Faites vos devoirs

Pour certains, la vie est simple. La semaine dernière, ma fille et mon fils discutaient de la compétence d’un professeur qu’ils ont en commun. Ma fille déteste ce professeur, alors que mon fils l’aime bien. «Tu ne trou­ves pas qu’elle donne trop de devoirs?» a demandé ma fille. Mon fils a répondu d’un ton cassant : «Et alors? Tu n’as qu’à les faire.»

D’où j’étais assis, j’ai pu voir des éclairs dans les yeux de ma fille, éclairs dirigés vers mon fils, dont la vision du monde se situe à des galaxies de celle de sa sœur. Pourquoi une chose est-elle évidente pour certains et compliquée pour d’autres? Au fil des ans, j’ai travaillé avec bien des gens qui semblaient stagner dans un secteur ou un autre de leur vie. Cela pouvait concerner une tâche précise (devoirs, activités domestiques, etc.) ou des actes à long terme, comme le choix d’une carrière.

Certains s’attellent à ce qu’ils ont à faire, alors que d’autres consacrent leur énergie à réfléchir à ce qu’ils doivent faire. Je parie que ceux qui n’accomplissent rien dépensent plus d’énergie que ceux qui s’affairent. En effet, lors­que nous reportons une corvée, nous en ressentons quand même le fardeau. Par exemple, si je pense toute la journée à tondre le gazon, je finirai bien par le tondre.?Sauf qu’en procrastinant durant des heures, j’ajoute une journée d’angoisse et de culpabilité à l’heure que prendra la tonte elle-même.

Aussi irritant que soit le conseil de mon fils, il cache une profonde sagesse. En nous concentrant sur la tâ­che immédiate plutôt que sur celles qui vont suivre, nous pouvons être remarquablement productifs. Planifier est un aspect nécessaire de la pensée hu­maine, qui fait en sorte que nous prenons le temps de choisir la meilleure ligne de conduite et d’éviter les embûches. Mais les tâches n’exigent pas toutes de la planification. Certaines doivent simplement être exécutées. Lorsque nous consacrons du temps à réfléchir à celles-là, nous retardons le moment de les faire et nous devenons anxieux. En lisant un livre, on n’a d’autre choix que de lire la page ouverte devant soi. Compter les pages qui restent ne raccourcit pas le temps de lecture.

Alors, pour ma fille et pour ses semblables – dont je fais partie à l’occasion! –, il est nécessaire de se concentrer sur ce qu’on a à faire maintenant, sans penser à la suite. Il n’y a qu’à faire ses devoirs pour être aussi productif que mon fils... même s’il est un peu excessif!

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