Flandre intérieure : négociateur de crise, la psychologie en première …

Combien de négociations a-t-elle mené dans sa carrière ? Elle a arrêté de compter. «
Ça nous arrive souvent d’être appelés mais que la situation soit réglée avant ou à notre arrivée.
» C’est tout juste si elle se souvient de sa première affaire. «
Un jeune homme, dans le Pas-de-Calais, qui voulait se suicider et sa famille était avec lui…
»

C’était en 2009, l’année où elle a suivi une formation pour se spécialiser en négociation de crise. «
J’étais gendarme depuis dix ans, mais j’avais fait des études de psychologie, précise-t-elle. L’humain m’a toujours intéressée.
» Elle ajoute que «
l’uniforme ne fait plus peur, au contraire même, il attise les haines
». La négociation, c’est un moyen de servir autrement.

« Entrer en empathie avec la personne »

C’est encadrée par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), qu’elle apprend les spécificités de la négociation. Gestion du stress, test de personnalité, appréhension des maladies mentales… «
On nous apprend à détecter ce qui caractérise la personnalité de la personne.
» À la connaître, presque.

Les négociateurs recueillent alors le maximum de renseignements auprès des voisins, du médecin, de la famille, de l’employeur… «
On ne peut pas commencer à parler à une personne si on ne sait rien d’elle. I
l faut faire preuve d’empathie envers la personne, l’écouter. C’est du cas par cas.
»

Chaque preneur d’otages, chaque suicidaire a ses motivations. «
Il y a la perte d’un emploi, la maladie, une rupture amoureuse… On est face à la misère humaine, face à des personnes en détresse à qui il faut proposer une alternative à la voie qu’elles ont choisie.
» Inculquer de l’espoir à des désespérés.

Bras de fer mental

C’est le commandant de la compagnie qui demande, ou pas, l’intervention d’un négociateur. «
Il y a un principe, affirme le commandant Guillaume Gamelin, à Hazebrouck. Celui qui commande ne négocie pas, et celui qui négocie, ne commande pas.
»

Deux tâches diamétralement opposées. «
La négociation sert à régler une situation dégradée en évitant l’usage de la force, résume la négociatrice. Dans le cadre d’un suicidaire par exemple, ça ne sert à rien de sauver par la force une personne sans lui donner d’alternative, auquel cas, elle recommencera.
»

« Toujours sous protection »

Pendant la négociation, elle n’est jamais seule. «
On est toujours à deux, et c’est le premier qui arrive qui prend les renseignements, ensuite l’un contacte la personne retranchée et l’autre fait la liaison avec le commandement.
» Être en première ligne l’intimide-t-elle ? «
Un gendarme est toujours en première ligne, on y est préparé. Et on est toujours sous protection.
» Et si on sait quand commence une négociation, on ne sait jamais quand elle se termine. «
La dernière a duré quatre jours… Il y a beaucoup d’attente. C’est un bras de fer mental.
»

La négociatrice cite Tsung Tsu, général chinois du VIe siècle, qui disait que «
l’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combattre
». Depuis 2009, toutes ses négociations ont abouti à une issue heureuse.class="macro" displayname="PUCE" name="bullet"

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