Après Ben Arfa, Yoann Gourcuff. Ainsi en a décidé Laurent Blanc, l'homme de tous les courages retrouvés. Le Lyonnais, dont la saison ne restera pas dans les annales (même s'il a quand même gagné la Coupe de France) disputera, selon toutes vraisemblances, l'Euro 2012, sélectionné qu'il est par le "Président". Une telle décision, dans un tel contexte, après le choix de Ben Arfa, ne pouvait que provoquer des débats comme les amateurs de football les aiment : interminables.
Osons ici dire que l'on se réjouit de la présence de Gourcuff en équipe de France pour l'Euro. D'une part, parce que le locataire de ce blog l'a toujours souhaité, au nom des intérêts du football français et de l'avenir de l'équipe de France ; et d'autre part, parce que c'est un pari intéressant.
Pourquoi Gourcuff ?
Laurent Blanc le dit lui-même : "Son bilan en club est indéfendable", c'est donc pour d'autres raisons qu'il sélectionne aujourd'hui Gourcuff. "Oui, mais lesquelles ?" se demanderont ceux qui ne jurent que par les statistiques et les performances, les chiffres et les bilans, pauvres d'eux. S'agissant des chiffres et des bilans dans le football, Mourinho a eu ces derniers jours un mot savoureux. Commentant les 50 buts marqués par Messi cette saison, l'entraineur madrilène à déclaré : "les 50 buts de Messi ne servent à rien". Et il a bien raison, dans le sens où Barcelone n'a rien gagné, seuls comptent les titres, pas les statistiques. Aussi curieux que cela puisse paraitre, ce sage précepte vaut pour Gourcuff appelé en équipe de France.
Comme le souligne Laurent Blanc, Gourcuff n'est pas génial avec Lyon, mais il n'a jamais failli en équipe de France, marquant même quelques buts décisifs pour la qualification française à l'Euro 2012. Gourcuff est un joueur doté d'une psychologie particulière, qui a besoin de se sentir en confiance partout où il évolue, quel que soit le contexte. A Bordeaux, Laurent Blanc avait su créer autour de Gourcuff l'ambiance nécessaire à son épanouissement, contexte que ni Puel ni Garde (pour le moment) à Lyon n'ont réussi à recréer. Cette constatation revient à considérer que Laurent Blanc fait le pari qu'il pourra, en quelques semaines, redonner l'énergie et le souffle nécessaire à un joueur qui en a bien besoin. Ne nous voilons pas la face : ce n'est pas gagné d'avance, mais c'est possible.
Cet indispensable travail psychologique ne concerne sans doute pas la seule personne de Gourcuff. L'objectif de Laurent Blanc est à portée de main s'il réussit, par ailleurs, à créer le lien nécessaire à l'envie de vivre ensemble plus qu'une aventure entre des joueurs divers et variés formant un groupe hétéroclite, apparemment miné par les querelles d'égos. Faut il encore évoquer les relations Ribery/Gourcuff, Ben Arfa/Benzema et autres ? Les bisbilles anciennes, les jalousies passées, les affrontements puérils d'autrefois dooivent être surmontés et dépassés. C'est toute la difficulté qui attend Blanc, elle est d'abord psychologique, politique même, avant d'être sportive et technique.
En sélectionnant Ben Arfa et Gourcuff, Laurent Blanc a fait de preuve de panache et de courage. Sans doute a-t-il pris, aussi, la juste mesure des défis que cela lui imposait. Pour permettre la réussite de ces deux-là, donc du groupe France, "Le Président" doit mener un travail de d'union de tous en un temps record. C'est dire qu'il va lui falloir imposer sans brusquer, rassembler sans diviser. Laurent Blanc, c'est maintenant.