Comment se construit une peur collective?

Après l'attentat contre Charlie Hebdo, la prise d'otages de la Porte de Vincennes, le climat de peur s'est renforcé. Voilà comment un tel climat se s'instaure dans un pays.

Le livre de Zemmour, qui a récemment imaginé que soient déportés 5 millions de musulmans, s'est déjà vendu à plus de 300.000 exemplaires; l’un de nos champions en littérature, Michel Houellebecq, imagine un parti musulman au pouvoir, dans une France où les femmes seraient voilées, et en vend plus encore. En décembre, trois faits divers rapprochés, à Nantes, Joué-lès-Tours et Dijon, ont été un temps assimilés à des attaques terroristes islamistes. Les derniers et tragiques évènements, l’attentat contre le siège de Charlie Hebdo et la prise d'otages de la Porte de Vincennes deux jours plus tard, pourraient bien être les gouttes qui font déborder le vase de la peur, sur fond de haine islamophobe. Des faits qui, isolés, auraient sans doute alimenté les haines mais qui, venant s’ajouter à un climat islamophobe exacerbé, sont potentiellement explosifs. Et les nombreux actes anti-musulmans commis depuis ne sont pas des signes encourageants.

[1], que de comprendre comment elle se construit: le concept est très complexe, et peu d’universitaires se sont risqués à le définir… ou bien sur des centaines de pages. 

«Il y a peu de travaux sur les peurs collectives en sciences humaines et sociales. L’objet est tellement compliqué à définir: [il est] à l’articulation entre l’individuel et le collectif, et entre plusieurs disciplines: psychologie, biologie, sociologie, etc.. Vous trouverez beaucoup de travaux sur le risque, mais très peu sur la peur», explique Sylvain Delouvée, maître de conférences en psychologie sociale à l'Université Rennes 2, qui a coordonné l’ouvrage Les peurs collectives, paru en 2013.

La peur comme identité

La peur a à voir avec l’habitude, la répétition du même, le retour d’une figure menaçante, apprend-t-on dans ces travaux. Depuis le 11-Septembre, l’imagination, marquée par la vision de tours jumelles s’effondrant, passées et repassées en boucle tous les ans, a aussi vu et revu les images d’otages exécutés et d’attentats. «La peur est l’habitude que l’on a, dans un groupe humain, de redouter telle ou telle menace (réelle ou imaginaire)» écrivait en 1975, dans son livre La peur en Occident, Jean Delumeau. Le fait que spontanément nombre d’internautes et de commentateurs aient rapproché les évènements de Charlie Hebdo des attentats du 11-Septembre montre que dans le grand palimpseste mémoriel collectif, ces évènements se superposent:

[2], les peurs collectives seraient transmises de manière quasi inconscientes à l’état identitaire, nous enseigne Norbert Elias dans son ouvrage Sur le processus de civilisation, paru en 1939. La peur, selon Elias, est donc le mécanisme qui permet aux structures élémentaires de la société d’être transmises aux fonctions psychologiques individuelles. Les peurs sont ainsi internalisées par chaque individu pour lui permettre d’accéder aux caractéristiques d’une civilisation. 

Pour prendre un exemple –qui n’est pas présent chez Elias mais résume l’idée– pendant des années, être Français signifiait par exemple détester les «Boches», ou prendre son temps pour manger, tout ceci en opposition et par peur de cultures et de populations différentes, en l'occurrence allemande et américaine. 

Depuis les années 1960, l’idée d’une guerre avec nos voisins germaniques s’est peu à peu effacée. La guerre classique a été peu à peu remplacée par une autre forme de menace, plus diffuse, qui, depuis les attentats de 1995 par le Groupe islamique armé et surtout le 11-Septembre, prend la forme du fondamentalisme islamiste. Si bien que le réflexe identitaire s’agrégeant autour de la «peur des Boches» a sans doute été remplacé par la peur des musulmans.

Je suis Charlie

Nous sommes Charlie

Pour le cas de Charlie Hebdo, le mécanisme de création de l’identité par la peur est manifeste. La réponse «je suis Charlie», avec cette affirmation du «je», est affirmation de l’identité personnelle, fait valoir le chercheur Nicolas Roussiau, professeur de psychologie sociale à l’université de Nantes et qui a dirigé l’ouvrage Psychologie sociale de la religion. Et c’est aussi l’identité sociale qui est brandie, lorsque le groupe affirme «Nous sommes tous Charlie».

