Commentaire pour Marie-Christine GRYSON à propos son feu-billet …

Ce billet fait suite à celui de Marie-Christine Gryson, psychologue clinicienne, intitulé  : Outreau : « Procès de Rennes, Maurice Berger et Karl Zéro s'expriment ». Ce billet commençait ainsi : « Aucun rapport entre Maurice Berger et Karl Zéro, l'un est pédopsychiatre de renommée internationale et l'autre est journaliste…/… ».

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Malheureusement, Marie-Christine Gryson a décidé de retirer son billet avant que je n’ai pu l’informer de toutes les erreurs qui s’étaient glissées dans son article. Par ailleurs, je regrette d’avoir passé du temps à lui rédiger mes premiers commentaires car j'avais pris bien soin de les argumenter. A présent, on tombe froidement sur cette image :

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Dans son feu-billet, Marie-Christine Gryson référençait une publication de Maurice Berger qui semble se positionner en faveur des experts d’Outreau. Dans cette publication, Maurice Berger réagissait aux critiques de Stéphane Durand-Souffland qui est chroniqueur au Figaro... L’article de Maurice Berger n’a pas été retiré, lui : http://www.huffingtonpost.fr/maurice-berger/outreau-ma-reponse-de-pseudo-sachant_b_7490826.html .

Marie-Christine Gryson citait Maurice Berger car celui-ci est également expert pour les tribunaux et il a été formateur à l'ENM de Paris. Marie-Christine Gryson, quant à elle, faisait partie des experts d’Outreau…

 

Mon avis personnel et critiquable en tout point…

Ce n’est pas le sujet, mais j’ose croire que le fiasco d’Outreau, tout comme bon nombre de grandes erreurs judiciaires, repose en grande partie sur le fait que le collège d’experts était composé de psychologues de pratique psychanalytique... J’extrapole cette déduction de plusieurs faits qui convergent dans le même sens.

Les jugements rendus dans le cadre des affaires de séparations parentales, sont largement placés sous influence psychanalytique. Cela tient au fait que les sommes d’argents en jeu sont colossales et que la psychanalyse a tout intérêt à repousser la psychologie scientifique autant que possible. Les arguments prônés par ces deux disciplines concernant les besoins de l’enfant en matière de parentalité sont contradictoires. La psychanalyse prétend qu’il existe une hiérarchie des rôles parentaux !

Aussi, des psychanalystes français comme ceux de la WAIMH.fr, l’APPEA, le COPES, etc. exercent un lobbying auprès des institutions (et des magistrats) et occultent volontairement de leurs arguments toutes les études issues de la psychologie scientifique qui démontrent que l’enfant, même en deçà de trois ans à besoin de ses deux parents et que la notion de hiérarchie parentale n’a aucun sens.

Sans doute aussi, ces psychanalystes cherchent-ils à sauver la psychanalyse qui est vouée à évoluer dans le sens de la psychologie scientifique (et donc à disparaître sous sa forme actuelle). Effectivement, les fondamentaux freudiens concernant les besoins de l’enfant en matière de parentalité sont faux. La conséquence de ce lobbying sur les décisions de justice est qu’environ 20% des enfants du divorce finissent par perdre tout lien avec leur père [1] et on extrapole à 1000, le nombre de pères de famille qui se suicident chaque année pour cette raison [2]. Pour illustrer brièvement le désaccord entre psychologie scientifique et psychanalyse, je citerai un extrait d’une publication [3] de Jean Le-Camus, professeur émérite de Psychologie à l'Université de Toulouse le Mirail :

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Je m’appuie également sur une analyse de Jacques Van-Rillaer, psychologue et professeur émérite de psychologie à l’Université de Louvain. Jacques Van-Rillaer démontre que la pratique (psychanalytique) du psychologue qui a expertisé Patrick Derochette a influencé négativement sa conclusion d’expert. De ce fait, le criminel Patrick Derochette a été libéré de prison et il s’est ensuite immédiatement livré à un nouveau crime sur enfant [4]. Ce dernier crime aurait pu être évité si l’expert avait été d’une autre pratique.

