Etre droitier ou gaucher dicte nos préférences

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Pencher pour une chose plutôt que pour une autre ne dépend pas de notre cerveau ni du contexte culturel. C’est ce que montrent des expériences menées par des psychologues. Explications.

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Vous croyez prendre des décisions avec votre tête, mais bien souvent, c’est votre corps qui choisit pour vous. Professeur de psychologie à la New School for Social research de new York, Daniel Casasanto a mené différentes études qui arrivent à la même conclusion: confrontés à une alternative, qu’il s’agisse de deux produits à consommer ou de deux personnes à engager, les gauchers comme les droitiers sont influencés par leur latéralisation.

Ainsi, pendant les analyses, les droitiers ont systématiquement choisi l’objet ou la personne se trouvant sur leur droite, tandis que les gauchers ont préféré ceux situés sur leur gauche. Bien sûr, on pourrait attribuer ces décisions à des différences neurologiques déterminées génétiquement, voire à un réflexe communautaire. C’est pourquoi une nouvelle expérience a été réalisée, en handicapant les droitiers de leur main préférée, et les gauchers de la leur. Après seulement douze minutes d’exercices manuels entravés, les droitiers se mettaient à penser comme les gauchers, ou en tout cas à développer les mêmes préférences; et inversement. Daniel Casasanto en conclut qu’«en modifiant la façon dont les gens utilisent leurs mains, on peut changer leurs jugements sur des notions aussi abstraites que le bien et le mal».

Gauchers persécutés

Un constat qui n’étonne pas François Gaillard, professeur honoraire de l’Université de Lausanne et neuropsychologue spécialiste de la latéralité: «Bien avant d’écrire E = mc2, l’être humain apprend le monde à partir des relations entre son corps et l’environnement. L’enfant mobilise son corps naturellement pour comprendre le monde et se le représenter. C’est une affaire de développement et de fonctionnement cérébral, et le cerveau n’a cure de ce que les hommes ont fantasmé, en l’occurrence des valeurs différentes attribuées à la main gauche et à la main droite.»

Car on aurait pu croire que dans ces histoires de préférence, la culture joue un grand rôle. Dans de nombreuses civilisations, la main droite est associée au bien, tandis que la main gauche manque de popularité. Selon la loi islamique, les musulmans doivent utiliser la main droite pour manger et boire, car seul Satan se sert de la gauche. En Afrique noire, les gauchers sont très souvent persécutés et au Mali, les gauchères restent la plupart du temps célibataires. En latin, gauche se traduit par «sinister». Quant à la bible, elle est explicite: «Le cœur du sage est à sa droite, et le cœur de l’insensé à sa gauche» (Ecclésiaste, 10.2).

Ce jugement de valeur s’explique principalement par le pouvoir de la majorité (environ nonante personnes sur cent sont droitières), mais selon Pierre-Michel Bertrand, spécialiste français de la question gauchère, elle doit aussi beaucoup à la loi des polarités. «La pensée primitive était dominée par un principe de dualité, où l’on opposait la nuit au jour, la femme à l’homme, le chaud au froid, etc. Or l’homme s’est aperçu qu’il portait en lui cette dualité, en ayant une main avec laquelle il était plus fort et habile que l’autre. Cette opposition, dans son corps, reflétait l’opposition éternelle du bien et du mal. Puis les premières religions, héliocentristes, sont intervenues et ont contribué à rendre la main droite sacrée, puisque le soleil, quand il se lève, va vers la droite.»

Le mystère américain

Pour le neuroscientifique Patrik Vuilleumier, d’autres recherches que celles de Daniel Casasanto attestent des liens entre pensée et physicalité: «Notre perception de la temporalité est modifiée selon que l’on se trouve sur une chaise basculant vers l’avant ou vers l’arrière. Autre exemple, des tribus qui ont l’habitude de ramer sur une barque conçoivent l’avenir comme «derrière» eux, alors que nous, qui nous déplaçons en marchant ou en véhicule le considérons comme «devant» nous.»
En tout cas, les expériences de Daniel Casasanto ont permis d’élucider le mystère de la surreprésentation des gauchers à la présidence américaine (sur les sept derniers présidents, cinq sont gauchers, y compris Barack Obama). Selon le professeur en effet, «nous utilisons notre main dominante pour évoquer des aspects positifs de notre discours et notre main non dominante pour signifier des faits plus négatifs. Or les votants, à grande majorité droitiers, voient les candidats gauchers gesticuler du bon côté de leur écran de télévision!» De là à pronostiquer les résultats des futures élections, il n’y a qu’un pas, à faire des deux pieds gauches. (Le Matin)

Créé: 18.03.2012, 12h35


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1 Commentaire

Une gauchère Contrariée à l'école


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Très intéressant!!! Surtout pour les personnes ambidextres!!

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