Écologie politique, "Ensauvager la vie et la façon de faire de la …

Biographie / Bibliographie de Serge Moscovici en complément au dossier Écologie politique, "Ensauvager la vie et la façon de faire de la politique" (1)

Sa vie, un vivoir

1925 - Naissance en Roumanie dans une famille juive, survit à un pogrom puis à l’enfermement en camp de travail pendant la guerre grâce à la lecture de Spinoza et Descartes.
1944 - Fondation de la revue lettriste Da, rapidement censurée, quitte la Roumanie en 1947.
1948 - Suit des cours de psychologie à la Sorbonne tout en travaillant en usine.
1961 - Thèse, sous la direction de Daniel Lagache, sur la représentation sociale de la psychanalyse.
1965 - Création du Groupe d'études de psychologie sociale à l'École pratique des hautes études qui deviendra le Laboratoire de psychologie sociale de l'EHSS. Il est considéré comme un des fondateurs de la psycho-sociologie française.
1968 - Essai sur l’histoire humaine de la nature, Flammarion.
1972 - La Société contre nature, Seuil.
1974 - Hommes domestiques et hommes sauvages, 10/18.
1977 - Ayant rejoint les Amis de la terre, candidat pour se présenter aux élections municipales à Paris. 10 % de score en moyenne dans toute la France.
1978 - Pourquoi les écologistes font-ils de la politique ?, Seuil.;1979 - Psychologie des minorités actives, PUF.
1981 - L'Âge des foules : un traité historique de psychologie des masses, Fayard.
1992 - Participe à la création de Génération Écologie.
1997 - Chronique des années égarées : récit autobiographique, Stock.
2002 - De la nature : pour penser l’écologie, Métailié, 2002 et Réenchanter la nature : entretiens avec Pascal Dibie, Aube.
2012 - Raison et cultures (édité par Nikos Kalampalikis). Paris, Éd. de l'EHSS.
2013 - Le scandale de la pensée sociale (édité par Nikos Kalampalikis). Paris, Éd. de l'EHSS.

Citations extraites des ouvrages de Serge Moscovici en complément au dossier Écologie politique, "Ensauvager la vie et la façon de faire de la politique" (1)

« Il y a des époques où tout semble dépendre de la volonté du plus grand nombre, et des époques minoritaires, où l'obstination de quelques individus, de quelques groupes restreints parait suffire à créer l'événement, et à décider du cours des choses. (…) Si l'on me demandait de définir le temps présent, je répondrais qu'un de ses caractères particuliers est le passage d'une époque majoritaire à une époque minoritaire. » Psychologie des minorités actives, 1979.

« Il n'y a rien de mal à être déviant ; il est tragique de le rester. Tout un ensemble de facteurs : le conflit intérieur, le désir de consensus unanime, le fait que le déviant puisse être perçu comme attirant et perçu de façon positive, montrent que les minorités et les déviants ont autant de chance d'exercer une influence que la majorité. » Psychologie des minorités actives, 1979.

« Exigence d'absolu, approche de la perfection, puissance de la mesure se heurtent à la résistance de l'irréalisable, déchirent l'apparence si soigneusement fabriquée, rencontrent les limites du possible, la blessure du réel. C'est aussi la tragédie qui nous introduit au coeur de ce que signifie "domestiquer la vie". » Hommes domestiques et hommes sauvages,1974.

« Rester près de la nature, du monde animal, végétal, minéral, ou y revenir, transformer le départ, l'éloignement en faux départ, en proximité, faire de la rupture entre les hommes et avec l'univers une alliance, tel en est le premier volet. En finir avec la terreur qu'inspire le non-humain, mettre fin à la phobie que suscite un autre homme différent, d'autrefois ou d'ailleurs, consacré bestial ou

barbare, retrouver la sensibilité, le contact avec ce qu'il y a d'exubérant dans la fécondité des êtres qui peuplent la terre, se libérer à travers le contact, se réincarner au sens propre, reprendre la chair grâce à ces hommes autres, différents, tel en est le second volet. "Ensauvager la vie" : ce mot d'ordre résonne comme un mot de désordre. (L'objectif de) transformer le monde de chacun en un

vivoir (passe par l'action de) libérer le corps, de libérer la nature, évidemment. D'être libérés par eux, en échange. Pas de contrôle de la nature interne ou de la nature externe. Elles se contrôlent très bien elles-mêmes. Le seul combat qui mérite d'être mené a pour fin de les protéger contre lesdestructions opérées par la technique, la violence de la connaissance méthodique, les atteintes d'une civilisation enivrée par ses rêves de possession. Renaturaliser - reboiser, replanter, recultiver - le monde abstrait, refroidi, est l'autre face du combat. » Hommes domestiques et hommes sauvages, 1974.

« La nébuleuse écologique a atteint aujourd'hui la densité critique qui lui permet de résister. A la longue, cette opération de récupération peut devenir un atout si nous savons l'utiliser. (...) En fait, plus on le "récupère", plus le mouvement écologique se radicalise ; et tout compte fait, il y gagne petit à petit, les problèmes essentiels prennent le pas sur les autres : on nous "prend" la défense de l'espace vert, du vélo, de l'air pur, nous insistons sur le nucléaire, le travail, l'urbain, les droits de l'homme, l’État, les formes de vie en général. » Pourquoi les écologistes font-ils de la politique ? 1978.

Stéphane Lavignotte, 6 février 2015

Dossier de Cerises n° 244

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