Pour Outreau, il est difficile de ne pas se souvenir de la publication de Mikkel Borch-Jacobsen. En 2006, Mikkel Borch-Jacobsen, professeur de littérature comparée à l'Université de Washington, écrivait ceci [5] : « Il ne faut donc pas s'étonner si des experts se réclamant de la psychanalyse ont pu contribuer au désastre d'Outreau : placés dans un autre contexte et devant d’autres demandes, ils auraient tout aussi bien pu confirmer que les enfants avaient été abusés par une secte satanique ou, inversement, qu’ils étaient les vrais "séducteurs", du fait de leurs pulsions oedipiennes et perverses-polymorphes. Comme l’écrivait William James après avoir rencontré Freud lors de son voyage aux Etats-Unis, l’interprétation psychanalytique "est une méthode des plus dangereuses". Ne la mettons surtout pas entre les mains de personnes susceptibles de décider de notre destin. ».

Je voudrais aussi référencer dans ce billet deux textes choisis par Jacques Van-Rillaer, professeur émerite de psychologie à l'Université de Louvain relativement au scandale d'Outreau.

http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0V4cGVydHMuT3V0cmVhdS5wZGY%3DcidReset=truecidReq=EDPH2277

 

Revenons à nos moutons…

Marie-Christine Gryson avait tort de citer Maurice Berger dans son feu-article pour différentes raisons.

 

Point 1

Le psychanalyste Berger cite dans son article l'étude de Thoennes et Tjaden en précisant qu'il s'agit d'une étude de référence !!! L'étude de Thoennes et Tjaden n'est pas une étude de référence car la méthodologie employée par Thoennes et Tjaden vaut "ce qu'elle vaut"...!

Le résumé en français de cette étude indique ceci : « Les auteurs ont utilisé des informations obtenues par correspondances postales et téléphoniques ainsi que par des interviews personnels avec des professionnels de la santé mentale et des juristes qui ont à faire à des cas de maltraitance à l'égard d'enfants; ils ont également utilisé des données empiriques provenant de douze tribunaux s'occupant de relations domestiques à travers les Etats Unis.../... ». Cette étude est donc construite sur la base de témoignages de témoignages... dont certains recueillis par des entités qui n'ont rien à voir avec la psychologie. Quant à la méthodologie, je laisse le soin à Marie-Christine Gryson de démontrer qu’elle est fiable.

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/014521349090026P

 

Point 2

Pour l'aliénation parentale, Monsieur Berger confond volontairement "aliénation parentale" et "Syndrome d'Aliénation Parentale". Celui qui a été refusé au DSM V, c'est le SAP pour des raisons non développées ici... L'aliénation parentale est déjà inscrite au DSM sous les intitulés suivants :

  • problème relationnel parent-enfant,
  • trouble factice imposé à un autre,
  • abus psychologique sur enfant,
  • enfant affecté par une relation parentale en détresse,
  • symptômes délirants chez un individu partenaire d’un individu avec un trouble délirant.

http://www.acalpa.info/pdf/SAP-DSM5-final.pdf

Nota 1 : Globalement, il faut retenir que seuls des psychologues de pratique psychanalytique contestent l'existence de l'aliénation parentale (notamment ceux qui exercent un lobbying auprès des tribunaux)...

Nota 2 : Pour ce qui est du DSM, tantôt les psychanalystes sont bien contents de le trouver (lorsque cela les arrange) mais ils s'en plaignent lorsqu'on leurs rappelle que le DSM III a retiré dès 1980 toutes les références freudiennes.