Ou encore lorsque «Matteo Renzi et John Kerry s’expriment en Français pour dénoncer ce drame», avance le chercheur.

 

La cohésion par la peur

Bien que l’idée soit fort déplaisante, les grandes peurs collectives ont une utilité sociale, celle d’assurer la cohésion et l’identité du groupe. C’est particulièrement vrai dans le cas de la France de l’après-Charlie, où des millions de personnes sont allées manifester ensemble, et où les députés de l’Assemblée nationale (à l'exception de ceux du FB) se sont, pour la première fois depuis des années, levés ensemble pour applaudir le discours d’un Premier ministre. 

«Les terroristes ne seraient, de ce point de vue, que nos modernes porteurs de mort, dont la fonction profonde, inconnue d'eux, serait de faire contre eux l'union "sacrée" du groupe, rôle tenu dans le passé par les déviants de tout acabit», résume dans un texte mis en ligne Pierre Mannoni, psychologue et enseignant chercheur à la retraite qui a récemment écrit Le terrorisme, une arme psychologique et Une juste cause, ouvrage romancé qui explore les mécanismes psychologiques face au terrorisme.

Qu’on soit Français, Américain, Espagnol:

«Nos réactions (face au terrorisme) sont identiques, tristement identiques, fait largement étayé par une abondante littérature scientifique accumulées depuis toutes ces années, en particulier, évidemment, depuis le 11 septembre 2001. Et la raison est presque évidente. Les neurologistes (Ledoux et Gray par exemple) qui se sont penchés sur ces phénomènes montrent que cette uniformité comportementale et psychologique serait liée à ce que la peur est essentiellement traitée par l’amygdale (une partie du système limbique dans le cerveau) de manière directe et simplifiée, empêchant ainsi toute réflexion élaborée», ajoute Thomas Arciszewski.

Il faut que l’autre soit rejeté hors du cadre de référence

Frédéric Chauvaud

Face à ce sentiment d’impuissance, à cette peur collective qui s’empare du corps social, on pourrait imaginer que les gens se claquemurent, que la rue soit désertée, mais ce n’est que très rarement le cas. Après les attentats du 11 Septembre 2001, les New-Yorkais ont très rapidement repris leurs activités. 

Françoise Rudetzki, déléguée au terrorisme au sein de la Fédération nationale des victimes d'attentats et de catastrophes collectives (Fenvac), se souvient tout au plus de magasins un peu moins fréquentés dans les jours qui ont suivi l’attentat de la rue de Rennes, le 17 septembre 1986 devant le magasin Tati par le Hezbollah et qui fit 13 morts. Et «quelques victimes ont déménagé en province parce qu’elles ne pouvaient plus vivre en région parisienne», mais il ne s’agirait pour Françoise Rudetzki que «d’une vingtaine de personnes observées en 30 ans de combat».

Un réflexe plus classique, en revanche, est la désignation de l’autre, de l’étranger –ou désigné comme tel– comme «coupable». En recentrant l’être humain sur ses valeurs ou besoins essentiels, la peur produit le groupe par exclusion, aboutissant dans un jeu de renforcement circulaire à fabriquer de l’étrange et de l’étranger, source de peur.

Nombre de dispositifs expérimentaux l'ont montré, comme celui d’Henri Tajfel. Ce psychologue social britannique a étudié des enfants qui, catégorisés de manière aléatoire en deux groupes, sans qu’aucune caractéristique commune ne les rassemble, vont pourtant développer des mécanismes de rejet du groupe opposé et de préférence du groupe assigné sans aucune raison autre que le fait d’avoir été placés dans le même groupe.

D’autres expériences ont été pratiquées pour tester cette fois la réaction face à des individus coiffés de turbans, et notamment le choix de tirer ou non sur ces individus dans un contexte de décision rapide. La menace, selon Thomas Arciszewski, était alors perçue comme plus grande juste à cause du turban, l’effet était même renforcé lorsque l’existence du terrorisme était «rappelée aux participants».

En France, 128 actes islamophobes ont été recensés entre l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier, et le 20 janvier: presque autant en deux semaines que sur toute l’année 2014, selon l’Observatoire national contre l’islamophobie.

