Des profileurs appelés à la rescousse à Toulouse

Des profileurs, autrement appelés "analystes en comportement", issus du privé, et des analystes criminels de la police ont été appelés à Toulouse pour aider les enquêteurs à cerner le profil du tueur.  La direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) coordonne l'enquête sur l'homme qui a tué quatre personnes - dont trois enfants - à Toulouse, le 19 mars, et trois militaires, à Montauban et à Toulouse, les 15 et 11 mars. Mais la DCPJ n'a pas de service spécialisé dans l'établissement du profil psychologique des criminels et a donc recours à des experts indépendants.

Le seul service d'enquête spécialisé dans le profilage au ministère de l'intérieur a été créé par les gendarmes. Il s'agit du département des sciences du comportement (DSC), fondé en 2003. Il réunit une petite dizaine de spécialistes de la psychologie criminelle, à Rosny-sous-Bois, avec les autres services techniques et scientifiques de la gendarmerie. Il n'a pas été sollicité à Toulouse.

Dans un rapport de juin 2003, la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la justice définissait l’analyse criminelle comme "la recherche et la mise en évidence méthodique de relations entre des données de criminalité elles-mêmes d’une part, et entre des données de criminalité et d’autres données significatives possibles d’autre part, à des fins de pratiques judiciaires et policières" et l’analyse comportementale comme "une forme particulière d’analyse criminelle qui nécessite le recours à des connaissances relevant des sciences humaines" - notamment la psychologie.

La réflexion du ministère avait été lancée "face à l’engouement, y compris dans les milieux judiciaires et policiers, pour ces méthodes d’investigations méconnues des procédures françaises". Le but était "d’envisager les modalités de leur intégration en droit français dans le respect des règles du code de procédure pénale". Le rapport prônait notamment d'envisager des formations spécifiques et de faire des profileurs "des officiers de police judiciaire placés sous l'autorité et le contrôle des magistrats". Le rapport n'a abouti à rien de concret, si ce n'est une plus grande prudence de la part des enquêteurs.

Deux ratés étaient à l'origine de cette volonté de faire le ménage. Dans un arrêt du 28 novembre 2001, la Cour de cassation avait annulé des bouts entiers d'une enquête après un meurtre à Nîmes: le suspect avaient été placé sous hypnose lors d'une audition. Un deuxième arrêt du 29 janvier 2003 avait validé l'annulation d'une expertise psychocriminologique par la chambre de l'instruction de Bordeaux, jugeant que "le juge d'instruction avait délégué des pouvoirs relevant de sa seule compétence".

Laurent Borredon




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