Couple : l’amour n’est pas nécessairement dans le "près"

Paradoxe, ou pas, en tout cas idée contraire à celle généralement reçue, les relations amoureuses à distance seraient plus solides, plus durables, plus harmonieuses, que celles de conjoints vivant sous le même toit. Au quotidien, sexuellement, cela va sans dire, ce n'est sans doute pas le cas (encore que...), mais sur le terrain affectif, pour ce qui est de la qualité de la relation et de l'épanouissement qu'elle procure, deux chercheurs qui viennent de publier dans le Journal of communication sont convaincus que non seulement la distance ne nuit pas au couple, mais qu'elle lui est bénéfique.

Moins de contact, plus de communication

Pour en arriver à ces conclusions, L. Crystal Jiang, de l'université de Hong-Kong et Jeffrey T. Hancock, de celle de Cornell, aux Etats-Unis, ont recueilli et compulsé les diverses formes d'échanges (correspondances sur Internet, messagerie instantanée, coups de fil, SMS et bien sûr rencontres de visu...) entre près de soixante-dix couples américains âgés de 18 à 34 ans et "ensemble", en moyenne depuis près de deux ans. De leurs analyses, résulte l'hypothèse que les amants distants compensent largement l'insécurité apparente de leur relation et le manque de l'autre par un dialogue plus ouvert, plus transparent et plus fertile.

A défaut de pouvoir manifester physiquement son affection, on l'exprimerait plus volontiers, on serait plus transparent sur ses sentiments, on prendrait soin d'éviter les sujets de discorde et l'on aurait tendance à idéaliser son lointain partenaire amoureux et à lui pardonner ses petits travers, qui, au quotidien auraient eu plus de mal à passer. Faute de pouvoir se retrouver dans l'espace, nos pensées convergeraient sur des objectifs, des projets de vie communs. D'un point de vue scientifique, la méthodologie de cette étude vaut ce qu'elle vaut, il en faudra sans doute d'autres pour conforter ces hypothèses.

Compréhensible, mais pas si sûr

Le fait est cependant que pour le psychologue parisien Antoine Spath, que cite Le Figaro, cette théorie n'a rien d'étonnant. "C'est tout à fait compréhensible. Quand il y a distance du corps, les situations conflictuelles s'érodent" explique ce sexologue spécialiste des thérapies de couple. Schématiquement, il est bien plus facile de passer outre les travers de son compagnon ou sa compagne lorsque l'on ne les constate pas au quotidien. Cela étant dit, sans parler de sexualité et de la question de la fidélité que n'aborde pas l'article signé par le duo de chercheur sino-américain, la distance peut aussi s'avérer un miroir aux alouettes.

Toujours selon M. Spath, l'expert interrogé par Le Figaro, pour sincères qu'ils soient, il n'est pas dit que les amants "longue distance" soient dans le vrai. C'est, explique-t-il, que ces amoureux qui se voient peu, mais usent autant que possible des moyens de télécommunications modernes, auraient aussi tendance à se replier sur eux-mêmes de façon narcissique, n'entretenant avec leur compagne ou compagnon qu'un "lien imaginaire", plus centré sur eux-mêmes et ce qu'ils projettent sur le partenaire que ce qu'il a vraiment à apporter. En clair, conclut le psychologue, la rencontre des corps ou au moins leur présence en un même lieu reste "le fondement d'une relation amoureuse impliquant un vécu affectif riche, déclaré et intense".

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