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«Il faut que l’autre soit rejeté hors du cadre de référence. Cloporte, cafard… On s’autorise toutes les horreurs», explique le professeur d'histoire contemporaine Frédéric Chauvaud. 

C’est ainsi qu’en 1893, au mois d'août, à Aigues-Mortes, dans un contexte économique tendu générateur d’angoisse et  alors que la deuxième moitié du XIXè siècle a connu une forte progression de l’immigration étrangère, des centaines de «ritals», comme on les appelle péjorativement, subissent pendant plusieurs jours un véritable calvaire. Ils sont accusés par les villageois de leur «voler leur travail» et sont lynchés, victimes de coups de bâtons, poussés dans l’eau, tués à coups de fusil. Entre une dizaine et 150 d’entre eux mourront, selon différentes estimations.

Les mots de la peur

Présentes à l’état latent dans la société, les peurs collectives se renforcent et éclatent au grand jour en se cristallisant sur des mots. On parle alors de «nexus», un «nœud indémêlable constitué d’affects, d’émotions, et de sens irraisonnés dans un moment donné d’une société donnée», selon Michel-Louis Rouquette, l’inventeur du concept. Le nexus est conçu comme une évidence, un principe que l’on ne discute pas, comme peut l’être le mot «nazi». En ce sens, il est proche du fameux «point Godwin», sauf que le nexus a de multiples propriétés, et notamment mobilisatrices. 

«Le nexus s’épanouit dans les périodes de danger collectif et de guerre. Il a d’importants effets mobilisateurs qui effacent très momentanément les différences groupales ou de classes», écrit Michel-Louis Rouquette.

Selon Sylvain Delouvée, il est fort probable que le mot «Charlie» soit un nexus, parce qu’il est devenu un instrument de mobilisation bien au delà des seuls lecteurs de Charlie Hebdo. 

«Il est encore un peu tôt pour le dire, mais il semble que Charlie soit maintenant synonyme de défense de la presse et de liberté d’expression. Beaucoup de gens sont allés manifester sans avoir certainement jamais lu ce journal. Les cloches de notre Dame ont sonné, ce qui est étonnant quand on connaît cette publication, qui n’a pas toujours été très tendre avec les catholiques. Parce que précisément Charlie Hebdo est devenu un nexus, un mot qui signifie bien plus que ce qu’il désigne», explique le chercheur.

Le mot nazi

La puissance d’action des nexus a été étudiée à partir d’un mot à la puissance symbolique reconnue: le mot «nazi». 

Dans cette expérience menée en 1994 par Michel-Louis Rouquette, un même programme d’idées données était présentée de trois manières différentes à trois groupes différents. On disait aux uns qu’il s’agissait d’un parti politique, sans mentionner lequel, aux suivants qu’il s’agissait du programme d’un parti «national-socialiste» et enfin aux derniers que c’était des propositions du parti nazi. Et devinez quel programme reçut le plus de désapprobation? Le programme nazi, vous aviez déjà deviné, en quantité deux fois plus nombreuse.

 

La rumeur, moteurs des peurs collectives

Si on explore un peu plus avant les causes et mécanismes de fabrication des peurs collectives, on peut dire qu’historiquement au moins, de nombreuses grandes peurs se sont fondées sur des rumeurs. C’est le cas d’une des frayeurs les plus connues, celle qui agita la France de juillet à août 1789. 

Les campagnes françaises craignirent, au lendemain de la prise de la Bastille, une répression et une punition en provenance de l’aristocratie. Se répandit alors l’idée que celle-ci avait employé des hordes de brigands pour couper les blés et anéantir les récoltes. Les paysans s'armèrent alors et s’organisèrent en milices pour se défendre. Mais comme ils ne parvinrent pas à trouver de brigands, fruits de leur imagination et des rumeurs, ils s’en prirent directement aux nobles. 

En août 1572, ce même cocktail mena, à la suite de l’attentat contre l’amiral de Coligny à un véritable massacre, par anticipation –affolée– d’une réaction des protestants à leur massacre.

