Faut-il être fou pour consulter un psychologue ? – Al

Il fut un temps où « consultation psychologique » rimait fortement avec « pathologie mentale » ou encore « folie ». Cette époque est bien révolue puisque de nos jours le psychologue est présent dans de nombreux domaines de la vie humaine… et même animale !

La psychologie s’est popularisée

La psychologie n’est plus seulement la science qui tente de raisonner ou de guérir. De plus en plus de psychologues interviennent davantage dans la prévention.

Par ailleurs, ils ne sont plus présents majoritairement dans les hôpitaux ou les centres de soins. On les retrouve également dans le domaine social, dans l’éducation, la justice, auprès des personnes âgées ou encore dans les services de médecine.

Au sein des hôpitaux, le combat fut rude et long, car les médecins ne voyaient généralement pas l’intérêt d’un psychologue pour des personnes atteintes de maladies même graves, telles que le cancer, le SIDA, ou moins grave comme le diabète ou autres. L’introduction du psychologue dans les services hospitaliers fut très difficile. Mais elle s’est avérée amplement efficace et demeure dorénavant indispensable.

Notre sujet concerne davantage les a priori, les préjugés qui vont être associés à la démarche de consulter un psychologue. Pourquoi ce lien encore persistant entre consultation et folie, malgré l’immense vulgarisation de la psychologie ? Deux raisons peuvent expliquer cette persistance : d’une part le manque de connaissance quant au rôle du psychologue, d’autre part une peur, une appréhension liée à toute la part de mystère qui peut être associée aux entretiens avec un psychologue.

Consulter est utile, parfois indispensable

L’ignorance est un mal en soi, contagieux et néfaste. Les personnes qui ne connaissent pas le travail du psychologue sont prêtes à penser et à dire – et en cela vont exercer une influence – que c’est inutile, qu’il y a d’autres moyens de sortir d’une pathologie que d’aller consulter.
Il suffirait par exemple de se confier à un bon ami ou à un imam ou encore de se concentrer davantage dans ses prières. Etre plus rigoureux dans sa pratique, évoluer spirituellement, raffermir sa foi serait les thérapeutiques suffisantes.

Mais alors comment aider Lina, âgée de 4 ans, autiste, qui rend la vie familiale cauchemardesque, qui pousse ses parents à la dépression, tellement il est difficile de la comprendre et de la calmer ?

Comment aider M et Mme R. à retrouver l’harmonie dans le couple, quand tout semble chaotique et insurmontable ? Qui mieux que le psychologue pour aider à comprendre les problématiques inconscientes qui viennent empoisonner la vie de couple ? Comment amener deux personnes à prendre conscience que chacun doit repenser sa relation à l’autre et réfléchir à nouveau à la notion de « sacrifice » pour restaurer un équilibre serein ? Qui doit-on voir pour régler des problèmes liés à l’enfance ou à l’adolescence et qui ressurgissent alors que l’on croyait ces souvenirs oubliés ?

Au-delà de la folie

Autant de situations et j’en passe, qui n’ont aucun lien avec la folie et qui ne sont aucunement liés à un problème de foi. Il est nécessaire de juger d’après des faits et des témoignages, plus seulement d’après des « on dit ».

Le psychologue intervient plus généralement pour aider à réduire des points de souffrance, à délier des nœuds, à donner du sens, à faire le tri, etc. Notre rôle ne se limite pas aux pathologies telles que la dépression, la paranoïa, la schizophrénie, mais il s’étend à des problématiques plus courantes : supporter la solitude, faire respecter son autorité, comprendre le manque d’investissement scolaire de son enfant, résoudre des conflits conjugaux, apprendre à accepter une déception sentimentale.

Nos missions sont nombreuses dans les centres sociaux, dans les prisons, dans les crèches, dans les tribunaux. Nos interventions dans les écoles sont déguisées pour ne pas stigmatiser les usagers comme c’est le cas des conseillers d’orientation qui sont généralement aussi des psychologues (ils sont appelés « COP » pour conseiller d’orientation psychologue depuis peu).

Il ne faut pas réduire le travail du psychologue à une écoute flottante ou confondre spiritualité et psychanalyse. Les psychologues musulmans ne cherchent pas à remplacer les imams (bien au contraire). Ils ne se substituent pas non plus à des penseurs religieux. Ce sont des intervenants dans une relation d’aide quand bien des solutions ont été cherchées, appliquées et ont échoué. Nous intervenons souvent en dernier recours quand rien n’a fonctionné.

Un prochain article pourra être consacré justement à cette complémentarité « psy – imam » afin de mieux comprendre comment chaque rôle à son importance.

Enfin, pensez à toujours vous assurer de la formation de votre thérapeute, un diplôme d’état de psychologue clinicien est requis pour pouvoir exercer en libéral. Ce dernier garantit au minimum cinq ans d’études sur le fonctionnement psychique. Un stage pratique en psychiatrie et des travaux (mémoires, rapports, études de cas cliniques) vous mettront à l’abri de nombreuses personnes qui exercent sans droit.

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