Experimenter – la critique du film – aVoir

Ce biopic sur la vie d’un des plus grands scientifiques du XXème siècle reste trop en surface de son sujet.

L’argument : En 1961, à l’Université de Yale, le professeur de psychologie Stanley Milgram conduit une expérience sur la question de la soumission à l’autorité qui deviendra la célèbre "Expérience de Milgram". Très vite les résultats de ses recherches et les méthodes employées dérangent et déclenchent une vive polémique. Dénigré par certains,admiré par d’autres, le scientifique affronte la tourmente.

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© Septième Factory

Notre avis : Aujourd’hui encore, Stanley Milgram compte parmi les psychologues les plus importants de ces dernières décennies. Son incroyable expérience sur la soumission des individus à une autorité particulière, est à jamais gravée dans les annales de la psychologie moderne.
Le sujet est passionnant, et le septième art ne s’est pas gêné pour s’en emparer. C’est ainsi qu’est né Experimenter, nouveau long-métrage de Michael Almereyda, cinéaste américain discret et inconnu du grand public. Malheureusement, freiné par un traitement cinématographique trop sage et trop convenu, le film ne parvient pas à restituer toute la complexité de son héros.
L’ensemble de l’œuvre souffre d’une esthétique uniforme et d’une narration en forme d’encéphalogramme plat.
Si la photographie et les décors, épurés, sont plutôt jolis à regarder, le reste a la consistance d’un plat bourratif et étouffe-chrétien. Contrairement aux films d’Abdellatif Kechiche, qui privilégie les gros plans pour immerger le spectateur dans le jeu et la chair de ses comédiens, Experimenter n’est presque composé que de plans moyens ou rapprochés, qui resserrent considérablement l’image, et l’on se sent étriqué dans le cadre, comme dans un vêtement trop court.

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© Septième Factory

L’intrigue tourne en rond, enfermée dans un scénario taillé en forme de cercle vicieux dont elle ne parvient pas à s’extraire. Comme le faisait jadis Brecht au théâtre, le personnage de Milgram se distancie outrancièrement de la diégèse du film : tout au long du récit, l’acteur Peter Sarsgaard multiplie les regards caméra, s’adressant directement au spectateur à travers l’écran. Mais à trop user et abuser des procédés de distanciation, le réalisateur en annule l’effet. Le film quitte alors la fiction pour se transformer en un assommant cours magistral de psychologie sociale : tandis que, traversant un petit couloir étroit, le Professeur Milgram expose ses théories sur le comportement humain, un énorme éléphant – métaphore emphatique de l’autorité destructrice – avance à pas de loup derrière lui, pour bien traduire l’idée que l’humanité est corrompue et condamnée à s’autodétruire ; et pendant que les figurants feignent maladroitement le stress, le malaise et la honte, en administrant de fausses décharges électriques à un cobaye dissimulé derrière une vitre, le spectateur, lui, attend impatiemment que la leçon se termine, comme un élève de primaire pressé de partir en récré.


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