La rumeur, les explications irrationnelles, sont à la fois en début et en bout de chaîne: elles créent la peur collective et elles y répondent, parce qu’elles fournissent, à défaut d’autre chose, une explication. Et chaque communauté a «son» explication. Les grandes épidémies suscitent souvent leur lot de rumeurs et de théories non-scientifiques, tout comme les avancées technologiques. C’est ainsi que pour tenter de comprendre le sida, dans les années 1980, au début de l’épidémie de VIH, nombre de chrétiens vont avancer l’idée d’une punition divine. C’est un schéma similaire qui s’est produit avec Ebola, ces derniers mois, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest contaminés.

Si l’on tente de rapprocher un peu cet évènement de messages diffusés sur les réseaux sociaux à la suite de l’attentat à Charlie Hebdo, mais aussi après les assassinats perpétrés par Mohamed Merah, en 2012, on retrouve aujourd’hui cette idée d’anticipation et de crainte d’«un nouvel attentat islamiste» ou d’une série d’attentats. 

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Si cette hypothèse repose en partie sur des éléments objectifs –un bon millier de Français sont partis rejoindre les rangs de l’Etat islamique et leur retour représente un risque potentiel, risque mesuré et mesurable par les services secrets nationaux– cette peur s’alimente aussi dans des représentations largement fantasmées, d’une horde d’«envahisseurs» renvoyant aux invasions barbares.

Plus largement, les peurs collectives sont souvent générées par une absence d’explications, une inconnue dans l’équation, qui conduit, pour parer à l’angoisse suscitée par cette inconnue, à trouver des boucs émissaires, à désigner des personnes ou groupes de personnes comme responsables, de préférence, en dehors de «sa» classe sociale, de son village, de sa région, de son pays...

L’inconnue présente en fond dans les attentats survenus à Charlie Hebdo, comme pour le 11-Septembre et pour la plupart des attentats terroristes qui révèlent l’existence d’une nouvelle menace, c’est notamment le nombre de personnes en France susceptibles d’en commettre à nouveau, et la possibilité que les rangs des jihadistes français revenus de Syrie grossissent drastiquement ou pas.

«La peur est souvent une réponse simpliste à une question complexe», résume Frédéric Chauvaud, professeur d'histoire contemporaine à l’Université de Poitiers. C’est ce qui se produisit en 1832, lors de l’arrivée du choléra à Paris. En quelques mois, l’épidémie fait près de 100.000 morts, à vitesse grand V. En l’absence de cause rationnelle, le bruit se mit à courir que les élites voulaient mettre au pas le peuple, en empoisonnant l’eau des fontaines. Des affiches proclament que «Le choléra est une invention de la bourgeoisie et du gouvernement pour affamer le peuple». Des passants, soudain identifiés comme «douteux» parce qu’ils transportaient des fioles ou avaient l’air louche, vont se faire lyncher, seront massacrés et jetés dans la Seine.

Le terrorisme, producteur privilégié de peurs collectives à l’ère médiatique

Visant directement les symboles et cherchant à frapper les mentalités, notions liées à l’identité, le terrorisme est un fabricant privilégié de peurs collectives, une «technologie de l’imaginaire», comme l’a résumé Pierre Mannoni. «Pour le terroriste, il vaut mieux arracher un doigt à quelqu’un plutôt que lui en blesser dix», aime à dire le chercheur en citant L’Art de la guerre de Sun Tzu. Le but n’est plus de détruire un maximum de «positions de l’ennemi», mais de le frapper dans son système moral, dans ses valeurs, dans ses fondations spirituelles, et ainsi d’instiller une peur panique, irrationnelle. 

C’est ainsi que les images des personnes décapitées par l’Etat islamique –qui a pourtant fait bien moins de morts que les divers cancers du poumon ou d’autres facteurs– déclenchent une peur incommensurable avec sa réalité statistique. Et c’est aussi la raison pour laquelle Mohammed Merah ou encore Amedy Coulibaly, l'auteur des meurtres de Montrouge et de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, s’étaient équipés d’une caméra go-pro.

Il y a une bombe médiatique qui suit la bombe elle-même

Pierre Mannoni

Chaines d’info continue et technologies numériques constituent par ailleurs des «accélérateurs de peur», particulièrement présents dans le cas des peurs collectives générées par le terrorisme, compte tenu de leur dimension évènementielle. Pour Pierre Mannoni, il existe une véritable «bombe médiatique qui suit la bombe elle-même»: «En tant que projets, les articles de presse précèdent l’attentat», affirme même avec un peu de provocation le chercheur.

