De l’influence des psychologues scolaires

Anker_Die_Dorfschule_von_1848_1896Par le Dr Thierry Ferjeux MICHAUD-NÉRARD, Pédopsychiatre, DEA de Psychologie clinique

L’engeance qui a probablement eu le plus d’influence sur le comportement des enfants à l’école est celle des psychologues scolaires, une corporation qui a réussi à imposer abusivement au monde enseignant ses conceptions de la scolarité des enfants. Les psychologues scolaires influencent ainsi profondément les comportements habituels des enseignants. Pour tester la justesse de ces allégations, on dispose d’un critère simple et facile. Lorsqu’une profession offre des services fondés sur un savoir solide et établi, on devrait noter une “relation positive vérifiable” entre le nombre des psychologues par rapport à la population scolaire et les bons résultats obtenus. Dans un pays qui a beaucoup de médecins, le niveau général de la santé devrait être meilleur que dans un pays qui ne possède que peu de praticiens. On peut penser que les niveaux de mortalité et de morbidité seront moindres, dans les pays où il y a un nombre important de médecins et d’infirmières, que dans les régions où ils sont plus rares. Ces commentaires suffisent-ils à poser le problème ?

Quels sont les avantages apportés par les psychologues scolaires à l’école ? Si la psychologie offre une connaissance purement spéculative, qui n’a pas d’utilisation pratique, la question est de savoir pourquoi l’école recrute des gens d’intelligence modeste pour propager ces spéculations incompréhensibles ?

Si on veut vérifier la validité de l’argument, selon lequel les psychologues scolaires sont utiles pour la connaissance du comportement des enfants à l’école, notons quelle contribution ils sont supposés avoir fourni au bien-être des enfants scolarisés jusqu’à aujourd’hui. Si l’on en juge par les indications données par les psychologues eux-mêmes, l’utilité pratique de la psychologie à l’école consisterait à aider les enfants à réussir et à trouver leur place dans la société. La mission de la psychologie à l’école est de permettre aux élèves de s’adapter aux règles de la vie sociale et à pouvoir y vivre heureux, en harmonie avec les autres.

En conséquence, dans les écoles où l’on fait le plus largement appel aux services des psychologues scolaires, on devrait constater que les enfants sont plus stables, les liens entre les enfants plus forts et plus affectueux, les relations entre collègues plus harmonieuses, l’aide aux enfants en difficulté plus bénéfique, le nombre des incivilités et des agressions par des vandales moins important que dans les écoles ou dans les groupes scolaires qui ne bénéficient pas de la compétence des psychologues.

De là, on pourrait déduire que la France, en tant que pays béni de l’harmonie, de la réussite et de la paix scolaires, est le pays de référence, en constatant l’accroissement constant du nombre des psychologues scolaires et des spécialistes des sciences de l’éducation. Si certains pensent que la causalité agit en un sens inverse, ils peuvent croire que c’est l’augmentation des enfants ou des enseignants en difficulté à l’école qui a nécessité un plus grand besoin de psychologues. Même si on admet cette hypothèse, on constate que la multiplication des psychologues scolaires n’a pas produit d’amélioration.

C’est ce qui fait croire à certains parents et enseignants que les psychologues auraient pu entretenir ou même aggraver la maladie de l’école, de l’inadaptation et de l’échec scolaire, plutôt que de l’avoir apaisée.

Quoi qu’il en soit, le nombre des psychologues scolaires s’est mis à augmenter, sans qu’intervienne la moindre diminution du nombre des inadaptations et des échecs scolaires. Si on demande quel est le secteur d’activité qui est le moins efficace en France et quel est le secteur d’activité qui emploie le plus grand nombre de psychologues et d’éducateurs spécialisés, on constate que c’est l’enseignement et la justice des mineurs.

Et c’est dans ces deux secteurs d’activité que la qualité des résultats a diminué le plus objectivement et le plus scandaleusement ! C’est là aussi que le nombre des psychologues et des éducateurs spécialisés a augmenté le plus vite ! Si au lieu de comparer l’efficacité de l’enseignement ou de la justice des mineurs avec d’autres secteurs d’activité, on compare la situation de la justice des mineurs et de l’enseignement en France et dans les autres pays européens, le constat est le même. Malgré cela, les écoles emploient en France un nombre parmi les plus importants de psychologues et de rééducateurs de toutes sortes.

