Études nouveau genre sur le cerveau des bébés

Une équipe de chercheurs du département de Psychologie de l'UQTR entend toutefois revoir entièrement ces conclusions en utilisant des méthodes d'observation et d'analyse différentes et plus sophistiquées que celles qui avaient mené leurs pairs à en arriver à de tels résultats au cours des dernières décennies.

C'est que les idées actuelles sur le fonctionnement du cerveau des bébés sont basées sur une approche influente depuis déjà une trentaine d'années. Il s'agissait de «méthodes expérimentales au cours desquelles on familiarise des bébés avec un événement particulier et après, on leur montre des choses qui sont peu probables.

Selon ces méthodes, si le bébé regarde plus longtemps, on présume que c'est parce qu'il est surpris et si le bébé est surpris, c'est probablement parce qu'il comprend», résume Sylvain Sirois, professeur au département de Psychologie.

Le professeur Sirois et Julie Brisson, son étudiante au post-doctorat, estiment que cette façon d'avoir analysé le fonctionnement cérébral du bébé pose des problèmes méthodologiques. «On pense que la mesure la plus commune du combien-de-temps-bébé-regarde n'est peut-être pas la meilleure pour comprendre comment le bébé traite l'information», fait valoir le chercheur.

L'idée, dit-il, n'est pas tant de critiquer les façons de faire de ses prédécesseurs que de mieux caractériser les méthodes de traitement de l'information.

Dans le laboratoire de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences du développement cognitif, dont Sylvain Sirois est titulaire, on utilise des ordinateurs et des appareils pouvant mesurer les mouvements involontaires de la dilatation des pupilles ainsi que l'activité électrique émise par le cerveau à l'aide, notamment, d'un petit casque muni d'électrodes.

Lorsque bébé se sent de bonne humeur, bien éveillé et disposé, cette expérience d'une durée de 20 minutes, tout au plus, peut être une partie de plaisir pour lui, surtout s'il est de ceux qui ne s'objectent pas à porter un petit chapeau.

Bien assis sur les genoux de papa ou de maman, il verra défiler devant lui diverses images ainsi que des choses qui vont apparaître dans la périphérie de l'écran, des jouets, par exemple, ou des visages.

Les moyens pris au laboratoire pour mesurer les réactions du bébé ne représentent aucun risque pour le petit sujet, promet le professeur Sirois.

Ce que les chercheurs veulent savoir, c'est jusqu'à quel point un bébé a la capacité d'anticiper et combien de temps il prend pour apprendre une séquence et prévoir l'apparition de la prochaine image.

Cet intérêt de savoir comment les bébés, en général, comprennent le monde qui les entoure pourrait permettre éventuellement à la science de trouver des moyens faciles d'utilisation pour dépister des problèmes de développement du cerveau dès le berceau, donc d'intervenir plus tôt qu'on arrive à le faire présentement, explique le chercheur.

D'ailleurs Julie Brisson concentre sa recherche sur les signes précoces de l'autisme, recherche qu'elle effectue auprès de bébés à risque d'autisme dans l'espoir que le diagnostic puisse être posé à 6 mois plutôt qu'à 2 ans.

Mais pour arriver à leurs fins, le professeur Sirois etMme Brisson ont besoin de rencontrer des bébés en tous genres, beaucoup de bébés, âgés de moins de 10 mois, incluant des bébés à risque d'autisme. Les parents intéressés à participer aux recherches avec leur bébé doivent contacter le laboratoire au 819-376-5011, poste 4258.

Le professeur Sirois tient à préciser que les mesures réalisées avec les bébés n'ont aucune valeur diagnostique. «Aucun parent ne va repartir d'ici avec une quelconque suggestion que son bébé se développe normalement ou anormalement», précise-t-il. On participe finalement pour le plaisir et l'avancement de la science.

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