 

Point 3

Accessoirement, il faut aussi savoir que Maurice Berger a usurpé le nom du célèbre pédiatre Thomas B. Brazelton pour faire croire à l'existence d'un prétendu calendrier qui aurait été rédigé par lui (ne pas confondre avec l'échelle de Brazelton qui n'a rien à voir). On trouve tous les détails ici :

http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/250714/l-usurpation-du-nom-de-brazelton-par-le-psychanalyste-maurice-berger

 

Point 4

Maurice Berger est l'auteur de plusieurs livres dont les contenus ne relèvent que de l'escroquerie intellectuelle :

http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/141213/faux-et-usage-de-psychanalyse

 

Point 5

Maurice Berger et ses amis sont parvenus à tromper le célèbre magistrat Marc Juston et le Centre d'Analyse Stratégique du 1er ministre :

http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/080614/marc-juston-et-le-centre-d-analyse-strategique-trompes-par-les-ecrits-dune-ex-sage-femme-et-quel

 

Point 6

Avec ses amis psychanalystes, il est aussi co-auteur d'une pétition mensongère qui a eu pour conséquence de perturber les débats démocratiques de l'assemblée nationale en mai 2014. Ces psychanalystes avaient ensuite menti aux médias en prétendant que leur pétition avait été exclusivement signée par des professionnels de l'enfance :

http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/250514/petition-des-5500-charlatans-loi-famille-et-psychanalyse).

 

Point 7

Maurice Berger qui aime se vanter qu'il est habilité à diriger des travaux de recherche milite également en faveur de la réduction de l’âge de la responsabilité pénale... Voici les arguments scientifiques qu'il plaide dans une de ses publications : « Lorsqu'on aborde la question de l'âge de la responsabilité pénale, la solution de facilité consiste à affirmer qu'au-dessous de treize ans, on a à faire à des "enfants", à des "gosses", termes qui traduisent une réelle méconnaissance des problèmes en jeu. Mais cet "enfant" dont les jambes, dit-on, toucheraient à peine le sol lorsqu'il est assis sur une chaise peut pourtant avoir la force, avec l'aide d'autres "enfants", de maintenir une fille au sol, de lui écarter les cuisses, de lui déchirer l'hymen avec son zizi "infantile" bien dur. Il a aussi la cruauté d'être totalement insensible à ses supplications, à ses cris, à ses pleurs. Et récemment, un tribunal pour enfants n'a eu d'autre alternative que de condamner un mineur, âgé de douze ans au moment où il a commis un viol, à "un stage de formation civique". ».

http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/170514/fiabilite-des-expertises-judiciaires-et-psychanalyse-exemple-edifiant-1

 

Point 8

Sur son blog, le docteur Frédéric Jésu (pédopsychiatre, administrateur et vice-président de Défense des Enfants International) publie ceci : « Le pédopsychiatre Maurice Berger, chantre de la thèse de l’“échec de la protection de l’enfance”, en est devenu, au prix d’habiles mais malhonnêtes outrances, la tête de proue médiatisée et l’inspirateur à peine occulte. Leurs démarches convergentes se présentent sous le vernis d’un discours pseudo-scientifique, se parent même des attributs de la défense des droits de l’enfant, mais s’avèrent en réalité idéologiques et démagogiques. Quand elles entreprennent de dénoncer en bloc les principes de base, le coût et l’efficacité du dispositif de protection de l’enfance, elles visent en réalité à remettre en cause son existence même. …/… Maurice Berger biaise et dramatise délibérément les questions qu’il pose – celles du travail et des limites du travail autour des relations parents/enfants, celles de la place des psychiatres dans ce travail. Surtout, il n’y apporte guère de réponses, si ce n’est la mise à l’index du principe même d’une assistance éducative intégrant les parents et la promotion concomitante d’échelles d’évaluation des compétences de ceux-ci qui est à la démarche d’aide ce que le grand inquisiteur épiscopal de la Contre-réforme est au procureur de la République. Quant aux enfants, leur vie quotidienne et leur avenir semblent n’avoir d’autres perspectives que de se laisser passivement conduire et organiser entre l’hôpital de jour (et ses prix de journée) et leurs familles d’accueil (et leurs bonnes volontés). ».

http://old.dei-france.org/Dossiers/FJesu.htm

 

