Enseignement et pratique de la psychologie Malaise chez les psy…

Psychologues et professionnels de la santé se sont autodiagnostiqués au palais de la culture Moufdi Zakaria, le week-end dernier. Réunis par la Société algérienne de recherche en psychologie (SARP), une l’association pour l’aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie, praticiens et formateurs ont en effet exprimé leurs préoccupations liées à la qualité de la formation, mais aussi aux multiples freins à l’essor des pratiques psychologiques en Algérie. En une sorte de thérapie de groupe – de professionnels de la santé mentale – les conférenciers se sont également attelés à préconiser des mesures dans l’objectif de venir à bout des mauvaises conditions et du malaise qui prévalent dans le champ d’exercice de leur profession.

Ainsi, durant deux journées d’étude intitulées «Psychologues et psychothérapeutes en devenir», une dizaine d’enseignants venus des universités d’Alger 2, Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou, Blida, Tlemcen et Oum El Bouaghi ont présenté des communications devant leurs pairs docteurs en psychologie, chercheurs et praticiens.

Cette rencontre professionnelle, suivie de débats et d’une séries d’ateliers thématiques, s’est malheureusement déroulée sans la présence d’étudiants en psychologie – absents en cette période de vacances – pourtant au centre des préoccupations des conférencières qui se sont longuement exprimés sur la qualité de l’enseignement supérieur et l’impact des reformes LMD sur les métiers de psychologue.

En outre, les travaux consacrés également à débattre des thèmes du savoir-faire d’une part, des règles éthiques et de la déontologie d’autre part ; ont donné lieu à des discussions intenses autour des principes fondamentaux devant régir leur métier. Ce fut l’occasion pour la SARP de présenter aux adhérents et aux autre participants le code déontologie élaboré par ses membres, censé jeter les fondations propices à l’édification d’un conseil de l’Ordre des psychologues garant et régissant leurs profession.

Ainsi, des questions relevant du domaine de la santé mentale, souvent occultées mais des plus sensibles car intimement liées au respect de la dignité humaine, ont été évoquées dans les discussions autour du fameux code de déontologie. Il en ressort que le malaise qui tourmente les tenants de la psychologie en Algérie n’est pas une question de reconnaissance de la discipline qui fait face à une demande de plus en plus importante à présent, mais un problème de référence aux règles éthiques consensuelles et clairement codifiées.

Le secret professionnel dans la communication interdisciplinaire entre professionnels de la santé, autorités et famille reste une question délicate, souvent à l’origine de dérives menant à de méprisables abus à l’encontre des patients, même soient-ils les plus vulnérables. D’ailleurs, de nombreux jeunes psychologues ignorent comment évaluer une situation en toute conscience et dans le respect de l’éthique mais également en tenant compte des dispositions légales, quelle conduite tenir face à des informations ou des pratiques à caractère confidentiel mais susceptible de porter atteinte à l’intégrité du patient ou à celle d’un tiers ?

Autant de questions ont été posées par les praticiens et débattus à la lumière des principes fondamentaux proposés par le document élaboré par la SARP (le code de déontologie). Les participants à ces journées d’étude ont également souligné que les psychologues travaillent et évoluent dans la solitude, isolés en l’absence d’espaces d’échange avec leurs pairs. Ce qui empêche la réflexion et prive de la distance nécessaire pour donner du sens à ce qui se déroule actuellement en Algérie en qualité de soins et rend compte de la relation entre le psy et son patient.

Le LMD mis en cause

Parallèlement, lors d’un autre atelier consacré à la formation, des enseignants se sont penchés sur les carences de la formation universitaire, manifestement en déphasage avec la recherche et les pratiques contemporaines. D’autres se sont interrogés sur l’apport que des associations et institutions privées en matière de formation continue. Des discussions qui renvoient inévitablement à la problématique du cadre juridique et à la question de reconnaissance des diplômes.

Le système LMD, évoqué également lors des travaux, a fait polémique ; plusieurs professionnels de la santé décrient la durée de la formation des psychologues, jugée insuffisante et dépréciée par l’absence de stages professionnels censés préparer le futur praticien à faire face à ses patients. C’est ainsi que chaque année, des milliers de psychologues se retrouvent sur le marché du travail sans bagage autre que la licence en psychologie clinique, selon les témoignages de leurs enseignants.

A la fin de la rencontre, les participants se sont accordés à dire que l’université et les secteurs employant les psychologues ne seront pas en mesure de résoudre toutes ces problématiques sans l’apport des associations et autres institutions et qu’il est primordial d’initier des travaux communs, menés par des praticiens et des universitaires, pour améliorer les méthodes d’enseignement et la formation continue, d’une part, perfectionner et varier les pratiques psychologiques et psychothérapeutique en Algérie, d’autre part.

Les propositions et recommandations formulées par les participants ont été recueillis par les membres du conseil scientifique de la SARP pour être synthétisées et seront, selon les organisateurs, incessamment publiées dans les annales de cette rencontre par le Centre de recherche et de documentation (Credo) affilié à SARP et éditeur de la revue Psychologie.
 

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