GRENOBLE (ISERE SUD)/Un chercheur démontre un effet placebo …

C’est une étude certes insolite mais très sérieuse que s’apprête à publier le non moins sérieux “British journal of psychology”. Une étude réalisée par le Laboratoire interunivresitaire de psychologie (Lip) de l’Université Pierre Mendès France (UPMF) à Grenoble et sobrement intitulée en français “Croire que l’on a bu de l’alcool conduit à croire que l’on est plus attirant” ou plus humoristiquement en anglais (si toutefois vous maîtrisez la langue de Shakspeare et ses jeux de mots…) “Beauty is in the eye of the beer holder”.

« Un stéréotype qui consiste à associer automatiquement un produit à un effet sur soi »

Autrement dit, explique Laurent Bègue, le professeur de psychologie qui dirige le laboratoire où a été menée l’expérience (lire par ailleurs), « cette étude démontre que notre rapport à ce que l’on boit, en l’occurrence ici de l’alcool, est déterminé par nos croyances sociales et non par la substance elle-même. C’est une pure illusion de s’imaginer plus beau, plus séduisant, quand on a ingurgité des boissons alcoolisées… ». Pour en arriver à cette conclusion, le chercheur et son équipe ont notamment “utilisé” 94 cobayes qui, lors du recrutement, avaient accepté de boire éventuellement de l’alcool, et auxquels ils ont fait croire, pour ne pas fausser les résultats, qu’ils participaient à un test anticipant la commercialisation de boissons énergétiques. Certains ont effectivement bu l’équivalent de 1 gramme d’alcool par litre de sang, en tout état de cause ou au contraire en l’ignorant (à ceux-là, il était dit que le liquide avait un goût d’alcool mais n’en contenait pas). D’autres n’ont en revanche reçu aucune goutte mais croyaient en avoir dans leur verre…

Et la conclusion fut étonnante, « prouvant l’effet placebo sur les phénomènes d’attractivité, comme nous l’avions déjà démontré sur les mécanismes d’agression ». Car il est apparu que ceux qui avaient cru boire de l’alcool avaient une perception d’eux-mêmes différente, « plus attractive », alors que ce n’est pas vraiment l’image qu’ils renvoyaient à ceux qui regardaient leurs prestations filmées par l’équipe… Bref, cette étude prouverait que nous serions tentés d’obéir « à un stéréotype qui consiste à associer automatiquement un produit à un effet sur soi ».

Se sentir attirant rend-il plus fort ? Pas forcément. En tout cas, souligne Laurent Bègue, « cette étude fait d’une certaine manière aussi le constat que l’on contrôle mieux ses stratégies d’approche vers les autres quand on n’est pas alcoolisé ».

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