Exercices et histoires pour "Changer…en mieux"

La très sérieuse revue anglaise de psychiatrie British Journal of Psychiatry vient de trouver une nouvelle technique de psychothérapie. Elle suggère –excusez du peu- d’utiliser un hallucinogène, la psilocibine pour favoriser la psychothérapie. En tant que spécialiste ou essayant de l’être de la psychologie du changement, j’ai regardé de près cet article. Il dépasse mes pistes de changement positif (le défi, le catalogue des plaisirs, la relation au corps au hasard ou à l’amour) ! La psilocibine des thérapeutes anglais est un dérivé du LSD. Il s’agit d’une drogue psychédélique créant des stimulations du lobe temporal et des hallucinations. Cette drogue a été très utilisée dans les années 1960 et 1970. Elle a pu aussi être appelée la drogue du souvenir parce qu’elle fait revenir à la conscience des souvenirs traumatisants. Les spécialistes du stress post-traumatique s’en sont servis chez les soldats pour faire revenir les souvenirs de guerre. Aujourd’hui ce sont les psychothérapeutes qui se demandent si cette drogue ne pourrait pas donner un coup de pouce à ceux qui ont du mal à associer librement ou à se souvenir de leur passé. Comme nos spécialistes anglais font les choses de manière sérieuse, ils ont mesuré les effets de la psilocibine non seulement sur la mémoire mais aussi sur le cerveau par une technique sophistiquée (l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle).

Les psychothérapeutes anglais ont recruté quinze volontaires sains. Ils leur ont fait des perfusions de ce dérivé du LSD et ont testé chez eux les capacités de mémoire. On imagine l’annonce pour sélectionner les témoins « vous avez envie de LSD, vous voulez vous souvenir de votre passé, appelez-nous ! ». Il est apparu que les souvenirs positifs de la vie et les images fortes revenaient plus facilement sous psilocibine. Dans le même temps certaines zones du cerveau étaient activées par la drogue hallucinogène. Les chercheurs en déduisent que la psilocibine pourrait être utilisée en psychothérapie. Elle permettrait à ceux qui se font des reproches de s’en faire moins, de retrouver l’estime d’eux-mêmes et de se souvenir des expériences de leur vie où ils ont réussi. Là encore de manière très sérieuse, les psychiatres anglais considèrent qu’une psychothérapie assistée par des hallucinogènes irait plus vite. Elle ferait revenir plus rapidement les traumatismes ou réussites anciennes. Une seule dose de psilocibine pourrait suffire à faire revenir à la conscience les événements positifs. Malgré une conclusion un tout petit peu plus prudente, nos psychiatres anglais n’en démordent pas. Si vous voulez accélérer votre psychothérapie et la rendre plus efficace, prenez des hallucinogènes ! On imagine la thérapie du futur avec un « psy » un rien sorcier qui vous injecte de la drogue à la moindre résistance et en vérifie l’effet sur votre activité cérébrale. Finalement, il vaut mieux perdre un peu de temps en thérapie, ne croyez-vous pas ? Les détours amènent souvent plus de sens et de changements positifs que la recherche trop directe ou trop rapide d’une abréaction spectaculaire.

Références
Carhart-Harris et coll. British Journal of Psychiatry. Mars 2012
Changer…en mieux.Michel Lejoyeux Editions Plon.

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