Humeur-de-crise (2)

Humeur-de-crise (2)

22 janvier 2016 – J’ai remarqué  pour mon compte et, j'en fais l'hypothèse, pour ceux qui sont sensibles aux formidables évènements en cours et refusent l’atonie à cet égard qu’il existe depuis un certain temps, je dirais à peu près depuis le début de la crise ukrainienne, une sorte de courbe en sinusoïde concernant la perception de l’évolution crisique, avec des hauts de paroxysme et une excitation intellectuelle avec parfois de l’exaltation, et des bas à la fois dépressifs et désenchantés. (Je parle de la Grande Crise, autant que des multiples crises qui la composent, formant un tissu, une infrastructure crisique qui font que la vie internationale n’est faite que de crises qui constituent la Grande Crise hors de quoi rien n’existe plus.) Par conséquent, cette “courbe” ne concerne qu’accessoirement les crises (intensité ou non, nouvelle crise, etc.) et essentiellement la psychologie et sa perception. Certes une nouvelle crise, ou une nouveau “départ de crise” peut provoquer le passage au mode paroxystique (l’intervention russe en Syrie fin septembre 2015, par exemple), mais la montée paroxystique d’une crise peut provoquer l’effet inverse... C’est le cas actuellement, avec la crise financière en développement, qui semble monter vers la fusion depuis le début de l’année, avec d’autres crises en pleine arborescence, sans que la perception soit pour l’instant vers le paroxysme.

Il est remarquable que le lectorat de dedefensa.org semblerait suivre cette sinusoïde, avec des variations moyennes jusqu’à 25% vers le haut ou vers le bas correspondant. L’intérêt des lecteurs, comme je le perçois au travers de leurs réactions, est à mesure. C’est ainsi qu’effectivement, depuis la fin décembre et les vacances des “fêtes”, l’excitation intellectuelle qui existait en novembre-décembre n’a pas reparu, encore une fois malgré ces bruits extrêmement forts de possibilité d’un “super-9/15” (une super crise de l’automne 2008) et du reste. L’impression que j’en garderais ne concerne nullement, ni l’effet de l’information ni le travail de la raison, comme par exemple l’usure du fait des catastrophes annoncées qui ne se produisent pas conduisant à un verdict de nullité par la raison ; mais plutôt une véritable humeur de la psychologie, avec ses phases d’exaltation et ses phases de désenchantement, restant dans le domaine de la cyclothymie qui concerne une variation extrême de l’humeur sans sombrer dans la pathologie maniaco-dépressive.

Bien qu’étant moi-même “victime” de ce processus, et “victime de choix”, je ne vois pas cela comme un handicap mais bien comme une sorte de protection qui permet d’éviter l’extrême de l’enfermement dans le paroxysme jusqu’à l’hystérie qui vous emporte jusqu’aux confins de la folie, ou dans l’abysse de la seule dépression morbide d’où l’on ne revient pas. On pourrait presque parler d’une tactique de résilience de la psychologie. Pour résister à cette période crisique sans précédent, la psychologie est comme un joueur de football qui drible, passant les obstacles en évoluant latéralement et en évitant toujours la confrontation directe avec l’adversaire face à lui. Elle ne s’épuise pas, elle ruse, elle se défile pour s’accorder un répit, elle profite temporairement d’une ouverture, elle change de rythme comme on change de pied.

... Pour autant, j’avoue attendre de pied ferme la phase de la remontée.

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