Point 9

Sur son blog, Franck Méjean (avocat à la cours spécialisé dans le divorce et la séparation parentale) relatait certains constats : « Depuis l'entrée en vigueur de la Loi du 4 mars 2002, je me heurte, assez régulièrement, et je vous en ai déjà parlé, à des jurisprudences hostiles qui, se fondant sur des travaux de pédopsychiatres discutables, rejettent la résidence alternée et la vouent aux gémonies …/… La Présidente de la Chambre de la Famille du Tribunal de Grande Instance de PERPIGNAN avait amorcé, il y a quelque temps, une jurisprudence intéressante sur ce point. Elle devait, dans une ordonnance, clairement indiquer que si certains pédopsychiatres, dont le Dr BERGER, étaient fondés à se prononcer contre la résidence alternée, d'autres, tout aussi éminents, la reconnaissaient comme une alternative crédible… ».

 

Point 10

Eric Verdier (psychologue et chercheur à la Ligue française pour la santé mentale) précise [2] : « Plus préoccupant, me paraît être l’influence croissante auprès des juridictions des études effectuées par le Docteur Maurice Berger, qui, par référence à des données dites scientifiques et à la nécessité de protéger le très jeune enfant, entend remettre en cause le principe de coparentalité reconnu par le législateur. ».

 

Point 11

Sylvia Tabet écrit [6]: « Pour Maurice Berger, rien à faire : "Le fait même qu'un père réclame la résidence habituelle d'un enfant petit, en l'absence d'une défaillance éducative importante de la part de la mère (nocivité, inconstance dans les soins, troubles psychiques graves), peut être un signe inquiétant, correspondre à un risque de dépression paternelle, ou à un déni de ce qu'une mère peut apporter à un enfant petit.» Il voit même dans ce comportement "une volonté d'attaquer cruellement l'ex-épouse par le biais de l'enfant" et l'indice d'une "conception éducative aberrante" ».

 

Point 12

Maurice Berger a même été, chose rare, nommément pointé par Marie Derain (Défenseure des Enfants) comme faisant partie des « réticents ou opposants » [7] : « ils considèrent que le maintien des liens n’a aucun intérêt et serait une idéologie (cf M. Berger sur la pathologie du lien) ».

 

Conclusion

Maurice Berger est psychanalyste. En 1980, toutes les références freudiennes ont été retirées du DSM III pour leur absence de scientificité... La psychanalyse a fait l’objet d’un rapport de l’INSERM en 2004 qui démontre qu’elle est sans efficacité sur le plan thérapeutique. La psychanalyse a été désavouée en 2010 par la Haute Autorité de Santé pour sa fausse prétention à pouvoir soigner l’autisme.

Mais rien n’est plus difficile pour un psychanalyste que de se remettre en question et de douter de ses propres croyances.

Marie-Christine Gryson pourrait-elle préciser ce qu'elle entend par pédopsychiatre de renommée internationale ?

 


[1] INED - Quand la séparation des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le père et l’enfant - mai 2013

[2] Travaux préparatoires à l’élaboration du Plan Violence et Santé en application de la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 - Docteur Anne TURSZ - Ministère de la Santé et des Solidarités - Mai 2005 - Vers page 71 entre autres.

[3] Jean Le Camus - La paternité sous les regards croisés de la psychologie du développement et de la psychanalyse – in Chantal Zaouche-Gaudron, La problématique paternelle - ERES « Petite enfance et parentalité » - 2001 - pages 143 à 151

[4] Jacques Van Rillaer - Psychologie de la vie quotidienne - Paris : Odile Jacob, 336 pages - 2003 : Lien

[5] Mikkel Borch-Jacobsen - Outreau, Freud et le Diable – Le Monde – 16 février 2006 : Lien

[6] Sylvia Tabet - L’amour en partage - page 58.

[7] Le Défenseur des Droits - La question du maintien des liens familiaux et du choix de la résidence lors des séparations parentales (voir page 6)

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