Par contre, si l’on en juge par la somme des connaissances réellement transmises à l’école, plutôt que par le nombre de diplômes dévalorisés, qui sont généreusement décernés en trafiquant les notations, et ce jugement par rapport aux dépenses engagées, on remarque que nos écoles sont parmi les moins efficaces du monde, même si l’on tient compte des moyens des pays les plus pauvres. On rencontre en France des élèves qui ont fréquenté l’école et le collège pendant au moins 10 ans et qui lisent et écrivent avec la plus grande difficulté. Traiter ces élèves de dyslexiques, c’est, encore une fois, faire porter la faute par la victime !

C’est le même problème concret qui affecte un grand nombre d’étudiants dans les universités. En clair, le déclin du savoir transmis à l’école s’est aggravé, dans le même temps qu’augmentait le nombre des personnels de l’Éducation Nationale ayant une formation de psychologue et d’éducateur. On pourrait trouver là une sorte d’explication brutale et succincte au désastre de la justice des mineurs et de l’enseignement en France. À ce qu’il semble, dans aucun autre pays, on ne peut devenir professeur des Écoles sans avoir appris à écrire convenablement ! Il en est de même pour les présentateurs du JT à la télé !

Pourtant, ce sont tous des gens qui ne connaissent pas d’autre langue que leur langue maternelle, et qui transgressent les règles de grammaire ou qui utilisent des mots, sans les comprendre et sans jamais tenir compte du dictionnaire. Et dans quels secteurs d’activité ces gens sont-ils les plus nombreux ? Évidemment en psychologie, chez les éducateurs spécialisés et dans les sciences de l’éducation.

Il semble bien que le déclin de la qualité de l’enseignement et de la justice des mineurs ait un rapport avec l’expansion du nombre des psychologues et des éducateurs spécialisés. Mais il ne s’agit sûrement pas d’une quelconque nécessité logique. Ce déclin est lié au caractère édulcoré et abaissé de la formation initiale que ces disciplines ont subi. La tendance ne se limite pas aux psychologues et aux éducateurs spécialisés.

Dans d’autres disciplines comme parmi les présentateurs de la télé et dans le journalisme, la baisse du niveau de l’expression littéraire s’accompagne de l’expansion du psychologisme et de l’attirance facile pour de mélodrame qui favorise l’attitude compassionnelle des médias et des hommes politiques.

C’est ce qui résulte des études sociologiques réalisées scientifiquement.

Dans une étude sociologique déjà ancienne pratiquée auprès des étudiants, un test de vocabulaire a révélé que les étudiants des sciences sociales (psychologie et sociologie) avaient un vocabulaire beaucoup plus restreint que le vocabulaire de tous les autres étudiants des autres disciplines, y compris les physiciens, les chimistes, les biologistes et les mathématiciens.

C’est pourquoi on assiste continuellement à des réunions interminables à l’école où des psychologues scolaires dissertent sur les problèmes de la vie et sur le comportement des enfants scolarisés, sans avoir jamais appris à écrire correctement. Même la justice des mineurs a perdu son dynamisme et son efficacité, dans le même temps qu’augmentait le nombre des psychologues et des éducateurs spécialisés employés.

Même si cette réalité ne prouve pas qu’ils soient à l’origine du déclin de la justice des mineurs, cela fait sérieusement douter de leur utilité. Malgré cela, l’écroulement du système éducatif de l’école en France et l’abaissement constant de l’efficacité de la justice des mineurs ont été régulièrement accompagnés d’une augmentation du nombre des psychologues et des éducateurs spécialisés, sans que cela ne pose question à personne, ni ne soulève la moindre critique systémique. Au contraire, dans un autre pays européens comme la Grande Bretagne, on remarque une corrélation positive, entre l’augmentation du nombre des conseillers et psychologues d’enfant et le taux des réinsertions réussies en milieu scolaire et socio-judiciaire.

Quoi qu’il en soit, il est clair que l’attitude compassionnelle de nos hommes politiques, qui va de pair avec l’indécision et l’inefficacité devant l’aggravation des maux sociaux, a stimulé la demande de soi-disant experts pour justifier des opérations de propagande, ce qui a fortement contribué à augmenter le nombre des psychologues dans toutes les institutions publiques. Après un drame, que les responsables n’ont pas voulu prévenir et encore moins éviter, on met en place des “cellules d’écoute psychologique”, alors que ce “rituel”magique est remplacé, dans les pays pauvres, par trois jours de deuil national !

Malgré cela, on ne peut que constater que ces psychologues scolaires soi-disant experts n’ont pas été capables d’apporter une aide quelconque aux enfants et aux enseignants en difficulté à l’école.

Illustration : Albert Anker, L’école du village en 1848

Categories : Education, Psychologie




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