Football et préparation mentale : les années se suivent et se …

Nous serons bientôt à la moitié des calendriers des Championnats de France de football (ligue 1 et ligue 2). Comme chaque année, les écarts se creusent et les situations respectives des équipes se précisent. Même si « l’arrivée » est encore loin, les clubs sont à même d’évaluer la faisabilité des objectifs préalablement fixés. Le classement et le spectre des trois dernières places commencent à générer, chez certains, une réelle inquiétude. Face à la perspective effrayante que représente une descente à l’échelon inférieur, des mesures sont envisagées, la plus récurrente étant le changement d’entraîneur. C’est également dans ces périodes où les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances et où la crainte s’installe, qu’une autre idée pointe le bout de son nez… La venue d’un préparateur mental. Tout se passe comme si la majorité des clubs devaient être confrontée à l’échec, à l’impuissance et à l’incompréhension pour envisager de faire appel à un tel acteur. Ce dernier est alors contacté, tel un sauveur en lequel on ne croit d’ailleurs pas vraiment car, dans le cas contraire, il serait là depuis le début de la saison.

Quitte à nous répéter :

- La préparation psychologique et mentale est une éducation, une formation au cours de laquelle le sportif se livre à des apprentissages (sur lui-même, sa discipline, le sens de son quotidien, ses habiletés mentales, l’approche de sa performance, les « techniques » du mental…)

- L’intervenant en psychologie du sport n’est ni un magicien, ni un gourou. Le faire intervenir dans l’urgence ne transmet pas la bonne information à ceux auxquels il s’adresse. Elie Baup, dans l’émission « Les spécialistes » de cette semaine, défend très bien ce point de vue : il explique que tout travail de préparation mentale doit être mis en place dès le début de la saison et non dans l’urgence. L’arrivée d’un intervenant en psychologie du sport dans un contexte difficile alors que la saison est commencée depuis des mois met chacun, et l’intervenant lui-même, en situation délicate et instable. Les interprétations de son rôle, de sa fonction, de son métier s'en trouvent faussées. Par exemple, comment la venue d’un intervenant en psychologie du sport en situation de crise pourrait-elle éviter le parallèle du médecin au chevet du malade ? Ou encore, comment les membres du staff technique peuvent-ils percevoir positivement l’arrivée de ce nouvel acteur, censé réaliser des miracles, quand eux-mêmes travaillent depuis des mois pour obtenir des résultats ?

Les années passent et les choses avancent peu. Les méconnaissances et l’inculture sur le versant de la préparation psychologique et mentale dans le football entretiennent des croyances qui conduisent à maintenir ces intervenants à l’extérieur des clubs… A moins que ces derniers soient contraints de faire appel aux intervenants en psychologie du sport, dans un dernier espoir. Seulement, ce travail vit mal l’urgence. Les miracles souhaités seront, le plus souvent, non exaucés. Cela tombe bien : cela permettra aux plus réticents d’avancer un nouvel argument en faveur de l’inutilité de ce genre d’intervention. Des déclarations de ce type apparaissent alors pour relater l’expérience : « avoir un préparateur mental ne sert à rien ! Nous pouvons en parler, nous avons essayé ! ». Pourtant, dans ces conditions, il paraît difficile de parler d’un réel essai. Ne s’agirait-il pas davantage  d’un piège ?



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