De l’individu à la foule

La conséquence est la réduction des facultés mentales, là aussi démontrée par des expériences de psychologie sociale, et qui réduisent un groupe d’individus à une «foule psychologique», selon l’expression de Gustave Le Bon dans son ouvrage Psychologie des foules. Un être totalement nouveau, «provisoire, formé d'éléments hétérogènes qui pour un instant se sont soudés» et «manifestant des caractères fort différents de ceux que chacune de ces cellules possède». Une foule qui, à la différence des individus, ne pense plus par des mots, mais par des «images» selon Le Bon, qui n’en fait pas une description très flatteuse:

L'individu en foule se rapproche des êtres primitifs

Gustave Le Bon

«Quels que soient les sentiments, bons ou mauvais, manifestés par une foule, ils présentent ce double caractère d'être très simples et très exagérés. Sur ce point, comme sur tant d'autres, l'individu en foule se rapproche des êtres primitifs. Inaccessible aux nuances, il voit les choses en bloc et ne connaît pas les transitions».

La foule est bête, somme toute, et particulièrement peu réactive. «Un grand nombre de recherche scientifiques ont montré que la peur augmentait la pensée stéréotypiques et l’animosité contre l’autre. Globalement, elle nous pousse donc vers des réponses simples et rapides, exactement là où, dans un monde complexe, dans un système complexe, et dans un phénomène complexe, il faut prendre le temps, expertiser, et travailler sur le long terme», explique Thomas Arciszewski, chercheur en psychologie sociale,  qui a réalisé une thèse sur les menaces issues de l’actualité médiatisée dites sociétales.

Moyens disproportionnés

Pour répondre à une «foule psychologique» privée de raison et paralysée par la peur, les gouvernements ont toujours utilisé en réponse des moyens disproportionnés. Comme à la fin du XIXe siècle, un an après le massacre des Italiens à Aigues-Mortes, et à la suite de l’assassinat de Sadi Carnot par un anarchiste italien: une loi particulièrement dure, faisant partie d’un ensemble de mesures appelées «lois scélérates», est votée qui interdit aux anarchistes tout type de propagande. Des milliers de personnes sont arrêtées et des perquisitions sont effectuées en masse.

Deux individus armés dans Paris représentent finalement un risque de mort beaucoup moins grand qu’un week-end de départ en vacances sur les routes. Mais c’est pourtant lors d’une menace terroriste qu’on va déployer le plus de moyens, comme ce qui a été vu au cours de la traque des frères Kouachi: clôture des portes de Paris, suspension des sorties scolaires, déploiement massif de militaires…. 

Aux Etats-Unis, le fameux Patriot Act a été voté quelques semaines après les attentats du 11-Septembre –une loi à la quelle ses détracteurs reprochent d'avoir été mise en place à un moment où la peur emprisonnait les esprits, et qui visait, comme le résumait récemment Francetv.info à lutter contre le terrorisme notamment en facilitant les écoutes, la surveillance, en augmentant la durée de détention sans acte d'accusation d'un étranger suspect d'activités terroristes...

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En France, Manuel Valls a rejeté, au lendemain des attaques du 7 et 9 janvier, l’idée de «mesures d’exception», rassurant quelque peu ceux qui s'inquiétaient d'une escalade sécuritaire. Mais quand des événements déclenchent une peur sociale, le vrai danger, plutôt que l'avènement de nouveaux événements du même type, est peut-être finalement de perdre la mesure. 

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2 — Les théoriciens et chercheurs qui ont essayé de préciser ce concept ont notamment essayé de savoir si la peur collective se créait par addition de peurs individuelles, formant au final une grande peur collective, ou au contraire, si un objet de peur déjà présent de manière diffuse ne créait pas de multiples peurs individuelles, celles-ci venant alimenter à nouveau l’objet de départ, et ainsi de suite. C’est pour cette seconde option que penche le chercheur Louis Moreau de Bellaing, dans un article en ligne intitulé Peurs collectives et phobies individuelles. «Il n’y a pas de peurs individuelles sans peurs collectives et surtout sans objets (abstraits ou concrets) de peur investis par des groupes et des individus. (...) Selon nous, pour qu’il y ait, à proprement parler, des peurs (phobies) individuelles, il faut qu’il y ait des peurs collectives», écrit-il. Retourner à l'article

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