’injustice de ce moment que je me sens hors du film, comme si une autre avait tourné la scène et je me laisse surprendre encore par la peur. J’adore cette scène, parce qu’elle est tellement complexe sur les rapports entre les hommes, les femmes et la violence. Quand Anna dit « Viens je sais que tu veux ma mort », il y a aussi là une espèce de lâcheté, de se laisser faire, d’attendre le pire, de porter cette situation comme si l’on voulait aller au bout de cette violence. Cette scène pose la question très dérangeante de savoir si ce ne sont pas les deux individus qui ont une certaine responsabilité dans la violence.

Après Miele, on attend votre deuxième long métrage comme réalisatrice. Etes-vous en train de travailler dessus ?
Oui j’ai déjà les grandes lignes mais on doit écrire le scenario. C’est une idée originale. Il s’agit de l’histoire de deux frères et pour l’instant ca s’appelle « Euphorie ». C’est terrible mais euphorique…

Tous les films de la rétrospective Valeria Golino à Cinemed, ici!

Photo : YH

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