Entreprise et Psychologie : un couple ambigu

Si l'association « Psychologie et Business » forme un couple improbable pour les uns, nécessaire pour les autres, nous sommes à même de constater que ce mariage existe bel et bien depuis le début du 20ème siècle. Sauf que je le qualifierai plutôt …. d'ambigu !

Saviez-vous que le terme « Relations Publiques » fut inventé par Edward Berneys (neveu de Sigmund Freud immigré aux Etats-Unis) pour remplacer le mot « propagande » dans les années 20, dans le seul but de booster les ventes de cigarettes auprès des femmes ? Saviez-vous que les grands industriels américains ont massivement fait appel aux techniques psychologiques pour influencer les comportements d'achat du peuple américain ? 

Pour faire court, afin de stimuler la croissance économique - moteur du modèle capitaliste - il fallait vendre l'idée aux Américains que l'on achète, non pas pour satisfaire ses besoins réels, mais pour combler ses désirs inconscients (ses envies). Les théories de Freud, appliquées par son neveu et ses « disciples », ont largement contribué à la science de la manipulation des masses. Résultat : naissance de la société de consommation, plagiée rapidement par les sociétés européennes. (Les pays émergents ont d’ailleurs pris le relais aujourd’hui).

Pour plus d'information, regardez l'excellent documentaire d'Adam Curtis « The Century of Self » sur YouTube

Bref, pour dissimuler ces fins ambiguës, le monde de l'entreprise a pris grand soin de conserver un contexte de discrétion et de confidentialité à l'égard de l'application des outils psychologiques. Avec grand succès, car une production impressionnante de littérature scientifique a vu le jour à partir des années 50 sous la bannière des théories du management, du marketing, et de la communication/publicité.

Jusqu'à ce jour, tous ces business experts, formés en majorité dans nos écoles de commerce, continuent à se servir de manière intensive des méthodes et outils psychologiques pour manipuler nos émotions au détriment de notre raisonnement, de nos capacités de discernement et de notre jugement logique.

Dans quel but ? Nous inciter à consommer toujours et encore plus de produits, gadgets et trucs divers. Des produits de consommation dépourvus de toute nécessité vitale pour la plupart d’entre eux, mais que nous désirons tellement fort que nous finissons par être persuadés que nous en avons réellement besoin... On peut dire que le monde corporate est devenu expert dans la manipulation de notre subjectivité.

Qui peut encore nier que notre existence est propulsée par notre envie d'acheter des choses ? Et que notre « bonheur » est devenu quasiment assujetti à notre capacité d'acquérir des objets variés, y compris des biens et des services immatériels qui nous procurent du plaisir (vacances, restaurants, films, massages…) ?

Nous en sommes arrivés au point où nous avons intériorisé une solide croyance : notre identité sociale s’est construite sur la diversité et sur la qualité de nos possessions et de nos dépenses. L’expression de notre identité UNIQUE se déploie à travers la matérialisation de nos choix personnels. Puis, ces choix individuels nous amèneraient même à pouvoir agir sur notre propre destin. Enfin libres !

Enfin, presque …

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