Il faut sortir de l’hypocrisie et autoriser l’adoption pour tous

Le droit jouit donc d’une énorme flexibilité au moment d’assigner un enfant à un couple, voire à un individu. Ainsi, avec l’adoption monoparentale la loi permet de construire un lien de filiation sans référence à la double assignation maternelle et paternelle comme le voudrait l’ordre biologique. De même, la norme juridique ignore certains caractères de l’adoptant. Peu importe que celui-ci soit français ou étranger, qu’il soit athée ou croyant, qu’il soit homme ou femme, la loi réclamera seulement que l’adoptant offre des garanties objectives sur le plan éducatif, familial et psychologique pour élever un enfant. Il serait donc logique que les couples de même sexe, dès lors qu’ils répondent aux exigences matérielles et morales puissent adopter. 

La proposition de l’ensemble des partis de gauche d’ouvrir l’adoption aux couples homosexuels s’inscrit dans cette démarche d’égalité. D’autant plus qu’une ample majorité d’enquêtes prouve que l’orientation sexuelle des parents est sans incidence sur la psychologie de l’enfant. En 1995, un rapport de l’Association américaine de psychologie avait déjà conclu que sur 43 études effectuées aux Etats-Unis, aucune n’avait décelé des troubles particuliers chez les enfants issus de parents homosexuels ou élevés dans des familles homoparentales. La même année, une étude anglaise sur des jeunes adultes issus de familles monoparentales dont la moitié avait été élevée par des mères hétérosexuelles et l’autre moitié par des mères lesbiennes a montré qu’il n’existait aucune différence entre les deux groupes ni quant à la fréquence des problèmes psychologiques ni quant à la proportion d’homosexuels. 

L’Académie américaine de pédiatrie, qui regroupe 55 000 praticiens, est formelle lorsqu’elle considère qu’il n’existe aucun fondement scientifique permettant d’exclure un individu ou un couple homosexuel d’un projet parental. La thèse de doctorat en médecine soutenue par Stéphane Nadaud sur les enfants élevés par des familles homoparentales arrive aux mêmes conclusions. De plus, une commission d’experts mise en place par le gouvernement suédois en 1999 a analysé les conclusions de 40 études internationales ainsi que les résultats d’une enquête ad hoc commandée pour la Suède. Ce sont justement ces études qui ont mené cette commission à recommander non seulement l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe mais également l’accès à l’assistance médicale à la procréation pour les femmes seules ou en union avec une autre femme. 

L’adoption pour les couples de même sexe est possible dans tous les pays scandinaves depuis plusieurs années mais aussi au Royaume-Uni, en Espagne, en Belgique au Portugal, au Canada, en Argentine, aux Etats-Unis…. Le refus de l’adoption pour les couples de même sexe répond dans les meilleurs des cas à une nostalgie de la famille traditionnelle, dans le pire des cas à un préjugé anti-homosexuel. 

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